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    Je méditais aussi et apprenais le Vide. Je devenais Sage.. Parfois.. Mais je n'étais pas un sage. N'ayant pas été conçu pour Ca... Un vrai gars d'occident et je ne le savais que trop ne souffre jamais en silence. Au mieux il fait comme moi et se planque. Mais jamais il Ne se Retire. Il se met à l'abri en sachant parfaitement ce qu'il fait et surtout en attendant mieux. Toutefois il lui arrive de mentir sur le sujet sans qu'on puisse le déclarer coupable; De quoi serait-t-il coupable dans ce monde de dingues.. Jusqu'à ces dernières semaines ou miraculeusement je rencontrais à nouveau des gens vivants et en bonne santé, mon ordinateur fut durant d'assez longues périodes mon dernier lien avec le monde civilisé. Ma télé était en panne depuis longtemps et de toute manière elle me rendait fou. Pour je ne sais quelles exactes raisons à tous moments elle me mettait en rogne et j'écumais de rages aussi inutiles qu'incontrôlables. Mis à part Raymond et des connaissances des environs que je saluais, on ne peut pas dire que je baignais dans l'amitié. Quand j'allais en ville je saluais des gens, je finissais par connaître de vue un peu tout le monde, il m'était difficile aussi d'aller plus loin. En passant devant le marchand de journaux j'oubliais jamais de jeter un coup d'oeil sur les gros titres. Je lisais les affiches placardées sur les murs. Les panneaux de bronze accrochés aux coins des rues ou sur les monuments et qui racontaient l'histoire des murs et des gens au fil des siècles. Sans cesse venant nous rappeler que nous ne serions ni les premiers ni les derniers à infester les lieux. Ainsi filaient les jours, les mois, et les années. Heureusement je continuais à voyager sur les réseaux. A présent je lisais couramment quatre langues, avec ma demi folie et Internet comme seuls professeurs. Je sais que cela peut étonner mais c'est rigoureusement exact. Dans ce désert je voyageais et apprenais à la vitesse de l'électricité qui courait dans les fils reliés à mon cerveau. Je lisais des journaux du monde entier, tenez The Australian par exemple, ou le San Francisco Chronicles, aussi bien que El Mundo et le Corriere, et bien je suivais leurs rubriques pareil que les lecteurs du crû qui achetaient le canard tous les matins en se rendant au boulot. Je finissais par connaître les journalistes, leurs lubies, les manières d'écrire et de penser. Dans un registre différent. J'étais devenu un spécialiste des sites touristiques. Comme ça pour rien, pour le plaisir. A tel point que si l'idée me venait d'ouvrir une agence de voyages, je ne serais pas dépaysé. Je n'avais pas quitté le monde, je me tenais planqué pour mieux le voir tourner dans ce vice aussi innocent et vécu à plein temps.. Mes derniers liens sérieux avec le monde du travail passaient aussi par là. Je m'agrippais aux rares connaissances encore fiables qui dataient de ma vie d'avant, de plus en plus abstraite, et de temps en temps ils me refilaient quelques menus travaux sans grand intérêt mais qui me maintenaient dans l'illusion d'une vie active et garnissaient pour quelques temps le frigo. Je recevais le tout par ma boite, et je rendais la pareille par le même circuit. Ni vu, ni connu, bonjour Monsieur, bonsoir Madame, et à la prochaine. Tout ceci pour dire que je m'émerveillais de retrouver mes réflexes presque intacts et pas le moins du monde grippés et hors d'usage comme je craignais. Je remplissais à nouveau le musée personnel que j'avais commencé à constituer avant même d‘être sorti de l'enfance, là où j'épinglais mes semblables sous prétexte qu‘il me fallait toujours un peu de temps pour bien les comprendre... Comme si les affaires reprenaient je me suis dit. Bonne formule d'ailleurs si l'on considère que ma seule et authentique activité ici-bas, l'unique profession pour laquelle je devrais être rémunéré, est d'avoir orné durant un temps la planète en offrant mon attention aux uns et aux autres que le hasard mettait sur mon chemin.. Quand je me suis retrouvé à plat et à court de tout je n'ai pas hésité une seconde, j'ai pris la tangente, la poudre d'escampette, le maquis, le dernier métro. On a pratiquement plus entendu parler de moi. Je ne suis décidément pas le genre de type à faire des histoires...


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  • En peu de temps ma galerie de portraits s'était bien étoffée. J'y pensais en buvant mon café sur le pas de la porte. J'étais frais et dispos., et j'avais prévu de m'occuper de ma voiture dans la matinée. J'en avais un peu marre de faire du stop à chaque fois que je voulais me déplacer. L'activité physique m'avait permis de retrouver un sommeil enfin convenable. Cela ne ressemblait pas encore à un sommeil d'enfants, mais c'était déjà mieux que rien. Néanmoins la hantise des nuits sans sommeil me poursuivait encore. Les nuits complètes des premières années spécialement, celles que j'avais passé à broyer du noir et l'hiver emmitouflé dans une couverture assis sur le fauteuil. Dans ces moments il n'était pas question d'écrire aussi. La vision d'une écriture romantique et réellement solitaire est un mythe. Le bon écrivain carbure à la même chose que tout le monde, il aime être beau et entouré, et se nourrit d'une vie sociale pleine de jus, charnue. C'est pour ça que j'écrivais seulement Des Lignes;.. Et depuis des années. Puis lentement dans la montagne je trouvais mon rythme. Il me restait Internet aussi pour ne pas sombrer dans la psychose. D'abord lent et lamentable dans ce coin de campagne. Avant que tout marche comme par miracle quand un autre fêlé qui connaissait du monde vint s'installer à mi chemin sur la route du col...


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    Ce qui peut paraître une simple formalité pour certains, devenait chez moi un tremblement de terre. Si l'on considère que nul avait franchi le pas de ma porte depuis des années. Même Raymond qui était le seul ami que je recevais, s'était contenté de poireauter sur le palier en attendant que je sorte, pour les quelques rares fois où il était passé me prendre. (C'est le bordel chez moi;. Excuse moi Raymond..) T'en fais pas;. J'aime bien prendre l'air;.. Comment en étais-je arrivé là. Difficile à expliquer entièrement je crois. L'âge, la fatigue, les incertitudes, les déceptions, la déprime.., et puis l'orgueil aussi et surtout. L'Orgueil Infini.. Avec le sentiment que tout serait parti en fumée déjà dans une vie antérieure, Dans l'odieux épuisement Nécessaire à la Vie.. Avec un minimum d'intelligence je m'étais toujours persuadé, chacun sait parfaitement ce qu'il lui reste à faire. Voilà comment on préfère ne plus abattre son jeu, garder les dernières cartes en laissant croire.. Passé Maître dans l'Art du Bluff..


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  • Le maire arriva accompagné d'un acolyte entre deux âges mais encore jeune et qui je trouvais, portait plutôt beau s'il n'avait eu l'air aussi vague. Le regard clair mais qui me donna l'impression de jouer une pièce de théâtre. Un beau gars tout de même. Comme fait exprès, mais à mon avis le hasard n'y était pour rien, presque tous les habitués se pressaient à mon rendez-vous comme s'ils s'étaient sentis concernés de plein droit. Gros Louis se comportait comme je prévoyais, et malheureusement pour moi c'était la vedette du jour. Il trônait au comptoir et s'occupait des présentations. Tiens Mel, je te présente monsieur le maire. Puis il fit le tour de la petite assemblée. Bastien, Chantal, Johnny , Mona, Sam.. Chacun s'avançait d'un pas et serrait la main du maire. Tout ça tombe très bien chers amis, et puisque nous y sommes, laissez moi vous présenter David.. qui est notre nouveau curé en remplacement de ce pauvre monsieur Tellière. Le maire offrit à boire, puis Michael remit la sienne, et Bastien s'empressa de suivre. Pour le maire, c'était tout bénéfice cette affaire. J'allais pour pas cher, lui écrire le petit journal à sa gloire auquel il rêvait depuis un moment, et avec Gros Louis qui s'en irait chanter ses louanges, il pouvait compter sur quelques centaines de voix supplémentaires aux prochaines élections. Dans des lieux tel que le nôtre un facteur avec une grande gueule compte plus qu'un ministre. C'est parce qu'il n'ignore pas pareille vérité que cet homme est maire, et que de mon côté je dois toujours courir derrière ma pitance. Gros Louis dispose jour après jour de tout son temps pour colporter le moindre commérage qui circule dans le canton, d'autant que ça lui plait le bougre. C'est sa vraie vie. Sa raison d'être. Il ne se pose pas de questions. Il se lève le matin et il y va dans sa guerre douce et sans fin. Je l'ai croisé parfois bien accoudé sur un rebord de fenêtre en train de siffloter un verre de blanc avec une petite vieille ravie de profiter d'une si bonne compagnie. On a du mal à imaginer quand on y connaît rien, le pouvoir réel d'un tel homme. Avec un peu d'astuce il peut faire et défaire les plus hautes autorités. C'est tout simplement terrifiant. Heureusement et contrairement à mes craintes ce rendez-vous prit une tournure plaisante. L'attribution du marché journalistique fut rapidement emballé, (J'étais pas venu les mains vides mais avec un book qui en jetait.. Un Max..) et chacun s'appliqua à y trouver son compte. Bastien qui avait sorti la terrible Ferrari du garage pour l'occasion  vint la garer juste devant le café, et se prenait pour un notable, truffant la conversation de noms de commerçants ou de familles censées représenter les grands noms de la finance dans notre vallée et celle d'à côté. Un tel venait de se payer une villa en Floride, ou le vétérinaire qui terminait son déménagement et dont il venait d'équiper tous les locaux justement. Il me sembla percevoir un curieux froncement de sourcils du maire à cette évocation. Je me dis que cette histoire ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd et qu'une idée peut-être lui germait derrière la tête, un arrangement avec Bastien sur de futurs travaux chez lui à prix spécial ou quelque chose s'en approchant. Mais il n'y avait peut-être rien en vue, sauf que mon imagination va chercher la petite bête dans tous les recoins ou elle parvient à s'engouffrer. On m'avait oublié dans la cohue, et à présent je pouvais reprendre en paix mon activité favorite, c'est à dire regarder ce que font les autres et écouter ce qui se dit. Éventuellement aussi quand l'occasion se présente, mater les femelles de passage. Tranquillement. Mais je compris vite que je n'étais pas seul à pratiquer ce sport. Le nouveau venu, David, tout curé qu'il était me parut aussi intéressé et contemplatif de la race humaine que je l'étais moi-même. Il sirotait une bière devenue chaude dans sa main. Au moins il n'avait pas le vice de la boisson. Mais je devinais rapidement cette manière discrète quoique très efficace qu'il avait de laisser glisser son regard sur les hanches incendiaires de certaines créatures. Bien entendu les jambes qui prolongeaient cette partie du corps l'intéressaient tout autant et même au plus haut point. Je me trompe rarement sur pareil sujet quand je me retrouve en concurrence directe avec un de mes semblables. Dans l'action présente c'était Mona, petite conne s'il en était, qui subissait ses faveurs et plutôt même à mon avis se retrouvait à poil. Ce jour là elle nous faisait la joie de porter une petite robe rouge à gros pois bleus, ou avait-elle pu dénicher un truc pareil, qui tombant sur le haut des cuisses, un endroit manifestement rose et chaud, les tapotait gentiment et donnait envie de mordre là-dedans, de prendre tout ça sans complexe dans la main, de tordre et presser, et encore, et encore.. Nom d'un chien dire que je me sentais fini, du moins je croyais, pratiquement mourrant quelques mois plus tôt à peine, et j'en étais presque en public à tendre la main vers la jeune peau tellement mon esprit salivait. Qu'en aurais-je fait d'ailleurs, étais-je encore à la hauteur. Rien n'était moins sûr. J'étais peut-être vieux et ce n'était plus de mon âge. Ce calme étrange qu'il me semblait avoir tant cherché dans les nuages et la montagne, la forêt, le long des torrents, s'éloignait à nouveau. Ma quête définitivement serait vaine. Je ne serais pas le premier homme du silence éternel. Le guerrier à la puissance infinie parce que sans passion. L'apôtre d'une nouvelle et terrifiante humanité. Encore moins un singe mutant parmi les hommes. J'étais juste un trou du cul comme un autre, et tout compte fait cette nouvelle, du moins dans l'immédiat ce jour là, me satisfaisait amplement. Naturellement un bout de regard et un petit pas après l'autre on finit par se rapprocher. Tu es arrivé il y a longtemps. Il me demanda d'une voix à la fois neutre mais aussi ferme et douce. Je répondais d'abord par un ricanement, sans animosité bien entendu. Comment as-tu deviné que je venais de loin. Il me regarda plus franchement au point que cela commença à m'incommoder. Je ne sais pas exactement, néanmoins je sens que tu n'est pas né ici, en vérité je n'y avais pas réfléchi. J'ai du dire ça au hasard. Et toi qu'est-ce qui t'as fait choisir notre vallée perdu. Je fis dans l'espoir de brouiller un peu la situation. Il laissa passer quelques secondes, un tantinet incertain sur le degré de sincérité de la réponse qu'il allait me fournir. Du moins ce fut de cette manière que je ressentis le court intervalle de silence. Je n'ai pas choisi, il y a des paroisses à pourvoir, et toute un système hiérarchique qui s'occupe des affectations, on m'a demandé de venir ici, j'ai été tout à fait heureux de cette proposition. Auparavant j'officiais dans une trop grande ville, du bruit, de la fumée.. Des tentations. Je fis en continuant sa phrase, et sans pouvoir dire ce qui m'avait poussé à me montrer aussi abrupt. Son verre qu'il balançait lentement au bout de son bras, se figea. Je me sentis cruel, inutilement cruel, sans très bien comprendre d'où cela m'était sorti. Il hocha la tête, amicalement. Comme s'il avait les moyens de ne pas s'arrêter sur quelques mots. Puis il reprit. Le seigneur nous éprouve, il sait parfaitement ce qu'il fait, et lui seul peut répondre. Tu verras, on vit très bien dans ce trou. C'en est même étonnant.. Je reprenais rapidement pour me faire pardonner. Ca paraît calme au début, mais c'est très bon pour le repos de l'âme, qu'est ce que tu fais en dehors de tes messes. Il sourit. Les offices ne constituent qu'une toute petite partie de notre travail, en réalité nous sommes très occupé, on ne s'ennuie pas. Je n'en doutais pas une seconde. Au fait tu vis ici-même en ville. Il me demanda. Pas exactement, je loue une maison à quelques kilomètres dans la montagne, sur la route du col. Je pourrai passer te voir un de ces jours, s'il m'arrive de rouler par là-bas. A l'occasion n'hésite pas. Fis-je. Ce sera avec plaisir. Bien décidé à ne pas lui donner de prétexte à débarquer chez-moi. Enfin, les gens n'ont pas l'air malheureux dans cet endroit, si j'en juge par ce que je vois. Fit-il en laissant son regard flotter sur la salle, les hanches de Mona, et tous les autres qui se racontaient des conneries en descendant des canons Plus tard je quittais ma taverne complètement abasourdi...


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  • Le gros Louis me rendit un drôle de service dans cette même période. Bien sûr il me le rendit publiquement et de façon assez bruyante, bien trop à mon goût, parce que c'est ainsi qu'il voyait la vie, et si lui brillait d'un rouge vermillon et orgueilleux, je rosissais dans ma gêne et aurais préféré un peu plus de discrétion. Il avait eu vent, la ville est minuscule, d'une sorte de petit journal municipal que le maire projetait de créer pour distribuer à ses électeurs et aux touristes. Alors il avait pensé à moi, et persuadé l'édile de venir rencontrer le journaliste-qui-était-venu-s'installer-dans -la-région pour voir s'il n'y avait pas moyen de s'arranger. C'est exactement dans ces termes que Gros Louis avait présenté l'affaire tant au maire qu'à moi-même, et aux autres voyous du café. Il m'avait pour ainsi dire convoqué à seize heures tapantes, utilisant pour cela un ton à la fois familier et assez autoritaire. Sans me laisser une seconde pour en placer une et éventuellement poser quelques questions. Étant donné que j'avais été prévenu deux jours à l'avance, je bénéficiais de tout ce laps de temps pour ruminer, et l'épisode réveilla en moi une multitude de sentiments, conflits, et pulsions contradictoires. Autant de petits problèmes que je croyais bien avoir calmés et enterrés dans la fraîcheur de mon bout de montagne dont j'étais si peu descendu dans les dernières années. Le fameux, on a rien sans rien. Je réalisai soudainement que j'étais de retour dans la société, et que cela me plaise ou non, rien n'avait changé, et que si je voulais qu'on me laisse une place à la grande gamelle collective, ( si petite soit la place cela n'a aucune importance), je n'avais qu'à être là à l'heure de passer à table, c'est à dire seize heures pile comme l'avait prévu Gros Louis qui n'hésitait pas de son côté à convoquer le maire dans les mêmes termes. En courant dans la forêt le matin de cette réquisition, je me surpris par moments à écumer de rage. J'enrageais à la seule idée d'être obligé de répondre présent après toutes ces années de paix royale autant qu'indigente. Je fis une halte dans ma course, à la clairière qui voyait émerger une source tombant en cascade sur des galets d'un beau gris et bleu de granit. Être ou ne pas être. Voir le bon plan me passer sous le nez ou accepter qu'on me casse les couilles une heure ou deux. Voilà la question. Une couleuvre de plus à avaler, et puis tintin aussi de ma belle et stérile solitude, les heures lentes du silence, des étoiles muettes seules dignes de se placer au dessus de ma petite personne. Je m'aspergeai le crâne d'eau froide et je sentis heureusement la machine qui refroidissait, une sorte de bien être qui me coulait le long des membres apaisés. La confusion semblait battre en retraite. Toute cette histoire n'était pas si grave, je me répétais mille fois, et puis j'avais réellement besoin de ce fric. L'Andalousie était déjà loin, et j'avais quasiment plus un sou. Heureusement pour moi j'avais déniché quelques copains et si seulement Gros Louis avait pu se montrer un peu plus discret, mais après tout il n'y avait pas mort d'homme. Je m'assis sur une souche, le visage encore tout trempé, avec de l'eau qui me coulait sur le front et les tempes en s'accrochant sur quelques millimètres de barbe. Je fixais le ciel avec cette façon particulière qui m'est venu sur le tard quand je pris conscience du monde réel dans lequel je vivais. L'instant précis ou je crus sentir que rien, et surtout pas la vie, ne méritait d'être cette chose anodine et pasteurisée apportée par le souffle empoisonnée déversé par la télé, les hommes politiques, les braillards en tout genre, les millions de fantômes qui se pressent pareils à des sardines sur les trottoirs des villes et les stades, dans les grands magasins, les plages qui puent l'huile de ricin quand c'est pas la merde, les maisons en carton pâte, le pied de grue devant les ascenseurs en panne, les salles d'attentes climatisées et sonorisées, les files de bagnoles qui crament les unes contre les autres et qui ne rêvent que d'une chose c'est de se défoncer par le pot d'échappement avec les fous du volant à l'intérieur qui eux brûlent de finir en bouillie au milieu d'un massacre d'enfants juste à la sortie d'une école de village bordée par des prés sur lesquels de belles et lourdes vaches broutent leur ration de protéine bourrée de chlorophylle empoisonnée par ces mêmes bagnoles qu‘elles regardent passer pour s‘amuser. Maintenant, alors qu'un instant plus tôt, tout encore était limpide, j'éprouvais l'envie de pleurer et de courir vers je ne sais quel coin de la Terre pour m'y cacher à nouveau. Plus simplement. Je finis par me relever et calmement repris le chemin de la maison, sans me presser. J'avais vraiment besoin de ce fric, et en réfléchissant bien c'était pas la mer à boire cette histoire...


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