• La vue n'était pas si exceptionnelle d'en haut comme j‘avais tendance à croire, du fait d'un plateau irrégulier qui ne laissait pas réellement percevoir la plaine de l'autre côté après la frontière. Je le savais et j'éprouvais une certaine déception ce jour là pourtant. Quand d'autres fois je m'étais plu à l'imaginer et cela avait suffit à mon bonheur. Devais-je plaindre ou blâmer mon esprit. Comme s'il y avait quelque chose à regretter dès que s‘en mêle un minimum de lucidité. Néanmoins la fraîcheur particulière et des traces de neige sur les sommets revigoraient l'esprit et le cœur. Puis je vis le ciel se couvrir et préférais ne pas m'attarder. Je pris un chemin différent pour le retour, le plus classique qui longeait la route, et profitais du peu d'effort à fournir pour me laisser aller à quelques rêveries. Juliette justement. Je n'avais pas rêvé son regard. Elle me fusillait littéralement, comme si j'avais des comptes à lui rendre. Avait-elle deviné que je bandais comme un fou quelques minutes plus tôt en la matant de dos et sa mini jupe qui avait de quoi rendre dingue. Sait-elle seulement ce que me coûte la vue d'une mini-jupe?.. Et si jamais je me mettais à faire le compte sur toute une vie.. Ce sont Elles.. qui devraient passer à la caisse et Moi.. On m'accorderait facilement mille ans de crédit pour me dédommager.. Aussi j'en avais rien à foutre d'avoir l'âge de son père. Je l'aurais tiré en remerciant l'autre vieux con qui l'avait conçue si par miracle l'occasion se présentait. Seulement le mot Miracle n'est pas trop fort dans un cas aussi désespéré. Ce que je pouvais m'avouer en paix dans mon crâne aussi sûr qu'un coffre fort. Personne n'en saurait jamais rien, alors je pouvais le crier haut et fort. Oui je me la serais bien tiré.. Mais pouvait-il y avoir un seul mâle qui n'y ait pensé. Et pouvait-elle m'en vouloir pour ce qui se passait dans ma tête A ce compte c'est toute la population qu‘il faudrait accuser. Nous Sommes Tous Pareils.. Je n'allais tout de même pas commencer à me raconter à moi même des conneries. Me mettre à nier ce que je me sentais prêt à lui faire subir si jamais elle venait m'en redemander. Reconnaître que dans toute ma vie je n'ai jamais tenu dans mes mains pareille jeune biche. Ou du moins je ne me souviens pas. Mais une première et dernière fois alors et avant que le seul fait d'y penser devienne un truc indéniablement obscène. Est-ce trop demander où suis-je pour une raison inconnue puni à vie?.. Pourrir et quitter les monde des vivants sur une tristesse pareille ressemble trop à une sorte d'enfer avant l'heure et c'est exactement celui que personne ne mérite selon les convictions que je me suis forgé et qui sont largement aussi valables que toutes autres. Enfin jeune, je me dis ensuite dans le fil de mon histoire. Pas tant que ça. Elle avait tout de même un âge de raison où à défaut de se jeter dans les bras d'un type de la génération de son père, elle ne pouvait se prévaloir d'une prime à l'offensée. Disons les choses franchement. Des types déjà un peu âgés ou mûrs, appelons ça comme on voudra, avec les poches pleines s'en offrent ouvertement des jeunes encore toutes fraîches et sans que ça prête au scandale. Non, ce qui est scandaleux c'est le fait qu'une jeune fille balance un vrai coup d'œil à un type comme moi gratuitement, en plein milieu de la concurrence. Un Vieux Con fauché comme les blés. Cette dernière pensée me contraria par son réalisme et je me dépêchais d‘oublier, puis me tournais vers d'autres et belles plantes bien grasses celles-là qui poussaient dans le fossé et qu‘il me fallut enjamber. D'une certaine façon, je le savais je choisissais la vie, au détriment de la beauté d'une belle âme rongée et mourante. Du moins, pour ce jour là. Rien ne m'interdisait aussi de changer d'avis avant le lendemain matin. Le ciel tonna et je fonçais me mettre à l'abri sous les arbres. Je restais ainsi une bonne demi-heure, et j'eus le temps de penser à Maggy. En revoyant ses cuisses pleines je me mis à bander, (décidément je retrouvais la santé si je m‘en tiens à cette seule caractéristique..) et j'avais la gorge humide, des contractions entre les jambes. Je n'aurais même pas voulu qu'elle soit là à portée de main sous les arbres et le sous-bois humide. Non je bandais trop fort et ma queue me parut deux fois plus grosse que d'habitude quand je me la pris à pleine main, sans que ça tourne à l'illusion. Cette sensation qui durait longuement était incroyablement satisfaisante, et avec mon expérience on sait très bien à quel point une idée pareille est irremplaçable. A éviter même si possible de confronter à la triste réalité. La déception semble garantie si je m‘en tiens à ce que veut bien se rappeler ma mémoire. D'ailleurs tous ceux qui s'y sont essayés en sont revenus terriblement amers, enfin, quand ils veulent bien se montrer honnêtes. Je préférais bander et attendre que ça passe, que la pluie lente mais toute en lourdes gouttes veuille bien se calmer. Mais j'étais déjà tout trempé et je commençais à me dire que je pouvais aussi bien attraper la crève. Soudain à cinquante mètres sur la route je vis une camionnette qui roulait doucement et d'un coup je me mis à courir en faisant de grands signes, et ainsi je rentrais chez moi. Sans mon bâton que j‘oubliais de ramasser dans la précipitation et qui de toute manière ne me servait à rien. Il m‘encombrait plus qu‘autre chose...


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  • Je m'étais décidé à nettoyer la serre qui commençait à ressembler à une mauvaise plaisanterie avec des herbes qui grimpaient sur tous les montants. Les tomates avaient du mal à donner et je ne pouvais plus longtemps faire comme si cela n‘était pas vrai. Depuis l'année dernière déjà. Ce n'étaient que de petites billes vertes et acides. Elles méritaient sans doute mieux que cette cage encombrée parfaite pour les araignées et les guêpes, mais certainement pas pour de belles tomates longues et juteuses qui brillent comme des lanternes. Des romaines. Des fruits aussi parfaits pour le palais des hommes se refusent à pousser enfermés dans un dépotoir pareil, ils ont besoin d'air autant que nous. Ils nous obligent au respect et c'est tant mieux. Je me démenais une heure durant dans des odeurs de poussière avant d'en voir le bout. Puis je nettoyais et sarclais autour des pieds. Je n'étais pas devenu un as du jardinage, tout juste je connaissais les rudiments et cela me suffisait. Piquer, repiquer, planter, arroser, bouturer. Je leur parlais à mes plantes Qui ne me contredisaient Jamais.. et des jours moins en verve me contentais de siffloter, et il ne tenait qu'à elles de pousser avec cet engrais. Au delà de ça je ne savais plus faire grand chose et elles ne pouvaient que s'éteindre en paix, les pauvres. Je m'essuyais le front et liquidais une demi bouteille d'eau glacé après avoir terminé. Vers midi j'avalais deux oeufs avec un bout de fromage et je décidais de monter à pied vers le col. Depuis un moment je soupçonnais un chemin qui pouvait passer entre la forêt et une barre rocheuse qui surplombait la route. Vu d'en bas tout paraissait trop vertical pour que l'on puisse y marcher tranquillement, mais à vol d'oiseau c'était bien la voie la plus courte pour couper vers le col sans serpenter sur le chemin forestier. De plus la région était réputée pour ses contrebandiers qui jusqu'à une trentaine d'années en arrière courraient la montagne de jour et de nuit. Ils avaient très bien pu tracer un sentier là-haut et l'envie m'était venue d'aller voir de plus près. Je m'équipais d'un chapeau, une bonne paire de chaussures, et un bâton de châtaignier que j'avais taillé et brûlé l'année précédente. Je n'oubliais pas d'emporter l'eau et ne possédant pas de gourde je me contentais d'une bouteille plastique dans un sac en toile pendu à mon épaule. D'abord je traversais la forêt dont le silence était tout perlé de bruits d'oiseaux. Ils s'interpellaient d'un bout à l'autre sur le même ton doux jouant une musique d'ambiance à laquelle on ne prête plus vraiment attention mais qui très vite devient indispensable. Je me dirigeais vers l'ouest en quittant le sentier forestier, ce qui m'obligea à marcher dans la tourbe tout en enjambant de multiples obstacles tels que branches mortes et filets d'eau cachés sous les mousses dont il fallait se méfier au risque d'y enfoncer profondément les pieds. Je n'étais pas amateur de difficultés, pour moi la marche idéale est un travail silencieux et souple, régulier aussi. J'aime les petits chemins bien visibles et qui permettent de grands mouvements aux bras et aux jambes. J'aime les terrains à l'air libre, tous les espaces qui laissent sans peine filer le vent, le lit des cours d'eau. Les pâturages dessinés par des plantations d'arbres et des ruisseaux. Les grands dégagements. J'aime dans la nature sentir la main de l'homme civilisé et pétri d'intelligence. Des montagnards et vrais paysans. J'atteignais peu après l'escarpement que j'avais remarqué depuis le bas. Au sortir de la forêt je fus frappé encore une fois par la dimension irréelle de la montagne, les versants immenses, le vert puissant, la force tranquille des reliefs. Je pensais à cet instant que je ne trouverais jamais cela banal, et que ce lieu était idéal pour mourir un jour, dans l'émerveillement. D'abord je dus franchir une zone de rochers. Ils n'était pas élevés, mais assez désagréables à parcourir, cassants, irréguliers, coûteux en énergie. Heureusement au bout d'une centaine de mètres le sol s'aplanit et quoique toujours caillouteux se montrait propice à une marche ample et régulière. A présent je me déplaçais exactement dans l'axe que j'avais imaginé avant de monter jusque ici. C'était une pente raide et caillouteuse avec un bout de forêt sur la hauteur et une falaise à ma gauche qui laissait la vue tomber sur une petite vallée. Plutôt un creux entre deux versants. En bas se trouvait la route que de rares voitures empruntaient. Mais je marchais sur une sorte de plat et j'avais l'impression que ce lieu avait jadis été nettoyé de ses obstacles pour faciliter le passage. Je jubilais presque de ma découverte, le chemin existait bel et bien tel que je le devinais de loin, et je pouvais me vanter d'un sacré coup d'œil. Je pensais à David qui m'appréciait et me proposait ouvertement de devenir son ami. J'étais envahi de sensations contradictoires et pour une fois je souhaitais sincèrement faire la lumière sur ce genre de situation ou de sentiments qui s'étaient très souvent terminés par des malentendus définitifs. Je ne trouvais rien de nouveau et d'inattendu au bout de cette réflexion. Par contre l'idée que mon orgueil m'empoisonnait trop souvent l'existence refit surface. Elle était assez neuve à vrai dire cette idée. J'avais si longtemps profité de l'harmonie procurée par une vision fataliste et quelque peu misérable du monde qui était le mien, que d'avoir à me regarder dans un miroir en constatant que ma modestie était toute feinte me mettait pour le coup mal à l'aise. L'amitié que semblait si rapidement et presque sans réfléchir,  m'offrir David m'effrayait en vérité. Cela n'avait rien à voir avec la camaraderie bruyante et sans conséquence que je connaissais de temps en temps avec un gars comme Salvador. L'affection que je pouvais éprouver pour Raymond ou tout être simple et bon du même tonneau en était encore plus éloignée. David avait un regard mortel, piquant, devant lequel j'étais sûr, il n'était pas question de louvoyer longtemps. Voilà exactement ce qui me préoccupait chez cet individu. Avec lui je le savais, je traiterais d'égal à égal, et tous mes trucs qui me permettent depuis.. Toujours.. de tenir à distance les manants, ne feraient pas grand effet. Je pouvais m'en faire un ami respectable, mais aussi bien je risquais de le décevoir. Seule l'estimable et héroïque solitude m'avait permis de traverser les années les plus risquées de mon existence, et je déboulais vivant et encore plein de jus au milieu du jeu de quilles et aussitôt on me fait signe,.. C'est par ici que ça se passe, tu peux venir mon gars, t'a pas finis de servir mon bonhomme, t'inquiètes pas on a tout prévu pour toi, donne ton nom, ton prénom et signe là-dessus, ça repart comme en quatorze. Mais de quel héroïsme suis-je en train de parler puisque je me refuse encore à sortir de mon trou pour Vivre la Réalité en Face. J'atteignis le col vers le milieu de l'après-midi. Je m'assis à même le sol un bon moment pour retrouver mes forces, et je buvais presque entièrement la bouteille d'eau...


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  • Dans l'entrebâillement de la porte d'entrée, à l'abri des rayons du soleil sous le petit porche, appuyé sur une épaule et les mains dans les poches, je ne faisais rien d'autre que contempler le vert du pré qu'une vache broutait paisiblement. J'avais remis un rendez-vous le matin, pour le bulletin municipal, et depuis je tournais en rond a force d'hésiter entre la serre et ma table de travail, sans pouvoir me décider. En rentrant la veille au soir, je n'avais pu trouver le sommeil. J'étais resté sur l'herbe humide de rosée, à fumer une feuille de ma serre, à boire un verre de vin, puis je m'allongeai pour constater en paix que la cavalcade ne peut pas s'arrêter, elle fait partie du contrat. J'étais fatigué mais je me sentais en règle. La culpabilité n'avait pas disparue parce qu'un tel miracle est impossible, seulement elle m'étouffait moins, et me laissait même assez de lucidité pour essayer de réfléchir. J'étais presque d'accord pour accepter tous ces bricolages, que j'aurais estimé odieux en d'autre temps. Un peu de poivre, un peu sel, et on parvient à rester en vie tout en conservant un minimum de dignité. Rien ne m'obligeait à me terrer comme un rat, et je n'avais pas la force d'un moine, pas une once. Ni un héros, ni un imbécile, et juste assez de talent pour remplir les pages du bulletin municipal. David se trompait lourdement, je n'écrivais pas. Je vidais ce qui allait déborder, je vidangeais l'âme de mon trop plein d'orgueil, j'écopais inlassablement pour empêcher le radeau de couler et j'étais devenu le seul metteur en scène acceptable aux yeux de mes frustrations et témoin de tout ce ratage. Nul à voir avec toutes ces histoires vraiment humaines et terre à terre. Ce n'est pas ma vie réelle et banale que je racontais, ce qui manifestement est à la porté de tout le monde si je m‘en tiens à certaines observations auxquelles je me suis livré. Connaît-on quelque chose de plus simple aussi. J'étais autrement plus exigeant envers moi-même. De l'ambition démesurée qui démarre Comme Nous le Savons Tous à un âge d'innocence. Après quoi très vite La Plupart.. perdent le coup de main et c'est fini. D'ailleurs c'était un roman d'aventures que j'écrivais, une histoire à dormir debout si ce n'est que je vivais dedans à plein temps et que de ce fait elle était aussi vraie que le fameux Big Bang qui à Partir de Rien est devenu le Tout.. Une épopée tellement épique qu'il aurait fallu m'arracher la langue pour me faire avouer d'où je la sortais. Parce que je n'ai jamais eu d'autres idées conscientes que celles qui en droite ligne me ramènent inlassablement à mon enfance bénie et adorée, quand je me gavais de Fumettis et de vrais héros qui Neuf Fois sur Dix portaient une Cape.. . Voilà ce que je m'étais décidé à écrire, Depuis Toujours.. l'interminable course d'un impitoyable redresseur de torts, un mystique. Un homme pas comme Vous et Moi.. Mais qui était le seul et véritable Je.. pour lequel j‘avais accepté de vivre sans me pendre prématurément... Depuis que j'avais appris a rêver et respirer dans la même journée avant de me réveiller comme essoufflé et crachant des larmes de bile le lendemain matin et ce ne fut plus jamais pareil. J'étais devenu un connard là où là veille encore je me voyais comme un ange gris aux ailes d'argent. Je n'étais pas certain depuis de jamais parvenir à l'écriture du mot fin. Dans ma Lenteur Sacrée.. Envisageant de plus en plus sérieusement que mon héros pouvait très bien se révéler éternel. C'est a Dire Déjà Mort.. Je réalisais les yeux dans les étoiles que je n'avais justement rien prévu à ce sujet. Depuis le premier Coup de Plume.. Les dernières pages restaient dans le flou total. Alors rien ne prouvait, je le découvrais au travers de ce détail, que j'écrirais jamais le mot fin. A moins qu'un jour confondu par tant d'audace je ne m'identifie à ce que j'écris une bonne fois pour toute. Cessant de Faire Semblant.. Osant écrire Haut et Fort.. Ce à Quoi je Prétends.. Puis je Fermerais les Yeux.. Alors j'écrivais, oui, pour reprendre le mot qui dans la bouche de David sonnait parfaitement vu que je n‘en connais pas d‘autres pour le remplacer. Depuis que j'avais Décidé de Mourir un Jour avec mon Âge Véritable. Que je situais dans les derniers mois de la prime adolescence juste avant de grandir d'un coup et de voir pousser les premiers poils; J'écrivais déjà alors pour garder mon âme en forme. Élastique et gaie depuis la seule époque où je faisais preuve réellement d'humanité. Mon enfance bénie et irremplaçable. Ce petit bout de vie trop court que des années de merde utilitaires ne remplaceront jamais. Que toutes les femmes avec leurs seins et leurs cuisses magnifiques qui garces impitoyables me mettent la trique comme un animal et me font crever, ne pourront jamais combler et pas plus me salir. Parce que quoi que j'en dise le vide que j‘affronte depuis Est Une Bénédiction. J'étais né pour avoir dix ans jusqu'à la fin de Mon Éternité et lire des millions de Fumettis assis sur une marche du trône à la droite ou la gauche du Père, (Sans importance à gauche ou à droite..).Sans l'Ombre d'une Seconde d'Ennui... J'étais né avec une âme de gamin qui n'en avait rien à faire de la nouvelle fureur Porno-Chic ou du prix de l'essence. (M'en Battrais-je les Couilles?...) De la spéculation immobilière. La Lutte des Classes.. Des Femmes.. Des échelles de générations.. Et même de l'avenir de l'humanité(a-t-elle besoin de moi..).. Des aigreurs d'estomac et du Viagra.. Des tendances sociologiques.. A cet âge miraculeux l'avenir est éternel et cette éternité finira par tout guérir et arranger. Parce que là est son miracle. Sans jamais blesser et encore moins humilier ce souffle d'ange que j'ai tant de mal à reconnaître par moments. Pourtant ce petit bout d'âme miniature maintenant partiellement atrophiée s'était montré vaillant et c'est même lui qui me traînait vers mes cinquante ans. Elle avait fait ce qu'elle pouvait La Minuscule Graine. Me gardant en vie, ce qui était déjà très bien Dans la Guerre Sans Fin.. et je lui en étais redevable; Malgré mes Colères.. Si on s'en tient à observer honnêtement ce que peut accomplir une âme moyenne. Je me classais à un niveau tout à fait correct et honorable il me semblait, malgré l'handicap d'une toute petite âme d'enfant, et je découvrais depuis quelques minutes qu'il n'y avait pas de quoi se plaindre. Comme j'avais cru si longtemps...


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  • Visiblement elle parlait peu et ce n‘était pas juste une première impression. Il lui suffisait d'attendre la garce, avec un verre à la main comme pour toutes les jolies femelles, attendre que le monde se mette à tourner autour de ses fesses sans qu'elle ait levé le petit doigt. Comment ne pas devenir amer après ça, découvrant à quel point le monde est déterminé, toujours à tourner dans un seul et unique sens, sans jamais fournir le moindre effort pour voir si en brouillant deux ou trois malheureuses petites cartes il ne pourrait assurer le bonheur de quelques humains de plus. Pas spécialement les plus gâtés aussi et les moins méritants. Les vrais murs des prisons ne sont pas là où on croit, mais dans les mâchoires d'airain de la réalité, cette poigne de fer des Dieux que nul humain n'est parvenu jusque là à seulement faire frémir. Le maudit destin. S'il existe un arbre absurde par excellence, c'est celui qui donne des fruits avec la mention Interdit De Toucher.. gravé de l'intérieur et par le code génétique. Quel est l'intérêt pour Notre Créateur de concevoir des petits choux semblables qu'il va venir coller devant mes pupilles maintenant que je suis vieux et fatigué. Je n'ai rien demandé personnellement, et c'est ce qui explique mes interrogations. Considérant toujours cette dernière injustice je ne pus éviter de remarquer son ventre plat qu‘elle gardait à l‘air profitant de la mode, et qui pour je ne sais quelle raison, m'aguichait particulièrement. J'étais sûr qu'il avait la douceur d'un oreiller de plumes. Avant même d'y avoir goûté. Mais je me doutais à sa façon de sourire en coin qu'elle pourrait se révéler aussi vache qu'une autre. Je ne voyais rien à sauver dans ce sourire et il suffirait de lui donner un peu de grain à moudre pour le vérifier. Je me suis demandé ce qui lui octroyait ce charme redoutablement efficace. Jolie certes, mais avec assez de détails à revoir pour imaginer qu'elle passerait difficilement un deuxième tour de reine de beauté. Les quarts de finale tout au plus. Elle n'aurait rien à gagner soyons francs, dans un de ces trucs qui voit les femelles alignées et numérotées comme des oies de concours. Ce qui la rendait troublante à mon avis, était l'équilibre entre l'évidence de sa chair toute chaude et la sensation de transparence que l'on ressentait dès qu'on s'avisait de la fixer quelques secondes. Elle existait mais de manière étonnante. Rien ne prouvait clairement qu'elle se révèlerait de chair et de sang une fois à poil avec un vrai sexe collé à son petit ventre tout plat et doux. De plus il m'était difficile de la déshabiller des yeux, ce qui pour moi était une ultime étrangeté. Vacharde et belle, comme une grenade Offensive... Malheur à celui qui tire la goupille et oublie de compter... Mais je décidais de penser à autre chose quand je vis Bastien Potiné qui commençait à lui coller de très près, du moins je m'obligeais à le faire, tentant désespérément de dénicher un autre sujet d'intérêt, puis devant la difficulté je renonçais et décidais le vide dans mon esprit. Mais le vide déjà était partout, dans le bruit environnant, dans les muscles remplis de toxine, dans les couilles de tous les hommes qui étaient là, entre les lèvres grasses et saignantes de toutes les femmes qui étaient là, dans les verres, dans le rire des anglais, dans le futur et les têtes vides, le creux des yeux, les olives douteuses sur le comptoir, dans le désir, l'estimable et vraie fatigue, les phrases trop longues, et pire que tout dans les âmes, coquilles vides aussi sèches que de vieilles figues depuis leur confiscation à grande échelle par des types bouchés qui n'ont rien compris et ne comprendront jamais rien à la sauvagerie magnifique et cent pour cent humaine des livres saints, des livres d‘histoire, les dictionnaires;.. Les vrais bouquins érotiques.. Sexus.. Nexus.. Bastien Potiné était en grande forme et semblait décidé à ne plus lâcher le morceau. J'estimais qu'une énergie pareille méritait mieux que de s'en aller frotter avec une telle rage le cul d'un petit bout pratiquement muet et qui ne lui demandait rien. Il aurait pu araser quelques montagnes pour faire passer une autoroute par exemple, ou redresser la tour de Pise, pourquoi pas. Mais Bastien Potiné avait trouvé plus à son goût et bavait entre ses dents qui dépassaient de plusieurs centimètres sous l'épaisse moustache. Comme on me souriait d'un peu partout le long du comptoir j'en profitais pour me retourner, puis je m'accoudais et rendais d'aussi larges sourires à tous ceux qui en voulaient, et je n'étais pas chiche sur les rations. C'était gratuit et à profusion. D'une générosité frappante dans la mesquinerie existentielle. Hystériquement généreux pour qui me connaissait. Ce qui valait toujours mieux que d'admirer Bastien Potiné dans ses gesticulations. J'admettais une bonne fois pour toute que j'étais un perdant, un gros nul, une merde. Avec des histoires au dessus de mes moyens et après je viendrais pleurer. Je déposais les armes et tout au plus je parvenais ainsi à limiter les dégâts. De toute façon sur la bascule je rendais un minimum de dix ans au roi du placard sur mesure et de la cuisine livrée en morceaux. Voila encore un combat que la sagesse me commandait d'esquiver. Alors je prêtais attention à ce qui se disait pour une fois qu'on se marrait de si bon coeur ici bas. Salvador vint me prendre par les épaules et me jura son amitié. Il m'offrit un verre et nous trinquâmes avant qu'à son tour Antoine tint à prendre la relève. Ca va les amours. Il me fit. Les Anglais faisaient tout un ton plus fort que les autres. Le rouquin et Michael partirent dans un bras de fer gagné par Michael après qu'ils eurent cassé trois ou quatre verres pleins en glissant. Nous applaudîmes bruyamment la victoire de Michael vu qu'il était des nôtres, et dans une forte odeur de bière les anglais entamèrent une sorte de chant de guerre pour fin de match. Je m'assoupissais légèrement quand j'appris qu'elle s'appelait Juliette. Elle possédait une voix douce, chaude, et en tendant un peu plus l'oreille je crus comprendre que Bastien l'invitait à la grande sortie au bord du lac. Il insista sans honte et sans scrupules et parût se montrer convaincant. Fortiche le mec. Je tendais l'oreille à mort parce que c‘est tout ce que je pouvais faire. Elle susurra que .. Oui.. Ce fut plus fort que moi et je me retournais, pour voir. Je tombais à pic dans son regard et je me faisais électrocuter.. Raide comme un corbeau foudroyé. Que cela me plaise ou non, et qu'elle qu'en soit l'explication, elle devait m'observer depuis un moment à la manière dont elle finit par détourner les yeux, comme un gosse qui se fait coincer dans le porte-monnaie familial. Puis il ne se passa plus rien, j'eus beau attendre en retrouvant mes esprits, et je finis par penser que c'était un malentendu. Une sorte de cruelle hallucination. Ce qui me parut sans conteste l'hypothèse la plus plausible. Plus tard je décidais de rentrer chez moi alors que l'ambiance commençait à peine à redescendre. Ils avaient baissé le son a présent et constituaient des équipes pour s'affronter aux fléchettes. Par un coup d'oeil dans la salle je constatais qu'elle était partie, et je me sentais las, avec une boule de plomb dans le ventre. Pourtant sans que j'ai eu le temps d'y réfléchir, sur une pulsion si on peut dire, j'attrapai gros Louis au passage et lui fis savoir que j'en serais de la partie de campagne au bord du lac. J'ajoutais aussi que j'amènerais quelques bouteilles de vin...


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  • Il me donna des nouvelles concernant son installation au presbytère, les travaux qui tardaient et la préparation de la fête de la Vierge qui aurait lieu en août . Il jeta encore un oeil sur l'assistance et décida de s'en aller. J'aurai grand plaisir à t'inviter d'ici une dizaine de jours quand on y verra plus clair dans mon chantier, est-ce que tu aimes les pâtes, aux fruits de mer par exemple, c'est ma spécialité et j'en tire une certaine fierté je dois avouer, mais ne te montre pas si enthousiaste surtout, tu me mets mal à l'aise. J'éclatais de rire. Je te remercie, ça tombe bien j'adore les pâtes, précise moi le jour, de toute façon on aura l'occasion de se revoir, maintenant que tu es lié à notre bout de vallée, tu auras remarqué que la ville est à peine plus grande qu'un tapis. A l'instant précis où après m'avoir salué et fait signe aux bonnes âmes les plus proches, Mona fit son apparition. Je fus seul à remarquer la brume de désappointement que trahissait quelques battements de cils nerveux. Mais cela pouvait aussi être le fruit de mon imagination, et de toute façon il avait dit qu'il partait ce qui rendait difficile un revirement publique trop flagrant. Mona débarquait serrée dans un pantalon jaune d'une coupe aussi simple et légère qu'un pyjama, qui lui remontait sur les mollets et moulait délicieusement les fesses. De vrais fruits du paradis. Je suivis le regard de David qui fit mine de s'empresser vers la sortie comme s'il ne voyait rien. Serrant le poing aux jointures blanches.. Ne te retournes pas mon ami. Tu sais ce qui arrivera et tu es très bien placé pour ne pas l'ignorer.. faire semblant... A ton Niveau ce Serait un Crime.. C'est écrit et Prévu Noir sur Blanc dans ton satané bouquin. Garde la tête droite et fais comme si tu décidais tout seul de ton sort. Personne a besoin de savoir.. Marche droit en avant vers ton destin. Ne transige jamais. Tu as dit que tu partais et pars ou tu te verras transformé en statue de sel. Je pensais. Le bar connut une animation inhabituelle durant toute la soirée. C'était une façon de saluer l'été qui s'annonçait chaud à en croire quelques uns, ou un trop plein de sève qui débordait de manière imprévisible et collective Ah, l'insouciante humanité et toujours Cette Soudaine Chaleur... Il fut question d'un barbecue au bord d'un lac sur la montagne. Sortie de nulle part l'idée connut un succès fulgurant et s'imposa en un rien de temps. Puis chacun fut sommé dare-dare d'exprimer son enthousiasme envers le divin projet, tout en proposant sa participation à un titre ou un autre. Évidemment le côté joyeuse bande entre vieux boy-scouts de l'affaire ne m'échappa pas, et malgré diverses sollicitations je m'abstenais de répondre quoi que ce soit de précis. Les quelques verres engloutis n'étaient pas suffisants pour me ramollir au point de sauter de joie à la perspective d'une partie de campagne entre gens heureux. J'avais tord de le prendre ainsi. Dans le brouhaha nocturne Elle.. arriva comme un ange. Elle était toujours avec deux de ses copains anglais dont le rouquin costaud qui semblait programmé pour pousser des cris de joie à toutes les occasions qui se présentaient. Hello, My friends, Mesaamiis... Cinéma habituel de types qui s'approchent d'un bon comptoir et savent comment s'y tenir. Je préférais observer en douce l'ange aux cheveux bruns et un rien menu et longiligne qui les suivait. Michael se pencha par dessus son comptoir pour parvenir à l'embrasser, manquant de finir par dessus bord, ce qui tomba à pic pour me faire entendre sa voix de tout près, quasiment dans mon oreille et je dus me pousser pour ne pas me prendre le gros rouquin sur la tête. Je sus alors qu'elle n'était point anglaise, et loin d'être une déception, j'aurais pu aimer l'idée qu'elle puisse se révéler un rien exotique, le fait de découvrir qu'elle était bien de chez nous me parut plutôt rassurant. Malgré la différence d'âge Respectable., elle me semblait maintenant plus proche, plus Humaine.. Réelle;. Et susceptible d'entendre des choses compliquées par exemple, encore que cela ne pouvait être que par défaut, puisque manifestement j'érigeais d'emblée et de moi-même, de mon propre chef et sans qu‘on me demande rien, une coupante barrière de corail entre nos deux bulles humaines. Un mur épais hérissé de lames de rasoirs. Par Pur Réalisme...


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