• Il hocha la tête en rallumant son cigare alors qu'en ce qui me concernait j'avais renoncé au mien. Je ne saisis pas tout. Il enchaîna. Mais tu dois être conscient aussi que cela en dit long sur toi de ne pouvoir converser sur ce sujet. Disons pour faire simple. Que quand deux hommes comme nous passent une soirée ensemble et que « Tous Deux » savent l'importance du sujet, ce qu'il vaut réellement pour l'autre,.. Refuser la discussion éclaire autant que de l'avoir accepté. Tu crois pas. Mais bien sûr. Je répliquai nonchalamment. Je ne me fais aucune illusion là dessus. Mais Jésus ne savait-il pour Judas. Dis moi. Voilà une situation que tu dois comprendre. Bien sûr qu'il savait. Ne l' a-t-il même laissé entendre publiquement. Il l'a fait n'est-ce pas.. Néanmoins ce qui n'a pas été dit ou n'existe encore en tant que phénomène physique ne peut être jugé comme une vérité absolue. Je me sens mieux dans ce flou. Tu es intelligent et tu ne peux l'ignorer.;. Mmh.. Se tapant les cuisses bruyamment. Que dirais-tu d'un petit whisky. Pourquoi pas. Mais juste un fond alors. Il va bien falloir que j'y aille. Nous parlâmes des évènements locaux par la suite en sirotant un verre. Les fêtes. Les touristes étrangers qui rappliquaient et nous inondaient mais étaient-ils si nombreux qu'on semblait le penser nous nous demandions. Nous sommes prisonniers de nos peurs et de nos désirs simultanément. Fit David. Cette histoire des anglais qui colonisent nos campagnes je l'entend depuis un moment déjà un peu partout. De là où je viens c'est aussi le grand sujet de conversation. L'image me fit frémir me ramenant dans ma torpeur à la vision de la jeune au petit cul soyeux et aux seins d'enfer. Son regard. Mon Dieu. Le regard de Juliette. Que je n'avais pas rêvé. Je fermais les yeux pour mieux savourer et David évoqua à cet instant la sortie qui était prévue avec toute la bande du Bar et dont visiblement on lui avait parlé. Pour être honnête je viendrais bien. Mais je suis toujours un peu méfiant. Il ne faudrait pas que ça se mette à jaser. Je l'écoutais les yeux fermés et pour la première fois il me vint l'envie de lui demander à quoi pouvait bien rimer cette vie qu'il s'était choisi tout seul. Mais est-ce que c'est pas un peu trop pesant ton sacerdoce. C'est pas évident tout de même de pas pouvoir envisager une sortie avec des amis. Furtivement je tournais la tête pour le voir se pincer les lèvres. Bien sûr que c'est pesant. Il fit. Mais je n'ai pas de réponse toute prête à t'offrir. Il soupira, et pouvait-il faire moins je pensais. J'ai une vie à côté de laquelle je ne pouvais pas passer. Je vais utiliser une formule qui va te convenir.. C'était Écrit.. Elle te va c'est pas vrai?..J'évite de trop y réfléchir en vieillissant. J'essaie de bien faire mon travail. Parce que c'est aussi ça. Une vraie tâche dont certains attendent beaucoup. Quand je satisfais mes paroissiens je peux me regarder sans crainte dans un miroir. C'est déjà pas mal.. Ouais. Je ponctuais. Sauf quand il s'agit de gonzesses. Belles et jeunes. De chair et de sang comme on dit. Il ricana d'une manière que j'interprétais comme s'adressant à lui même. Après plusieurs minutes sans discussion que j'appréciai particulièrement une réflexion sauta de ma bouche un peu par mégarde. Tu éprouves les mêmes difficultés sur ce sujet que moi avec les bouquins qui me donnent l'impression de déballer mon intimité. Tu vois que c'est pas simple quand on touche au mystère de nos vies. Tu as raison. M'accorda-t-il gentiment. Sauf qu'en ce qui me concerne je dois m'arranger avec des tabous si puissants que j'ai été amené à jurer de les respecter. Je ne suis pas seul en cause. D'où la difficulté. Personnellement, en mon for intérieur, je ne rencontre pas ce genre de problème. Moi c'est pareil. Je fis. Sans tabou d'aucune sorte je pourrais sortir ma queue et me branler ici même si j‘en ai envie. Non. Je repris tout seul du fait qu'il s'était tu. C'est une mauvaise comparaison. Je deviens simplement vulgaire. Pardonne moi.- Je ne te trouve pas vulgaire. Plutôt amer.;. Ca fait trop longtemps que je suis planqué dans ma cabane. Je ne sais plus vraiment me conduire en société. D'ailleurs je ne vais pas tarder à la rejoindre ma tanière. Il est temps... Il éclata de rire. Alors tu me fais l'honneur d'un fond de verre; juste pour la forme. D'accord.. on y va pour le fond de verre. Mais avec un peu de glace ou quelque chose de frais si jamais tu as ça au frigo. Ca devrait pouvoir se trouver. Il dit en se levant...


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  • Il retrouva sa place en gardant ses mains à plat sur les genoux. Moi je lis beaucoup. Il recommença de lui même. Mes lectures si tu préfères, vont de ce que tu vois ici;. À d'autres qui n'y ont pas forcément leur place. Et toi. Quels sont tes auteurs préférés. Je soupirais. Contraint de m'avancer. Je vais te décevoir. Je lui dis. Mais pour des raisons qui m'échappent à moi même. Je ne parviens pas à répondre à cette question. J'ai une Sainte Horreur.. À parler littérature;. Une sorte de blocage, ça a toujours été comme ça.. Puis je me tus en priant pour que nous en restions là. Il insista malheureusement et je m‘y attendais un peu. Je voulais juste t'entendre parler de tes bouquins préférés. Sans forcément entrer dans les détails. Mes mâchoires se crispaient déjà. Ce qui n'était pas une réponse et il fallait que je dise quelques chose.- Une dizaine de bouquins m'a permis de survivre dans la vie et surtout dans les plus mauvais moments. Mes Livres Sacrés comme je les appelle. Une quinzaine tout au plus. Oui. Mais les lâcher à l'air libre cependant Comme Tu me Demande.. me viderait de toute ma substance. Me rend transparent.. C'est peut-être pas rationnel comme idée. J'en conviens; Mais c'est une vieille maladie et je dois faire avec. C'est comme ça. Je suis désolé. J'ajoutais. Il s'ensuivit un court silence que je ne voulus pas interpréter. Disons que je ne vais pas te persécuter avec ce sujet. Il reprit en mettant fin au silence. Je te remercie. Je fis aussitôt. Cela me met à cran inutilement. Il gloussa. D'accord. Mais dis moi ce qui t'embête autant. Parce que ça.. réellement ça m'intéresse. En tant que phénomène si tu préfères;. Il se montrait pugnace et commençait à m'épater je dois reconnaître. Je réfléchis à la meilleure façon de lui présenter cette facette de ma personnalité. Je voulais surtout qu'il comprenne à quel point il ne pouvait se sentir concerné par ce blocage. Déçu et après tout pourquoi pas. Néanmoins j'estimais que ce droit était légitime. Il m'obligeait certes à affronter un conflit et à me montrer désagréable. Tous ces tristes éléments qui ont rendu si difficile mon existence. Alors que j'étais honnête et n'y pouvais pas grand chose. Disons que j'ai la sensation pas très agréable de me mettre à poil en parlant bouquins. Je repris. C'est comme si je m'arrachais l'âme de cette vieille carcasse, ou la séparait au moins de la chair et la posait sur la table devant toi. Toute Saignante Encore.; et Bien Dégueulasse.. Tu reconnaîtras que c'est tout de même un drôle de sacrifice...


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  • Je m'apprêtais à tourner les talons quand j'avisais Le Bardo Thodol.. Le livre des Morts tibétain... Un texte que je connais et qui Par principe n'aura jamais fini de me retenir. Donc mécaniquement je pose mes doigts et le sors du rayon. Je l'ouvre et commence à lire des paroles et des bouts de phrase. Ce que je n'aurais pas du faire bien évidemment...la Claire Lumière primordiale, oui est la Vérité en soi, va briller devant toi. En ce moment, ton état d'esprit... En vertu de la nature de cette lumière, tu obtiendras le sublime accomplissement... Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo...Parce qu'immédiatement je m'oublie. J'entend à peine le téléphone qui chante dans mon dos sinon j'aurai reconnu Get Back même si je ne me souviens pas d‘avoir écouté ça depuis des années. Mais le temps que je réagisse David rapplique en courant. Il s'empare du portable et avant de s'éloigner vers la cuisine m'observe et j'en suis certain tente de deviner ce que j'ai entre les mains. Je me dis que je suis fais cette fois et que je ne vais pouvoir y couper. On va se mettre à parler bouquins et je me demande comment je vais réagir. Je suis bien obligé de me le demander. Me connaissant et sachant comme cela me rend irritable. Il reste un bon moment collé au téléphone et cela me laisse tout le loisir de tirer sur mon cigare mais qui finit par me dégoutter parce que c'est vraiment pas un de mes vices. Je le pose et croise mes mains parce que j'ai envie de réfléchir. J'aperçois une Bible si discrètement posée derrière un bibelot que cela ne peut être le simple fait du hasard. Cette Bible se serait trouvée sur la table basse bien en évidence s'il n'avait été prévu que je vienne ce soir. Je réfléchis si profondément les mains croisés que je ne peux me rendre compte comme je ne suis pas loin de prier. Je n'ai même pas le temps de me redresser quand David revient avec un plateau contenant nos cafés. Il me laisse reprendre mes esprits et se contente de me demander si Ca Va.. quand je me décide à lui sourire. Excuse moi d'être resté aussi longtemps au téléphone. Il me fait en montrant un peu de dépit. Mais on m'appelle souvent à toute heure. Comment dire. Les grands et petits évènements de la vie;. Les bons.. Les mauvais;. Ne connaissent pas ce qu'on appelle les heures d'ouverture. Et qui t'appelle comme ça. Je lui demande en sucrant mon café. Des paroissiens. Des gens d'ici. Parfois ils vont mal.. De différentes manières. Puis il y a toujours ceux que l'ont suit de plus ou moins près. Des malades.. Des dépressifs.. Dans ma fonction il faut être disponible. Autrement on ne sert à rien.. Il me dit et je notais qu'il évitait l'emploi de certains mots. Prêtre.. Église.. Chrétiens.. J'avais l'impression d'entendre parler un toubib. T'as trouvé ton bonheur dans ma bibliothèque. Il me demanda. J'ai pas vraiment cherché. Je fis. Tu lis quoi généralement. Insista-t-il encore. Pas grand chose en réalité. Toujours les mêmes.. Je me répète.. Il me regarde les yeux trop grands ouverts.. C'est pas possible.. Il fait.. Il se met alors à tourner très lentement son café qui va refroidir s'il continue ainsi. Tu vas finir par te lasser;. Il reprend en donnant l'air de ne réellement pas y croire. Je ne pense pas. Je lui fais, et je suis bien obligé d'argumenter à présent. Je peux t‘affirmer par exemple.. Que je n‘achète jamais un bouquin. Ca fait dix ou quinze ans que je traîne les mêmes. Tu vois un peu aussi comme je suis précis sur les dates. Et ma bibliothèque tient dans une caisse en carton.. Petite... Il releva la tête un peu trop brusquement. Je ne te crois pas... Je ricanais. Ce n‘est pas très charitable de me dire ça. Ce n‘est que la vérité et tu devrais me croire. Il est très bon ton café. Merci. Tu aimes la musique. Il voulut savoir aussitôt et sans plus relever ma remarque sur le café qui n‘était pas tombé là sans raison. J'aurais largement préfére qu'on se mette à parler café;(J'en connais un rayon sur le sujet..).. Oui plutôt. J'en écouterais volontiers d‘ailleurs. Ca m'irait très bien à cette heure ci. Je lâchais au sujet de la musique et en m'affalant lourdement dans le fauteuil les yeux tournés vers les frises de plâtre du plafond. Il se leva et s'appliqua à parcourir des yeux une colonne de CD posée au sol le long du mur. J'eus l'intuition qu'il cherchait une idée susceptible de me faire plaisir. De me toucher.. Qu'est-ce que tu penses de Brahms. Ca te dit. Ah excuse moi, si tu aimes ce genre de musique bien sûr. J'aurais pu commencer par là. J'aime beaucoup Brahms. Je me dépêchais d'affirmer en admirant toujours le plafond. Le Concerto pour Violon alors. Cela me convient parfaitement. Je renchéris...

     

     

     


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  • Je t'invite au salon si tu permets. On y sera mieux qu'ici pour le café... Nous terminions le repas qui je devais bien l'admettre fut excellent. Je te décerne le titre de seigneur des pâtes. Je lui dis avant de me lever de table. Ton compliment me va droit au cœur. Non mais laisse. Surtout. Je m'occuperais de ça plus tard. Laisse Moi Profiter de ta Présence.. La vaisselle a tout le temps devant elle, je t'assure. Une seconde je fus paralysé en l'écoutant. Sa sollicitude me dérangeait pour une raison toute simple. Je ne comprenais pas clairement ce qui me valait un tel intérêt de sa part qui débuta quasi immédiatement dès notre première rencontre. Pour ce qui était du salon en question, il ressemblait à celui que j'aurai pu avoir si ma vie s'était montré un peu plus régulière et à condition aussi que je parvienne à garder un minimum les pieds sur terre. Plus tard en y repensant je me souvins de ne pas avoir rencontré la moindre croix dans cette demeure. Hormis celle qui accueillait les visiteurs dans le hall de l'escalier et qu'il n'avait certainement pas accroché lui même; Ni même sur sa poitrine je ne pus apercevoir le bijou plutôt discret et de bon goût de bois noir incrusté d'argent qui y pendait habituellement. Pourtant ce gars était mystérieusement croyant comme je le découvrirais longuement par la suite. Est-ce que je peux me permettre de t'offrir un cigare. Il fit. Avec plaisir. Je ne fume plus vraiment mais un bon petit cigare.. C'est pas interdit..J'avisais à cet instant la bibliothèque bien fournie et je brûlais d'aller y faire un tour. Je suis certain que cela lui aurait fait plaisir. J'irais jusqu'à prétendre qu'il attendait l'instant où je me lèverais pour aller fourrer mon nez sur les belles tranches avec les noms des auteurs qui se dépêchent de réciter le code génétique d'une âme quelle qu'elle soit et sans l'ombre d'une erreur. Parce que n'importe quelle bibliothèque en dit plus long qu'on ne voudrait. Précis et direct comme un décorticage de l'ADN... Puis forcément on se serait mis à parler bouquins. Écrivains. Pire encore;. Et toi qu'est-ce que t'écris;. Bref il m'aurait fallu prendre un Valium et même toute une boite pour supporter une telle conversation et justement je n'ai jamais eu besoin de me farcir quoi que ce soit d'aussi nocif puisque on ne touche jamais le fond si on se montre assez sage ou vaillant jusqu'à s'enfoncer la tête dans un trou à rats quand il faut. Loin des marques d'humanité abrasives de sa propre race. Je le surpris à étudier mon regard alors que je tentais de faire bonne figure avec mon cigare à la main que je venais juste de cueillir dans sa boite. On avait pas parlé d'un petit café. Je fis soudain en pointant le doigt au plafond. Mais où ai je la tête. Il s'exclama. Puis il partit en cuisine me laissant aux prises avec le gros cigare. D'un bond je me levais et fonçais vers la bibliothèque. C'était plus fort que moi et pourtant j'aurais voulu rester serein et détaché. J'y trouvais de tout à commencer par de beaux bouquins savants sur les grands philosophes de l'église. De Saint Augustin à autre chose je voyais là de quoi nourrir un esprit fort et curieux sauf que personnellement il m'aurait fallu naître et mourir dans une faille temporelle différente de celle que je connais pour éprouver seulement l'envie de sortir un bouquin de sa case. Je ne suis pas très cultivé en vérité et j'en ai parfois souffert dans ma vie d'avant. Mais j'étais en guerre alors. Avec tous les miens et ce n'était pas tant ma misérable intelligence qui me blessait que le manque de munitions dont souffrait mon ego. Sans cesse mis en demeure de fournir des preuves de ce qu‘il était capable de faire. Aujourd'hui j'ai posé mon sac en haut de la montagne et si je contemple ce qui se passe en bas, je me dis que suis verni dans ce dénuement. Depuis que je ne m'encombre que de ce qui compte Pour Moi... En un rien de temps je survolais les étagères et je n'étais pas loin de boucler mon inspection. Des Zola.. Des Balzac.. Faulkner.. Dostoïevski.. Victor Hugo.. Des modernes que je ne connaissais que de nom le plus souvent;. Puis soudain en haut à droite là ou je prévoyais d'en finir avec ce balayage optique qui aura à peine duré la poignée de secondes dont je me suis vanté tout à l'heure, j'aperçois un.. Deux.. Trois;.? Miller(Henri..).. Serrés les uns contre les autres. Cette aspérité de son âme que j'étais à peu près sûr de rencontrer et je suis satisfait de ne pas m'être trompé. Je m'attarde à peine sur les titres que je lis en penchant fortement la tête. Les deux Tropiques et le Colosse de Maroussi. Qu'espérais-je.. Une autre crucifixion.. Nexus.. Sexus... Si jamais il les possède;. Et je Sais qu'il les possède, sauf qu'il ne les affiche pas ici ouvertement. David est un homme qui sait vivre.. Il n'a envie de provoquer personne dans ce lieu pas plus qu'ailleurs. A-t-il du temps à perdre seulement. Il est le Contraire de Moi...


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  • Je pénétrais dans un appartement simple mais de grande classe. Avec quelques beaux meubles anciens et des cadres aux murs qui n'étaient pas vraiment des bondieuseries. Des paysages, des portraits, des estampes. Le couloir menait à une salle à manger de chêne massif que je m'arrêtais à contempler. L'odeur de la peinture fraîche des murs était bien réelle. Le sol de tout l'appartement était recouvert de larges dalles de pierres qui certainement étaient d'époque. Avec juste quelques tapis par ci par là. David qui me suivait me mit une tape sur l'épaule. Ca fait partie des obligations. Il me fit avec un geste vague me désignant les meubles cirés à la patine d'antiquaire de la salle à manger. Mais tous les deux on se contentera de la cuisine. C'est.. Nettement plus sympa; Tu verras toi même. Je me laissais guider au travers de la longue salle à manger et ma main glissa au passage sur la table ciré. L'odeur de peinture s'estompa aussitôt que nous rentrâmes dans la cuisine. Une grande et large cuisine qui gardait tout le charme de l'ancien. Mais cela me fit plutôt penser à ce que l'on retrouve dans les revues de décoration. C'est beau chez toi. Je fis en observant ostensiblement le décor. Oui. Il répondit en se massant la nuque. C'est un des avantages de la fonction, dans les petites villes encore traditionnelles comme la nôtre. Bon. Je vais peut-être pas te faire un cours sur la question. Mais comment te dire;. Il y a mille ans d'histoire qui expliquent encore ce que tu pourras trouver ici. Je ne savais s'il parlait sérieusement ou s'il voulait simplement me faire plaisir avec une formule au goût d'éternité. Mais si j'avais à choisir je pencherais pour la seconde hypothèse. Qu'est-ce que tu bois. Il me demande sitôt ma veste posée sur le dos de la chaise devant une table « d'office » sur laquelle le couvert pour deux est déjà mis. Si ça te fait rien. Je fais. Je ne boirais que du vin. J'aime pas trop mélanger en général. Il approuva de la tête. J'ai tendance à être pareil. Rétorqua-t-il. Je déballais ma bouteille sur la table et il ricana à la vue de l'étiquette. C'est du bon. Il fit. Mais ça va t'obliger à revenir pour le déguster une autre fois. Parce que j'avais déjà prévu pour ce soir. Si tu ne m'en veux pas bien entendu. Je ne répondis pas à ce qui pouvait ressembler à une nouvelle invitation. Il y allait un peu fort. Je restais sur mes gardes quoique je me donnais du mal pour que cela ne se voit pas. Je lui proposais un coup de main mais il m'affirma que tout était déjà prêt et qu'il suffisait de servir. Je fais toujours comme ça. Ca m'agace un peu de cuisiner quand j'ai l'occasion de passer un moment avec un ami. Il affirma en apportant le vin entouré d'un chiffon humide. Tu aimes le bourgogne. Il me demanda. Je ne suis pas connaisseur pour être honnête. Je répondis. N'empêche que si c'est bon, je sais apprécier. J'ai aucun doute.. Ah.. Il Fit. C'est déjà une parole de connaisseur, très sage, si tu veux bien me croire. Je goûtais avec application mon premier verre. Que j'amenais à la lumière pour apprécier la couleur magnifique après avoir été surpris pas le goût exquis du pinard. Extraordinaire. Je fis. Tout simplement divin. Il s‘efforça de retenir un sarcasme. Tu as raison. C'est une très bonne raison de devenir croyant. Je ne veux surtout pas te contredire. Il me fallut une petite seconde pour saisir l'allusion. Mais à mon tour j'éclatais de rire, sans retenue. Écoute. Je fis quand je me calmais. Je vais te confier un secret. Chaque fois que je me suis retrouvé bourré dans la vie. Et ça m'est tout de même arrivé quelques fois. Surtout avant. Je fis en m'assombrissant. Eh bien. Je me souviens d'avoir imploré Dieu lui même de venir à mon secours et me sortir de ce cauchemar. Parce que l'alcool me réussit plutôt bien, c'est curieux à expliquer, et je dirais que la boisson m'ouvre l'esprit, me rend plus intelligent et créatif, mais jusqu'à un certain point seulement. Je suis très gai, très bien. Impeccable. Clair et intelligent... Oui.. Je peux le dire.. Et puis il y a ce damné verre de trop, à peu près toujours le même, que je ne parviendrai jamais à contrôler et qui me catapulte direct en enfer. Et c'est là que je me mets à appeler Dieu le père, quand ma tête tourne comme une toupie et que je crois devenir fou. Mais c'est bien les seules fois de ma vie, avec ces bitures donc, où je lui ai demandé quoi que ce soit de personnel parce que pour être franc c'est pas trop mon truc. J'imagine que tu t'en est déjà rendu compte. Il me fixa. Je ne voudrais pas te paraître présomptueux. Il me fit avec une certaine gravité. Mais j'aimerai savoir. A condition que tu veuilles bien me répondre. Ne te sens surtout pas obligé, et j‘insiste là dessus. Vas y toujours. Je me risquais à proposer. Est-ce que par hasard tu ne lui aurais pas promis... A Dieu le Père donc.. Fit-il en détachant clairement cette partie de la phrase. De ne plus jamais boire, de t'abstenir définitivement, de te montrer sobre comme un chameau, s'il voulait bien te faire grâce pour cette petite cuite. Dis moi tout mon ami. J'hésitais un instant avant de répondre. Ne sachant trop où cela pouvait me mener mais je le voyais venir... Il me semble bien que j'ai du promettre quelque chose dans le genre à ce moment là. Je me risquais en fin de compte. Assez timidement face au sérieux poignant de son regard. Ca sentait le piège à plein nez son histoire. Il tendit sa main jusqu'à mon épaule. Alors te biles pas mon ami. Je lui ai promis la même chose bien plus d'une fois;. Et je ne saurais même pas te dire le chiffre exact.. Cochon que je suis. Je connais aussi un tas d'autres types qui ont fait pareil, des gars très bien tu sais;, tu peux me croire.. et qui font semblant comme nous de plus s'en rappeler. Ca ne se Lit Pas sur Leurs Fronts... Pour te dire que nous sommes loin d'être seuls dans cette funeste barque. Qu'il nous pardonne.(Roulant ses yeux et les bras ouverts en direction du plafond..) Allez à la tienne. Il fit en levant son verre. Mais nous eûmes le plus grand mal à boire proprement maintenant que nous avions décidé de blaguer sur Dieu le Père en personne. Trop occupés à nous marrer sur les fondements de notre grande civilisation. Alors Te Biles Pas mon Ami.. Je me répétais en boucle dans ma tête en me disant que ça aurait pu être pire s'il s'était avisé de m'appeler Mon Fils..


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