• Je m'installais d'abord dans la fraîcheur de la maison pour travailler. En sourdine j'écoutais une radio australienne sans coupures publicitaires et durant une heure j'avançais pied au plancher. Profitant du décalage horaire qui me mettait au milieu de la nuit en Australie je goûtais le calme étrange en plein jour d'une émission conçue pour des insomniaques. C'était du classique avec de nombreuses pièces monastiques et des voix comme des nappes de brumes jetées sur le monde réel de la matière bruyante et putride. Définitivement je pense je dois vivre ailleurs.;; Ce qui n'empêche qu'une fois dans mon élément je ne suis pas le plus mauvais; Je m'y connaissais pour ce qui était de donner un semblant d'allure à des Rapports aussi peu transcendants que La Réussite d'Un Séjour.. Sans forcer. Il me suffisait de lever les yeux sur les versants de la montagne que je touchais physiquement. De voyager les yeux tournés vers le ciel qui nous accordait une lumière différente de toutes celles qui existaient ailleurs. De laisser mon esprit grimper tout en haut des cols et flotter dans le vent d'un plateau à l'autre, montant des vallées aux sommets et planer sur les flancs rocheux découpés en reliefs irréguliers depuis que la Terre craquant de toute part surgissait ici même à la verticale. Tous ceux qui peuvent faire preuve d'un minimum de sensibilité ressentent encore les vibrations du cataclysme. Se nourrissent des forces inouïes qui furent mises à l'œuvre pour aboutir à un pareil résultat. Entendent hurler toujours la pierre déchirée par la main qui ne peut être de ce monde. Aux futurs scouts qui envahiraient après ça notre vallée je ne leur vendrais nullement le confort des sanitaires du groupe scolaire pourtant si Corrects et Pratiques.. Mais les forces magnifiques qui se sont exprimées partout et où que l'on se tourne, des traces suffisantes laissées en cadeau depuis pour régénérer les hommes fatigués et las de courber l'échine devant la vie impossible et incompréhensible. Je leur dirais comme cela ne demande aucune forme d'intelligence. Qu'il suffit de se coucher dans l'herbe douce des flancs tièdes de nos montagnes et d'attendre. Il n'y a rien d'autre à faire.. Qu'attendre.;. Au bout d'une heure il me vint l'envie de me reprendre un petit café. Je m'installais à l'extérieur à même la terre pour le déguster aussi divinement que possible. Au loin je pouvais apercevoir le vieux joseph qui redressait des poteaux dans la prairie. Je lui fis un signe de la main qu'il me rendit à deux reprises. Puis ainsi disposé baignant dans le soleil je m'avisais de dénicher une casquette pour réaliser aussitôt qu'il me serait difficile de retourner travailler à l'intérieur de ma masure qui soudain m‘apparaissait trop fraîche. Seulement ne possédant plus d'ordinateur portable cela voulait dire aussi qu'il me faudrait écrire à la main. Un exercice auquel je répugne particulièrement. La raison étant que j'écris tellement mal à la main, mes doigts s'agitent si nerveusement que très souvent j'ai du mal à me relire moi même. Néanmoins. C'est de ça que j'avais envie. Je ressentais tant d'harmonie là au dehors dans l'herbe qu'il m'aurait fallu être complètement fou pour me refuser un plaisir si évident, simple à réaliser, gratuit... Etc.. etc.. Ainsi je fis et armé d'un gros bloc je partais bille en tête avec la ferme intention d'avancer une semaine de boulot en une heure ou à peine plus. Comptant sur certains vieux réflexes jouant en ma faveur dès qu'il s'agirait de noircir du papier. Seulement une fois bien installé et une bière ouverte à porté de main je ne l'entendais plus spécialement de cette oreille. Le soleil, le calme;;. La grande paix.. Les sommets clairs et le ciel pur, me détachaient immanquablement de mes histoires d'auberge de jeunesse ou de circuits pédestres Très Agréables et Frais.. Sportifs Mais Accessibles à Tous..; Je me retrouvais en pleine ébullition métaphysique et plus moyen de faire demi tour. Étais-je prêt d'ailleurs à tenter un tel exploit. Certainement pas. Je sentais l'affaire perdue d'avance et qu'y aurais-je gagné en vérité. Je me couchais dans la belle herbe sans vergogne maintenant que j'y étais.. Parmi les miens les insectes...

     

     


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  • Quand Maggy m'appela le lendemain vers midi j'émergeais tout juste. Toutefois j'étais assez clair après un premier café, et me mis à sourire au son de sa voix. Grave et Affectueuse.. Tu as passé une bonne nuit?.. J'ai pas osé t'appeler avant. Je me suis dit qu'à tous les coups tu rentrerais tard. Mmmh.. Je Fis. Ca s'est passé au poil comme tu viens de le décrire. Et toi;. Depuis hier. Elle souffla longuement et distinctement pour que je n'en perde rien. Je nourris des regrets pour être franche avec toi. Au point que j'en ai pas dormi de la nuit. Tu vois un peu où j‘en suis;;. Ah bon.. Je ponctuais en pariant qu'elle allait m'annoncer que je lui manquais terriblement. Alors essaye de me dire ce qui se passe. Je susurrais comme si mourrant d'inquiétude déjà je me retrouvais. Je t'attends depuis trop longtemps..; Elle me fit de la même voix lente et chaude. Et je ne suis pas sûre de jamais pouvoir rattraper le temps perdu. Est-ce que tu comprends... J'observais le ciel bleu au travers de la fenêtre ouverte; Torse nu à me faire caresser par un courant d'air tiède et doux. Je me demandais très sérieusement si elle se révèlerait aussi bonne à baiser que je me l‘étais imaginé. Les femmes à partir d'un certain âge ont parfois tendance à trop investir sur ce qui se voit. Au détriment de ce qui fait du bien. Qui ne coûte pas cher du tout en réalité mais demande quelque effort Intérieur pas forcément évident pour toutes. Bon. C'est pas tout;;. Elle reprit coupant dans ma rêverie. Elle venait d'hausser le ton au point que je crus d'abord qu'elle cherchait à me faire une blague. Le travail lui il n'attend pas. Le prochain Echo de la Vallée.. Doit sortir dans deux semaines, et mine de rien il me manque encore pas mal d'articles... Je serrais les dents. Je suis désolé mon chéri. Elle continua. Pressentant mon attitude. Mais ce numéro me concerne plus que tous les autres. Nous le faisons pour les touristes, et c'est ma partie. Il ne faut pas l'oublier.. Je suis responsable de tout ce secteur. Tu Comprends.. D'ailleurs hier soir en réunion municipale il n‘a pratiquement été question que de ça;.. Le ciel m'absorbait en l'écoutant. Je devais reconnaître que depuis une bonne semaine j'en faisais pas lourd. Reparti comme j'étais sur des chemins aventureux où je ne me connaissais d'autre intérêt que la vivisection de l'espèce humaine et à condition aussi que ces affaires me concernent intimement. Maggy qui me bassinait à cet instant tenant un rôle loin d'être négligeable dans mes élucubrations, me rappelait toutefois comme l'organisation reste primordiale pour éviter que ça coince dans une existence. D'autant que cette semaine allait se voir rythmée par Raymond qui en principe lui ne devait pas la terminer. J'avais devant moi ces diverses lignes de vie qui toutes me concernaient directement et qu'il me faudrait réunir pour qu'elles tiennent ensembles.. Dans la paume d'une seule main;;.. Chacun aura je crois compris l'image que je cherche à susciter. Le mieux je repris; Revenant brusquement aux aspects concrets de l'histoire.. Serait que tu me fixes les priorités;. Puis on pourrait se voir pour confronter nos points de vue.. Qu'est-ce que t'en penses.. Je l'entendis gémir de plaisir. Clairement. Ok. Si pour demain tu pouvais déjà me ramener les deux articles que nous avons préparé Tous Les Deux.. sur l'accueil des groupes et les programmes découvertes, ce sera parfait. Mais comment s'y prenait-elle nom de ;.. je ne sais quoi, je ruminais en fermant les yeux une minute. Elle bouillait comme une vraie jeune chienne et nullement cela ne l'empêchait de me casser les épaules sous le poids du joug. Alors tous les humains seraient-ils ainsi faits et seule une pauvre poignée d'associaux dont je ferais partie s'acharne à ne rien entendre. Curieusement si j'étais partant pour dire qu'elle exagérait me prenant ainsi sur ce ton au réveil et alors que j'étais en plein déjeuner, je ne lui en tins pas rigueur. Elle me faisait tellement bander depuis des semaines et je touchais enfin au but. Cette perspective me rendait souple et aimable si ce n'est veule. Ca me va. Je lui affirmais soudain. Mais si tu pouvais m'arranger le reste de la semaine, en récupérant des documents que tu me remettrais toi même En Mains Propres.. plutôt que j'aille à des rendez-vous qui vont me prendre des heures. Tu me Rendrais un Service Inestimable.. Elle se tut et je la sentis hésiter. Visiblement elle n'avait pas trop l'habitude de mélanger le boulot et les sentiments. Une Femme Dure de Plus.. Je pensais. Je te demande ça pour mon ami..; Je compte le voir tous les jours. Tant que c'est possible.. Je lui fis d'une voix lasse propre à éveiller sa compassion. Plutôt rêveusement aussi; M'étirant les bras en l'air et j'avais surtout dans l'immédiat envie de me reprendre un café. Elle ricana. Mais si elle voulait se moquer de quelqu'un cela ne pouvait être que de sa personne. Pour ma part je considérais d'innombrables options toutes aussi valables pour le sort de la journée comme des années qui devaient suivre. Je n'avais pas changé d'avis. Je voulais être tranquille pour mon éternité personnelle, comme je l'avais décidé une bonne fois pour toute. Dans le silence sacré des nuits d'hiver quand je reconnaissais humblement ma demi folie. Si j'acceptais quelques encoches là dessus sous divers motifs, il fallait que ça en vaille vraiment la peine. Où que je crève de faim, et suffisamment pour que je puisse me pardonner moi même. Ce qui était loin d'être gagné d'avance quand je mesure la profondeur de certaines blessures auxquelles je survivais. Je Devenais plus dur que ces Souffrances Superficielles.. Je ne traînais pas des pieds et je tiendrais mes engagements. A Mon Rythme.. bien plus efficace qu'on peut s'imaginer vu de l'extérieur et de surcroît si on y comprend rien. Tu me manques beaucoup. Je t'embrasse très fort. Je brûle de te retrouver.. Elle me jura avant de raccrocher. Le monde extérieur bleu et brillant m'attendait au delà de la porte...

     


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  • Nous avions fini par dénicher un bar le long de la mer. J'avais ressenti comme David le besoin d'errer un laps de temps loin de notre vallée. Comme si nous n'étions plus si pressés de la retrouver enfoncée après le défilé rocheux qui veille sur sa tranquillité depuis que les humains se déplacent trop souvent pour aller faire du tord à leurs semblables. Là bas quoi que nous puissions en dire il nous fallait nous tenir d'une certaine manière et si moi je n'ignorais plus rien de la dérision d'avoir une tête impossible de changer à ma guise tous les matins, David à son âge Réel et qui bataillait dans la même galère(D'après moi..) n‘avait pas encore épuisé toutes ses illusions sur le sujet. Nous étions il me semble en harmonie, à une différence près, il ne s'était toujours pas payé le mur. Mais c'était ce maudit mur justement qui faisait bel et bien la différence. Parce qu'On Peut Très Bien Passer A Côté.. Sa méthode pour rester calme et sage face à la cruauté des circonstances était différente de la mienne. Je dirais en voulant résumer, qu'il pouvait se payer le luxe de cultiver son esthétique sur le long terme alors que de mon côté j'improvisais d'une minute à l'autre en comptant sur le nombre de tours réussis pour compenser la somme de tout ceux qui foiraient. Bien sûr il n'y avait pas que ça. Il provenait d'une lignée qui avait eu le temps de mûrir suffisamment. Produisant des rejetons tout aussi incohérents que la mienne mais qui savaient au moins se tenir à table et en public. Ce qui n'est pas rien quand on s'est même fait éjecter de sa propre tribu de paysans. C'est de la bonne musique;.. Fit David en observant le groupe de trois types qui jouaient du blues sur la petite scène. Il y règnait une ambiance assez formidable dans ce lieu. J'ai rien avalé ce soir mine de rien. Je pensais soudain à haute voix. T'es pas le seul. Il reprit aussitôt. Une partie de la salle faisait restaurant seulement toutes les tables semblaient occupées. David fit un signe à la serveuse qui je venais de remarquer portait une adorable mini jupe. Elle rappliqua et se pencha délibérément vers lui au dessus du comptoir. David se figea comme si une balle venait de l'atteindre en plein front. (ou alors un serpent à sonnettes se dressait et sifflait à dix centimètres de son nez;;. J'aime bien ces images et n‘ai pu me décider pour l'une ou l'autre en me souvenant de cette scène..) Il lui fallut quelques secondes pour retrouver l'usage de la parole, mais sans détacher ses yeux toujours rivés à ce qui remplissait tout son champ de vision à cette distance. La magnifique Gorge de la gonzesse qui aurait eu exactement le même effet sur moi ou n‘importe qui d‘autre. Avec certainement aussi l'envie d'y fourrer mon nez et je ne me serais pas gêné de lui faire savoir. Mais me connaissant je me serais repris très vite alors que David lui, resta littéralement tétanisé(le serpent à sonnettes certainement;..) jusqu'à ce que la nana se fende d'un long ricanement qui eut pour mérite de le réveiller. A ce stade j'eus un mal de chien à contenir le rire qui jaillissait de ma bouche. Trop ouvertement et sans le moindre espoir que cela passe inaperçu. La serveuse quand à elle redoubla d'impertinence. L'horrible garce qui ne savait visiblement pas ce qu'elle faisait et encore moins à qui elle jouait son tour de cochon. Alors vous vous décidez?.. Elle lui balança très vicieusement. Il commença par bafouiller puis ravala sa salive et d'une belle voix masculine qui perçait le bruit ambiant et la musique il finit par s'expliquer. Est-ce que vous pourriez nous réserver une table pour deux dès qu'il y en a une qui se libère. Sans l'ombre d'un problème;;. Elle fit en posant sa main sur celle de David. Puis elle repartit vaquer à ses occupations. Je me retrouvais légèrement suffoqué et tout autant libéré d'un tas de conneries qui m'encombraient l'esprit et le cœur dès qu'ils s'agissait de David. En un rien de temps le monde virait sur son axe et changeait d'orientation . J'avais un pote, un vrai. Comme cela ne m'était peut-être plus arrivé depuis.. L'enfance.. L'adolescence.. Je n'étais même pas foutu de me rappeler. Raymond lui c'était autre chose. On s'aimait bien mais cela n'avait rien à voir. Nous avions pu partager notre cœur mais certainement pas notre âme. Définitivement David était mon ami en cessant d'être l'espèce d'extraterrestre que mon cerveau s'obstinait à classer dans cette catégorie. Excuse moi pour tout à l‘heure. Je lui dis en espérant aussitôt que cela n'irait pas plus loin. Seulement je me contenais mal et recommençais à rigoler. T'excuses pas. Il me répondit. C'est plutôt celle là qui devrait demander pardon pour tout le mal qu'elle peut faire à de pauvres hommes qui n'ont que leurs yeux pour pleurer devant un piège aussi gros. Je remarquai qu'il en était encore à observer sa main que la fille venait de caresser. Ouaih.. Je fis à mon tour. Je reconnais que ce genre de gonzesses ça peut mettre les boules quand on se retrouve avec rien sous la main histoire de calmer la nature. Qu'est-ce t'en dis. Je lui demandais en me tournant vers lui. D'un coup il me fixa droit dans les yeux. Et un tel regard à bout portant faisait réellement son effet. Je suis comme toi. Il me dit. J'ai deux bras.. Deux jambes.. Et.. Un petit zizi au milieu. (Je connaissais la formule par cœur..) Qu'est-ce que tu veux que j‘admette de plus. Écoute. Il continua. Si j'avais le sentiment ne serait-ce qu'une seconde que tu pourrais me faire du mal. Je ne serais pas avec toi ici à une heure pareille. Je ne suis pas complètement cinglé; J'espère que tu comprends ça. Je l'espère Pour Moi en tout cas. Alors, si je te fais marrer. N'hésite pas. A une seule condition. Que tu ne te moques pas du prêtre.. Mais de l'homme. Tu peux même y aller carrément. Je considère pour ma part que c'est plutôt une preuve d'amitié et de bonne santé. Ne te gênes surtout pas. Moque toi de Moi.. David.. Ton Ami.. Autant que tu veux. J'ai Jamais Prétendu Être Curé A temps Plein.. Après tout. Je me retournais vers les étagères remplies de verres qui me faisaient face. Me demandant si je devais Avouer ou laisser la vanité me conduire par le bout du nez comme elle a en pris l‘habitude depuis très longtemps. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis retrouvé avec un vrai copain. Je lui dis. Si ça se trouve jamais. C'est possible puisque je ne me souviens pas..; Il se passa une main dans les cheveux et tenta d'y remettre un peu d'ordre. Il avait tord d'ailleurs. Sa tignasse en bataille lui donnait un charme inouï. Il but une gorgée de vin et joua avec ses lèvres; Avant de m'envoyer un enchaînement gauche droite complètement inattendu;.. Moi je crois qu'en vérité tu es tout à fait capable de te passer des autres. Tu vas vers eux pour répondre à des besoins très humains. Charnels disons;. Pour faire large.. Mais je sens quelque chose en toi d'assez étonnant. Comme si tu étais un monde à toi tout seul. Tu n'as besoin de personne. Ce sont les autres qui recherchent ta présence. Si parfois tu parais faible et misérable, c'est avant tout parce que ça t'arrange qu'on te voit sous cet angle. Un peu par facilité;.. Reconnais le. Au fond de toi tu n'as jamais douté de ta vraie valeur.. Pas Une Seconde.. Si ça se trouve tu en rajoutes même.. Tu te crois encore plus grand que tu n‘es;.. Mais bon, c'est pas non plus charitable de prétendre une chose pareille. Tu es bien plus fort que tout ce que tu racontes. Seulement malgré tous tes efforts et je ne doute pas que tu te sois donné du mal avant d'oublier un peu cette question, tu n'as jamais trouvé vers quoi diriger Concrètement.. cette force qui te bouffe Tout Cru.. C'est pas vrai.?. Le groupe sur scène venait juste d'attaquer The House Of The Rising Sun.. Une chanson que j'adorais. La version qu'en fit Dylan en 61 et je l'imagine en fermant les yeux sur la minuscule estrade du Gaslight Café reste la meilleure à mon avis.. La plus poignante. Simple et Nue Comme l'Humanité.. Je me surpris à les fermer ces yeux dans la pénombre pour écouter ce bon vieux tube comme s'il était venu me parler de ma propre vie...


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  • Monique sembla se calmer au point de pratiquement s'endormir. Alors même que les médecins s'affairaient pour ramener Raymond de son état intermédiaire entre les deux mondes qui nous posent tant de problèmes et le plus mystérieux n‘est pas forcément celui de l‘Ombre... En refroidissant la transpiration qui couvrait l'ensemble de mon corps m'indisposa terriblement. Je fonçais aux toilettes à proximité pour me nettoyer autant que je pouvais. M'aspergeant des litres d'eau sur toute la surface de peau libre. Mais je me fis un peu peur en me découvrant dans le miroir. Il me semblait que ma peau virait au vert comme l‘air qui flottait dans tout le service et me contaminait. Avant d'admettre que je cuvais simplement une petite biture. David revenait déjà quand je sortais de là. Il s'adressa directement à monique. Vous devriez manger quelque chose en attendant. Elle se contenta d'observer le sandwich comme si on lui présentait un objet étrange et inconnu. David insista. Votre mari va avoir besoin de vous alors autant retrouver un peu de forces. Et puis ça va le rassurer;.. Je vous en prie. Il faut vous alimenter.. Faites le pour lui.. Elle avala péniblement de la salive qui lui encombrait la gorge et se redressa sur son siège. Merci. Elle fit en s'emparant du sandwich. A mon tour je me laissais aller dans le fauteuil en fermant momentanément les yeux. Sans me soucier du va et viens des infirmières ou des visiteurs autour de nous. La question qui me tarabustait était de savoir pourquoi diable ils s'amusaient à faire revivre Raymond. Comme si le mieux n'aurait pas été de le laisser partir tranquillement dans ce sommeil sans rêves. Qu'allait-on lui expliquer pour justifier cette grosse plaisanterie. Toute notre belle équipe;. À l'unanimité générale vous décerne le prix du Mort-Vivant.. Ce qui nous fait exactement.. si je ne me trompe pas(le toubib rigolo consultant sa fiche..)... Quarante-huit heures chrono cher monsieur. Montre en main et pas une minute de plus. On a pas que ça à faire;. Nous. Et il y en a d'autres qui attendent la place dehors.. Pensez à pas traîner. Réglez vos affaires comme vous pouvez.. Jetez un dernier coup d'œil au monde des vivants si ça vous fait plaisir;.. et Adieu;... Au dehors des multitudes de crétins même pas méchants se marrent comme des baleines. Se remplissent la panse comme des porcs et baisent à qui mieux mieux.. Ca fait râler hein mon vieux. Si c'est pas drôle ça.. Ouaih.. Je pensais tout en me disant que je n'y pouvais rien. La farce est bien plus générale et ceci n'est qu'une minuscule péripétie de l‘ensemble. La comédie dépasse largement ce bout de couloir verdâtre. C'est à l'échelle planétaire qu'il faut se placer pour commencer à entrevoir la tragédie tellement énorme que plus personne ne songe à se rebeller depuis la mise à mort de celui qui promettait le salut éternel. Pardonnez Leur mon Père, ils ne Savent ce qu'ils Font.. Mais en ce qui me concerne je sais depuis un moment que le salut n'est pas de ce monde. Un seul univers contient la solution de toutes les injustices et c'est celui que j'invente dans le silence de mon esprit libre. Tout le reste n'est que foutaise. Monique cala à la moitié du sandwich avec son ventre qui avait du rapetisser d'une bonne moitié en quelques semaines. Elle le posa distraitement sur le fauteuil resté libre où je continuais à l‘observer. Les traces de dents sur les tranches de pain ouvertes gisant sur la toile de plastique où d'autres vont venir poser leurs culs résumaient à elles seules l'obscénité absolue de Cette Vie Sur Terre;.. Bizarrement elle se tourna vers David pour quémander une attention. Il se pencha légèrement vers elle en gardant ses mains croisées. La scène commença à m'intéresser. Il avait une façon assez particulière de lui sourire que je découvrais. En moins d'une minute et sans rien dire ce fut comme s'il la ramenait à la vie elle aussi. Sur le sol ferme de la planète qui autorise à s'imaginer le lendemain sans trop culpabiliser ou s'étouffer de rage dans l'impuissance. De s'adonner à la vie en se décidant à la considérer pour ce qu'elle est et rien d'autre. Une forme d'obligation naturelle que rien nous oblige à démesurément remettre en question. Une sorte de sport sans queue ni tête mais qui met tout le monde d'accord au final et la preuve c'est que nous sommes là autour de Raymond pour le soutenir tant que c'est possible alors que très clairement.. Qu'avons Nous A Gagner Dans Cette Affaire.. Je ne me trompais pas en apercevant une mince lueur dans les yeux de Monique. Elle semblait vouloir avancer ses mains vers David qui anticipa sur son geste et s'en empara. Ca va aller.. Il lui dit. Juste ces trois mots. Pas plus et pas moins. A partir de là je pus ressentir physiquement ce qui se passait dans le corps torturé de Monique. Comme la souffrance reculait pour quelques instants afin de permettre aux cellules soumis à la pression permanente de se régénérer. La différence entre David et moi dans cette étrange émulation était que lui savait à quel point Monique ne voulait pas Encore suivre son mari dans la tombe. Tandis que moi c'est tout juste si je ne lui proposai pas de négocier un prix de groupe avec le croque mort. Pour Raymond; pour elle, et pourquoi pas aussi un petit geste envers moi tant que nous y étions. Avec la vision radicale que je cultive qu'est-ce que ça me coûterait après tout d'anticiper de quelques années si ça peut me simplifier l'existence et ne change rien à ma place Dans l'Éternité.. Sauf qu'en ce moment justement. Je me serais dit aussitôt;... Je n'avais pas encore conclu avec Maggy et là tout de même je pouvais passer à côté d'une sacrée découverte. Heureusement je ne me vois pas si idiot. J'aurais pensé. Pas plus que je n'avais épuisé les charmes de Rachel.. Été au bout de mon histoire avec Danielle qui mine de rien.;. Et puis il y avait surtout les fantasmes qui m'agitaient depuis que Juliette s'était avisé de porter à ma connaissance.. quoi d'ailleurs. Que pouvais-je prétendre de si précis là dessus?.. Enfin il y avait ces milliers et milliers de lignes qui finiraient par m'expliquer un jour ce que je cherchais réellement le jour ou plutôt la nuit où je me suis mis à écrire sans que personne ne m'ait jamais demandé quoi que ce soit. Bref j'avais du pain sur la planche avant de me voir autorisé à clamser. A moins de faire preuve d‘Abandon... En attendant je savais mieux ce que je faisais dans ce couloir aux fauteuils verts et jaunes à respirer un air qui rentre et sort de la bouche des mourants avant d'atterrir dans les poumons des vivants de passage. (Qui eux ne se doutent de rien...) J'étais Venu Là Réfléchir A ma Propre Condition.. Voir comment je pouvais me sentir dans l'antichambre de la mort. Réagir. Ruminer. M'apitoyer. Spéculer.. Pleurer. Me révéler. Déclamer. Chanter.. J'aurais même pu tringler en beauté la jeune infirmière qui vient de me sourire et qui je m'avance peut-être, mais je suis à peu certain de ce que je dis.. Est Complètement à Poil.. Sous la fine blouse blanche. A part un minuscule slip blanc peut-être. Tout les mâles savent ce genre de choses. D'ailleurs il y a fort à parier qu'avec un jolie minois espiègle comme le sien plus d'un toubib a déjà du se la farcir comme il faut. Écartant à peine la légère Blouse Blanche si Pratique;. Je n'étais déjà plus complètement avec David et Monique quand le toubib jovial et rond finit par rappliquer. Il expira à fond en se plantant devant Monique qui lâcha David comme prise en faute. D'une histoire imaginaire certes mais c'est bien pour ça que je l'ai vu parce que c'est complètement mon rayon. Il écarta et referma les bras d'un geste qui signifiait que c'était pas gagné. Je vais vous demander de patienter encore cinq petites minutes. Il se réveille doucement. Mais bon;.. Il ne faut pas s'attendre non plus à ce qu'il vous saute dans les bras. Il fit. Restez calme près de lui. Et tâchez de ne pas le fatiguer. On verra mieux demain ce que ça donne. Ca ira?.. Il demanda à Monique. Celle-ci renifla et répondit d'un inaudible.. Oui docteur.;; Très bien. Alors j'imagine que nous nous reverrons dans les prochains jours. Cher ami. Il fit à David avant de s'éloigner en sifflotant. Les cinq minutes qui suivirent me semblèrent interminables avec Monique prostrée juste devant moi et David faisant preuve d'une patience muette et terriblement élégante. Puis nous pénétrâmes dans la chambre à la queue leu leu avec moi devant et je n'avais pas manqué de toquer discrètement sur la porte. Entrez. Fit une infirmière occupée autour du lit. Raymond gisait là bas blanc comme un cadavre. Mais d'emblée me frappa la vision de toute la machinerie qui l'entourait donnant l'impression que l'on soumettait ce corps à de terribles expériences. Des tuyaux couraient de partout et s'enfonçaient directement dans les membres plâtreux. Ensuite j'observais mieux son visage et ses bras vides de toute substances. Ses muscles, et il n'en avait déjà pas tant que ça, avaient fondu. Ce n'était pas encore un cadavre, mais je sus immédiatement que pour ce qui nous concernait, lui et moi, nos belles parties de pêche, c'était fini. A moins que je mette la main sur un truc mystique et surnaturel que pour le moment je n'ai pas encore trouvé.(Mais je chercherais..)Monique se pencha pour l'embrasser en retenant ses larmes et le réconfort muet de David y était pour beaucoup dans la maîtrise dont elle faisait soudainement preuve. Quelques secondes plus tard je perçus le premier signe de vie sur le visage de Raymond. Je m'approchais et sans réfléchir je me mis à lui parler. Je suis content de te retrouver mon vieux pote. Dis moi un peu comment tu te sens... Je commençais par lui demander. Caressant délicatement son bras transparent. Il ouvrit enfin les yeux pour nous apercevoir. Jssui content.;.. Il put dire avec peine. Je ne le quittais pas des yeux en retenant une larme à mon tour. Une sorte de gros sanglot qui aurait très bien pu sortir si je m'étais retrouvé seul. Il aperçut David et esquissa un signe. J'accompagne mon ami; Lui fit ce dernier. Mel m'a beaucoup parlé de vous. Vous savez. Il m'a raconté toutes les belles journées que vous avez passé ensemble. Je comprend qu'il tienne autant à vous;;.. Il se tut et Raymond murmura en parvenant à retrouver mon regard. S'rait pas curé.. Ton copain.. D'une voix traînante, sifflante, et néanmoins empâtée. Je manquais d'éclater de rire et de joie en découvrant à quel point son esprit vivait encore et ne sombrait pas dans le pathétique. Rien que pour ça j‘étais content de l‘avoir connu; En deux mots il me disait que lui et moi c'était du béton pour Des Siècles et Des Siècles.. Il avait tout compris le vieux bougre Je me damnerais pour écrire une petite phrase pareille qui résume la drôlerie absolue de notre malheur dans à peine le temps de claquer les doigts. Raymond avait tout compris de moi. Malin et intelligent comme un vieux roublard. Je lui pris délicatement une main que Monique n'avait pas pensé à réserver avant moi. Il tenta désespérément de me serrer mes doigts et cet effort misérable me bouleversa. Je plongeai dans son regard. Devinant comme il était parfaitement vivant à l'intérieur. Je ne saurais jamais s'il souffrait et ce qu‘il pouvait penser à cet instant. Mais l'injustice de découvrir cet esprit perdu dans un cadavre me sembla être une épreuve démesurée. Injuste et incompréhensible. Une incohérence qui échappait entièrement à la logique humaine. Une Horreur.. Véritablement une horreur..


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  • David me secoua sans ménagement. J'émergeais en grognant et n'apercevais que des murs de ciment gris et sinistres. Eh.. Oh.. . Il faisait. Il faut te réveiller maintenant. On y est. Deux minutes. Je lui demandais. Ca va aller. En effet juste après je quittais la voiture comme si je sortais d'un jacuzzi. Aussi trempé de la tête aux pieds. Nous arrivions doucement en été et je ne m'en étais pas encore rendu compte jusque là. Nous étions dans la plaine avec facilement cinq ou six degrés supplémentaires. Seulement hormis le fait que j'étouffais dans mes fringues, la suée m'avait nettoyé d'une grande partie de mes toxines. En une heure ou à peine plus je venais de gagner des jours entiers de bon repos. La vraie santé dans tous les sens du terme. Je me tournais vers David avec la sensation très nette qu'il méritait que je me montre un rien reconnaissant. Je te dois une fière chandelle je crois. Il se contenta d'éclater de rire. Je remarquais à cet instant qu'il avait enfilé un jeans surmonté d'un polo qui en faisaient tout sauf un jésuite ou n'importe quoi du genre. Mince;. qu'il est beau. Je pensais assez jaloux. Je ne pus m'empêcher de lui faire savoir. Putain. Mais tu pourrais avoir un paquet de gonzesses si jamais ça te passait par la tête. Ouaih.. Il marmonna. Bonne question.. Merci de me l'avoir posé;.. Tu te souviens de celle là.. Il fit en posant une main sur mon épaule. Prenant garde à rester éloigné aussi. J'eus besoin de quelques secondes pour comprendre où il voulait en venir. Mais heureusement je dispose d'une mémoire du tonnerre. Touché.. Coulé.. Je fis. En me souvenant comme je m'étais cru fort d'utiliser cette formule à la con tout juste bonne pour le dernier des clampins. Il n'y a plus qu'à sortir d'ici; Je fis en désignant le parking souterrain. C'est pas difficile, je connais l'endroit. J'y suis venu il n'y a pas longtemps. Je n‘eux qu'à le suivre et il nous dirigea droit sur l'hôpital situé à proximité immédiate. Le hasard nous fit tomber nez à nez avec Monique descendu chercher une boisson à la cafétéria. Elle manqua de la renverser en m'apercevant et surtout en se laissant choir contre ma poitrine. Je me mis à lui tapoter le dos plutôt mal à l'aise. Ca va aller Monique. Je lui dis. Empêtré dans une attitude qui très peu taillé pour moi me rendait gauche. C'est difficile à expliquer mais je n'y connais rien à tous les codes sociaux apparemment indispensables permettant aux hommes de survivre à peu de frais en société. Je suis certain de savoir parler à un pote, mais c'est une denrée qui se fait rare avec l'âge. J'ai toujours su à peu près aussi me démerder avec une femme si le courant passe bien entre nous. Mais hormis ces deux cas de figure je me retrouve le plus souvent à côté de la plaque. Ce qui fait que trop souvent dans la vie on me prend pour un zombi. Ah mais j'allais oublier un autre cas de figure dans lequel je me révèle excellent. Je m'en sors généralement très bien avec les étrangers. Les vrais. Comme ceux que j'ai pu croiser pour quelques heures au grand maximum avec la certitude de ne plus jamais les revoir.¨Pour tous les autres je m'arrange au cas par cas et tout dépend de mon humeur ou de ce que je vis moi même dans cette période précise. A condition qu'on ne vienne pas m'en demander trop avec des évènements au dessus de mes moyens. Mariages. Décès. Naissances. Graves maladies. Meurtres. Trahisons du conjoint.. Etc.. Je ne manque pas de bonne volonté mais je ne sais pas m'y pendre. Comme je ne saurais pas très bien expliquer à d'autres ce qui m'arrive personnellement de grave ou d'important. Je sais que certains sont naturellement doués pour se retrouver au milieu des grands drames de la vie. Mais ceux là on ne les rencontre pas souvent planqués contre une forêt à flanc de montagne. Ils ont de quoi s'occuper ailleurs. Conduis nous Monique s‘il te plait. Je suis pressé de le voir.. Mets moi au courant de la situation.. Je lui demandai d'une voix très douce. Je l'enserrais avec mon bras alors que nous nous dirigions vers les ascenseurs. David nous suivait à deux mètres et je remarquais qu'il ne s'était pas précipité pour se présenter. Le toubib devrait pas tarder à repasser. Elle me fit d'une voix frêle. Je m'éloignais pour l'observer. Tu es sûre que tu manges toi en ce moment. Je lui demandais. Elle remua la tête pour me faire savoir qu'elle était complètement au bout du rouleau. Je la repris contre moi et la serrais avec une sorte d'affection que je n'avais jamais imaginé posséder deux minute plus tôt. Oubliant que je la connaissais à peine cette femme. Merci d'être arrivé Si Vite. Elle me dit. Personne est venu le voir. Je n'avais jamais réalisé à quel point il a pas de famille. Pourtant il y a un tas de gens qui l'aiment bien. C'est un ancien militaire alors forcément.. Tiens tu prends les gendarmes de la brigade par exemple. C'étaient des copains à lui. Mais comment dire;.. Elle fit en soufflant et levant un bras dans un geste de dépit qui en racontait des paragraphes entiers sur ce qu'un être humain finit par perdre comme illusions de toutes sortes après une vie passée sans trop se poser de questions importantes et existentielles. Tant que son mari tenait debout et pensait à remplir le frigo ou la cuve de fuel, avec la télé qui tombait pas en panne, elle aurait été prête à jurer que la vie est simple et belle. Qu‘il suffit de le croire...


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