• Un peu plus tard dans l'ambiance générale toujours aussi étrangement intemporelle quelques uns se mirent à danser aux pieds de l'orchestre. Isabelle la première s'écria. J'ai envie de danser.. Il y a longtemps que j'ai pas dansé.. Sophie aussitôt ricanait. Cherche  donc pas d'excuse « ma petite.. » allez viens on y va. Mais ça compte pour vous aussi les mecs. Elle fit. Je me renfrognais comme si elle voulait me descendre dans une mine de souffre. Et bien commencez déjà sans nous;. Et puis on verra bien ce qui arrivera. Reprit David qui s‘y connaissait en stratégie humaine. Isabelle en profita pour le menacer du doigt. Attention David.. Je vous observe Les deux Compères.. si jamais tu essaies de te débiner maintenant.. Je remarquai comme Sophie s'emparait de sa main pour la conduire jusqu'à l'espace où s'agitaient une dizaine d'hommes et femmes sexuellement assez excités si je m'en tiens à ce que je voyais. C'était une sorte de nuit de la grande partouze dans laquelle nous étions tombés sans même faire exprès. Moi qui certainement en avait rêvé plus d'une fois quoique je n'oubliais jamais de penser qu'il faut être à plusieurs pour partouzer, mais doté d'un cerveau capable de reproduire l'inconcevable je savais parfaitement de quoi il s'agissait. J'étais loin d'être un novice. A peine s'étaient-elles éloignées de nous David se rapprocha de ma place. La musique nous enveloppait comme un vent de confettis. C'est deux gouines.. Il me fit.. Ce qui m'amena à le fixer comme si je n'étais plus certain de savoir qui j'étais. Si.. Si.. Il insista. Mais elles ont rien contre les mecs et ça je peux te le dire et la preuve c'est que toutes les deux étaient mariées avant de venir s'installer ici. En attendant c'est des garces;. J'avais un petit doute jusque là; mais maintenant je suis sûr.. Qu'est-ce que t'en penses?. A cet instant il sourit et envoya un charmant signe de la main à Sophie qui visiblement l'observait en sachant parfaitement de quoi il en retournait dans cette conversation. Il reprit dans mon oreille et son souffle chaud venait buter sur mon tympan. Mais ce qui est sûr c'est qu'elles aiment la bite.. Toutes les deux y ont goûtée et Isabelle a une fille.. Elles sont polyvalentes, c'est même ce qu'il y a de mieux ce genre de gonzesses.. Je m'égosillais dans la surprise. T'as bien monté ton coup.. Je lui fis. Il se raidit comme pour se défendre. Enfoiré.. Il m‘envoya. Non. Je repris aussitôt. Je te remercie pour tout ce que tu fais.. Sans toi ils pouvaient m'enterrer avec Raymond cette nuit.. Tes copines sont ce qu'il y a de mieux sur le marché de l'humanité et de la compassion.. Alors elles méritent ce qu'il y a de mieux pour les divertir.. C'était ça mon idée.;; Je fis. David écarta les bras. Et cela ne peut être que nous.. Il déclama. Nous éclatâmes de rire en sous serrant les mains mutuellement à hauteur du visage. Nous trinquâmes comme deux diables chauds. Passagers d'un curieux bateau qui était fait pour nous dans lequel j'apercevais d'autres comme ce type qui à deux mètres à l'abri de la table mais j'en étais certain, branlait efficacement une belle brune gonflée d'extase qui me donnait l'impression de devoir éclater bientôt. Tout ça dans l'ombre secrète de sa jupe seulement elle me semblait déjà assez Partie cette brune pour nous dire Ouvertement.. quelle vrai être humain elle était sous le camouflage honteux d'une triste civilisée comme dans l'ombre affriolante de la jupe. Elle me rendait heureux sans le savoir. Autant elle que son bourrin qui la travaillait à l'os m'allégeaient pour quelques minutes du poids maudit et assommant de la vie et de tous ses codes qui me transpercent et me taillent dans le vif comme si partout où je dois passer il pleut des couteaux. Malgré ma grande gueule je finis par me contenter de très peu avec les années qui passent. Mais je n'en dis rien. Je me tais et j'apprécie. Puis dans le même esprit je goûte de moins en moins les commentaires qui accompagnent nos gesticulations comme un souffle lourd. Quel besoin d'enlaidir nos moindre gestes et la noblesse encore réelle de quelques actes par des mots qui salissent le peu d'innocence rescapée du candide et ancien émerveillement. Un honnête homme qui sait vivre devrait se faire passer pour aveugle et plus encore à partir d'un certain âge. Les autres ne méritent pas les horreurs qui l'encombrent. Comment aimer un vieux plein d'expérience qui à tous moments se met à rappeler(et en connaissance de cause..) les règles de base de l'humanité. Les femmes comme les hommes ne sont que viande, liquides, fluides et matières gélatineuses, des os et de la merde.. Créatures Coprophages... Quand à leurs esprits nous n'y trouverons qu'avidité;. Mensonge, jouissances misérables et honteuses à éviter de mentionner sauf que nombre d'entre nous pourraient très bien tuer pour si peu... Tout ceci n'est qu'un rapide raccourci j'en conviens. Mais il contient l'essentiel puisque tous les problèmes que nous rencontrons s'inspirent d'un contenu que je me fais fort de résumer en deux petites lignes. Heureusement j'ai appris à me taire dans un effort inouïe de mettre mon esprit à la hauteur de mon âme. Plus exactement je crois de l'idée que je m'en suis fait dans le grand silence. Parce qu'il faut bien vivre et cela implique un minimum de dignité. Plus encore et aussi étrange que cela semble, dans la solitude. Les plus grands criminels prétendent ne pas en manquer de cet orgueil si coûteux. Alors pourquoi pas moi.. Je sentis soudain une main qui saisissait la mienne et m'enlevait littéralement. Toi aussi David.. Faisait encore Isabelle en m'entraînant malgré moi vers l'espace dansant. Tu vas pas nous laisser en plan. Elle continua pour David du fait que pour ma part j'étais ferré et puisqu'il faudrait danser et bien allons-y; . Je me suis dit. Oubliant un peu vite que je ne pouvais me souvenir d'avoir dansé dix fois dans ma vie. Mais David lui se montrait bien moins timide que je l'étais. De toute façon il n'y avait pas besoin de savoir danser dans cette nuit en haute mer agitée. Je la pris par les hanches pour découvrir que ce truc est pareil au vélo. Cela ne s'oublie jamais. Je fis ce que je pouvais et heureusement la musique était bonne. De solides blues épais comme j'aime et qui font tout le boulot. D'abord son regard parut se figer à la hauteur de mon nombril et mes bras qui l'effleuraient à peine. Avant de s'élever vers mes yeux. Elle semblait ne pas vouloir se départir d'une sorte de cinéma avec sa bouche et ses hanches. S'abandonnant mais avec une exagération qui m'aurait interdit d'office de prendre toute l'affaire trop au sérieux. Néanmoins je commençais à bien savoir ce que je voulais de mon côté. Me collant à sa vulve je ne tardais pas à lui faire goûter de près ce que j'appellerais mon empressement. Il me vint ainsi une idée alors qu'elle appréciait le petit massage sur son pubis qui même au travers de nos vêtements se révélait chaud et moelleux. J'eus l'envie de la prendre en levrette sans attendre qu'elle ait eu à se défaire de la jolie jupe légère. Mais pour aller au bout de mon projet il était question qu'elle conserve son slip et que les prémisses de ce genre d'aventure soient réduits à leur plus simple expression. Je me voyais ainsi quelque part dans la pénombre la retourner avec une certaine fermeté et lui permettant de se caler contre un mur, l'amener au bord de l'orgasme de quelques bons coups de reins. Tout ceci pratiquement sans prévenir. Dans le brouillard où plus tard Encore nous nous retrouverons il ne me reste que d'assez fugaces images qui ne me sembleront jamais très réelles quoique je sais que tout s'est bien passé tel que je le raconte. Nous avons continué à boire dans leur salon qui ressemblait à une serre tropicale mais aussi à un musée baba cool avec de gros poufs recouverts de tissus indiens. A quatre nous avons descendu vite fait une petite bouteille de whisky avant qu'Isabelle suggère que vu l'heure nous passions la nuit sur place. Je laissais David répondre du fait qu'il était censé conduire. Je crois qu'on peut pas faire autrement.;. Il fit en semblant toutefois me questionner. Je crois que c'est le mieux.. Si on veut bien nous offrir un coin de lit bien sûr.. J'ajoutais. Alors là.. Mon coquin. Si tu te permets de mettre en doute notre hospitalité. Me balança Isabelle pendant que Sophie s'autorisait à ricaner. Pour la seconde fois elle me saisit la main et m'entraîne fermement vers l'étage où elle est censée me prouver qu'il existe bel et bien un lit frais qui m'attend dans la maison. Je grimpe à sa suite dans la demi obscurité. L'escalier de bois sent la cire et nous amène sur un palier où nous surprend une grande peinture de la vierge que je distingue dans la pénombre parce qu'aucune ampoule directe n'est allumée à cette hauteur. Je porte ma main vers ses fesses et sans hésitation les palpe pleinement. C'est tout juste si je l'entend glousser mais ce n'est pas pour ça que je manque de tituber sous les effets de l'alcool qui commencent à sérieusement se faire sentir. Ce serait plutôt du à cette image que je me suis mis en tête et ne me lâche plus. Je la stoppe dans son élan et la retourne exactement comme je prévoyais de faire. La mettant face au mur et heureusement ce ne fut pas sur la grande toile de la Vierge qui dans le dos continuait à m'observer. Lui écartant d'abord les cuisses de mes deux mains et comme elle n'est pas née la veille elle commence vite à comprendre où je veux en venir. Elle se laisse manœuvrer et ne tente pas de se retourner au point que je m'étonne de ma dextérité. Rien ne m'arrête. Je la voulais de cette façon et aucune maladresse ne vient entacher mon élan. Quand je la fourre je constate seulement qu'elle gémit presque immédiatement avant de grogner à voix haute et au bout d'un moment j'entend un « Et bien qu'est-ce qui se passe là haut.. » Suivi aussitôt du rire de Sophie et j'imagine très bien la tête de David sachant qu'il n'était pas à plaindre lui même. Il est en de Bonne Mains.. Je me suis dis. Mais l'aventure fut loin de se terminer ainsi. Je me retirais et me laissais conduire dans la chambre qui me rappelait celle de mes parents du fait que je n'ai Jamais.. Moi même possédé ce type de chambre et de mobilier. Heureusement ce n'était pas non plus la sienne ce qui m'aurait déçu et plutôt une sorte de chambre d'ami ou de dépannage. Elle me poussa vers le lit en employant la même autorité dont j'avais fait preuve dans le couloir et la vénérable levrette que je m'étais juré d'obtenir avant toute autre discussion. J'avais la tête qui commençait à tourner et partait dans tous les sens. Ce qui lui facilitait la tâche et j'étais assez content de la voir s'activer maintenant et visiblement de bon cœur. C'est à la fin de cette séance qu'elle mena comme elle l'entendait, que j'eus droit à un ultime épisode auquel j‘étais loin de m‘attendre. Je venais de manifester une sorte d'envie d'en finir lessivé comme j'étais. Quand elle cessa aussitôt toute activité puisque c'était elle qui me dominait à présent. Je la sentis glisser hors du lit et je gardais les yeux fermés. J'étais à deux doigts de sombrer seulement ce n'était pas dans un abîme infernal semblable à quelques uns que j'avais expérimentés. Elle me laissa flottant dans le bonheur sexuel, en lévitation sur mes sens et les roulements à billes de l'alcool, la fatigue, la mort de Raymond.. La vie humaine charnelle et incompréhensible. Je ne m'imposais aucun effort et plongeais dans l'inconnu avant de sentir ma queue aspirée à nouveau par des lèvres qui le moins que je puisse affirmer est qu'elles savaient y faire. Je m'abandonnais complètement les cuisses écartées sans fournir un geste. Je me disais certainement que c'est ce qu'elle voulait et cela m'arrangeait très bien. En rouvrant les yeux après qu'elle m'ait vidé jusqu'à la dernière goutte j'eus un doute. Je ne la reconnaissais pas malgré la demi obscurité. Je fis l'effort de me lever sur mes coudes et dans l'ombre je découvris Sophie qui déjà s'en allait en ricanant. Les fesses à l'air et qui venait de proprement m'astiquer...

     

    Maintenant que je roulais au beau milieu de cette caravane, j‘avais tout le temps à ce petit train de m‘extasier sur la situation. Je fus le premier surpris en déboulant gentiment sur le square en face des Champions de me coltiner avec autant de monde. Qui l'eut cru que nous nous retrouverions un dimanche si nombreux après la petite bande qui six mois plus tôt pouvait se compter sur les doigts des deux mains. Pour moi cela sonnait un peu et même si je m'en défendais comme le grand baptême public d'une nouvelle religion venue signer une nouvelle vie après les ténèbres de l'hiver interminable. J'avais retrouvé un peuple et celui-ci paraissait bien plus à ma mesure que l'ancien trop vaste et trop flou pour mon esprit et mon âme qui n'avaient jamais jusque là réussi à réellement s'entendre. S'écorchant l'un l'autre sans pitié dans la maudite machine à laver. Donc les multitudes se montraient et pour moi en tout cas, inquiétantes avec autant de problèmes simultanés à traiter dans l'urgence pour le seul bénéfice de conserver la vie. Pourtant nous étions nombreux et je ne me sentais pas si mal et même que j'agitais mon fanion avec un enthousiasme loin d'être feint avec David à mes côtés bras et jambes en éventail. Nous n'étions que deux dans ma grosse bagnole du fait que Salvador avait le premier lancé cette curieuse idée que Ce Serait Très Drôle de Prendre le Maximum de Caisses.. Et ainsi nous voilà en convoi répartis sur deux ou trois cent mètres à klaxonner comme des bœufs sur notre passage en route vers le lac de montagne encore silencieux à cette heure et qui n'était peut-être pas si pressé de nous voir arriver. L'histoire des fanions c'était encore autre chose. Dans l'enthousiasme dévorant Michael s'était souvenu d'un vieux stock laissé un jour par un fournisseur pour un concours de pétanque. Il les avait distribué à peu près à tout le monde y compris à un de tas gens que je ne connaissais même pas de vue et qui devaient venir d'autres vallées. Il faut dire qu'à force d'en parler notre histoire était devenue fameuse et chacun avait des copains ou des collègues qui voulaient en être. Bref nous aurions pu représenter une petite force politique réunis comme nous étions. Il y avait même les anglais avec deux voitures dont une Triumph décapotable et leurs curieux volants à droite qui nous faisaient mourir de rire. Alors nous voilà partis et en tête qui pensez-vous qui trônait là bas de toute sa splendeur. Je vous le donne dans le mille. Bastien Potiné et sa Ferrari jaune ouvraient la marche dans un bruit d'enfer. Dans d'autres circonstances il aurait bien fini par m'amuser tellement il en faisait. Seulement à ses côtés se trouvait Juliette qu'il avait réussi à embarquer simplement parce que ce type ne fait que ce qui lui passe par la tête. Sans un soupçon de pudeur et cela je le crains participait aussi à ses succès. Donc nous y sommes. Cela aurait pu être une journée vraiment exceptionnelle  sous le soleil lisse et bleu et intouchable. Pur comme l'éternité. Si Juliette ne s'était trouvée là bas à portée de main de l'autre balourd. Pendant que modestement je me traînais perdu dans le peloton. Qu'est-ce qui t'arrives.. Me demanda David avec un brin d'inquiétude. Rien.. Je bredouillais après quelques secondes. La vie est belle... Voilà tout.. .

     


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  • Quand David a garé la voiture sur le parking du restaurant il devenait clair que nous n'étions pas venus jusque là pour rabâcher de tristes évènements. S'il est certain que le corps ne peut se passer de nourritures terrestres, rien ne nous empêchait de bricoler un plat de pâtes au beurre chez les deux gonzesses qui partageaient une maison appartenant celle là aussi à la congrégation, et plus ou moins mise au service de la communauté pour accueillir des gens de passage, des cours de catéchisme.. Etc.. Mais David très élégamment nous avait tous invité A Manger Dehors.. Histoire de décompresser un peu avait-il ajouté. Pour moi cela allait de soi, mais pour les femmes j'eus le pressentiment que nous allions en passer par une discussion et des arguments interminables. Quelle blague.. Je lus une joie enfantine et printanière sur le visage d'Isabelle. Ah.. C'est peut-être pas une mauvaise idée.. Elle fit. Bon.. Et bien.. Si vous avez deux petites minutes pour que j'aille me changer. Continua Sophie alors qu'aucune des deux n'eut le mauvais goût de faire remarquer qu'il était minuit passé. Pour ce qui était de Monique l'affaire était entendue. Ca va aller. Lâcha Isabelle d'une voix qui je le découvrais se révélait bien plus espiègle une fois débarrassée de la coulée de miel qui l'avait affectée tout au long de la soirée. Avec la pastille qu'elles lui avaient refilée même un cheval se serait mis à ronfler comme un bébé. Elles s'en étaient occupés et l'avaient accompagnée comme une enfant. Monique se laissait faire, n'opposait pas la moindre résistance, ne se hasardait à aucun commentaire. Il faut laisser Raymond cette nuit.. Et bien puisque c'est comme ça allons-y.. Aurais-je ajouté ensuite.. Il est au paradis et on va plus le déranger. Elle aurait répliqué qu‘il ne fallait surtout plus faire de bruit. Raymond il est comme ça;. Il aime bien son indépendance.. Il m'était venu l'idée qu'elle allait mourir à ses côtés mais qu'elle continuerait à vivre en vertu de principes qui lui échappaient. A la manière d'un gros animal.. Nos deux femmes étaient devenues tout à fait présentables après s'être changées et un brin de toilette. Je devinais un côté métallique chez Sophie.. Ou comment dire, mâture aussi. Il y avait quelque chose de la maîtresse en elle. Une femme à la voix naturellement posée sur le tranchant d'une lame de rasoir. Chaude et métallique avec une prédominance de l'un ou l'autre élément à volonté sans que l'on puisse définir lequel des deux dominait réellement l'autre. D'instinct je me méfiais. Elle pouvait avoir l'air aussi généreuse qu'elle voulait. Dans tous les sens du terme. Mon petit doigt me disait qu'il valait mieux éviter de l'avoir comme ennemie. Mais il ne m'en disait pas plus et encore moins le genre de sujets qu'il était préférable de contourner pour que tout se passe bien. Comment ne pas s'étonner après l'honnête exposé de ces à priori que mon cœur se mit de lui même à pencher pour la plus douce Isabelle. Mon esprit plus logique me disait pourtant que nous nous retrouvions sur un terrain spécial avec ses propres règles humaines, néanmoins les pulsions parlent d'elles mêmes dans nos corps où alors si je généralise un peu facilement il en est ainsi pour moi. De me retrouver en pleine nuit pratiquement au corps à corps avec une femme somme toute attirante après des heures passées dans la proximité immédiate du mystère cruel de la mort et la souffrance, me poussait vers la barbarie. Il n'est bien sûr pas question là d'empoigner une hache pour m'en aller démembrer mon prochain, plutôt d'une volonté certaine de me conduire comme un barbare et par exemple de tringler sauvagement une femme très respectable, douce et gentille, serviable et humaine jusqu'à l'abnégation, de surcroît phagocytée d'une grande morale spirituelle. Je me disais et croyais. Au sortir de la chambre mortuaire donc, je me sentais d'humeur à ripailler et m'envoyer n'importe quelle gonzesse, et celle-ci ferait encore mieux l'affaire qu'une autre. Elle avait choisi une jupe légère à volants et j'adore ça. Un vêtement d'été propice aux joies de l'esprit qui n'aime rien tant que la matière fluide et virevoltante et en un mot vivante. J'y voyais dans ce signe comme une invitation quoique assez floue. Je déteste plus que tout interpréter le hasard à mon profit et me tromper lourdement. Le goût misérable que l'erreur laisse en bouche(et que je connais..) est aussi amère qu'insupportable. Donc j'attendais pour voir. Ca ressemble à un bouge à marins cet endroit.; Laissa échapper Sophie sur le parking du bar restaurant de nuit. La mer à quelques pas gémissait et son goût salé et vert nous pinçait les narines. Je ne sais pourquoi nous restâmes en ligne à admirer le néon rose et bleu qui illuminait les effluves au point qu'elles scintillaient comme des atomes chromés dans la semi obscurité du fait de la lune se reflétant au large. Nous étions quatre ainsi fixant le vaisseau nocturne qui embarquait quelques humains en quête de vérités alternatives mais seulement pendant les heures d'ouverture. Pour nous l'affaire se présentait bien plus clairement. Nous avions besoin de décompresser comme l'avait souligné David et à juste titre. Personnellement je me disais que Raymond payait la tournée avec une poignée de pièces qui n'étaient pas un simple mélange de nickel, de cuivre, ou d'acier, mais de belles petites rondelles d'humanité. De fines et toutes rondes tranches de viande marinée qu'il faut se dépêcher de consommer avant qu'elles refroidissent et perdent leur goût sacré. A ma droite justement j'avais Isabelle qui frissonnait dans une veste de velours et sa jolie jupe légère qui j'en étais certain lui donnait la chair de poule aux cuisses(ni bas ni collants..). Je me tournais vers elle et elle se tourna vers moi en retenant des deux mains les revers de sa veste. Il fait frais en bord de mer. Je lui dis. C'est la brise du large. Elle me répondit. Je la prenais par les épaules et grommelais contre la brise fraîche. Elle se laissa faire et rien de plus puis je la relâchais. On serait peut-être mieux à l'intérieur. Il ne fait pas si chaud dehors. Dit David.;; Elle aura pas fait long feu.. Je fis remarquer plus tard en levant la bouteille de vin quand je venais de verser la dernière goutte dans le verre à pied d'Isabelle. Attention... Reprit aussitôt David en posant son index sur le rebord de ce verre. Tu sais comment on dit Isabelle. Celle qui finit la bouteille va se marier dans l'année. Alors c'est mon jour de chance. Elle s'exclama. Et avec qui je vais me marier.. Elle le dit pas ta bouteille.. Par hasard.. Non.. D'ailleurs ça ne me va pas. Moi je veux bien me marier mais seulement pour la nuit.. Ah.. S'écria David.. La maligne.. Comme ça elle peut se taper toute la cave une bouteille après l'autre et finir sur les genoux.. Je commence déjà par payer la prochaine;;. Je fis avec autorité.. Parce que moi je veux la voir saoul.. Hier c'était moi, il n'y a pas de raisons que ce soit pas quelqu'un d'autre aujourd'hui, et une femme honnête et méritante si possible pour respecter l‘égalité des sexes.. Oh mon vieux;. T'en tenais une sacré quand je suis venu te chercher tu peux le dire.. Je ne sais même pas si je peux raconter un truc pareil.. Si j'ai le droit.. Isabelle m'attrapa le bras et l'enserra contre elle.. Alors s'il me faut un mari pour la nuit j'en ai déjà un sous la main je vais pas aller chercher plus loin;. Je gloussai de plaisir et plus rien ne pouvait me surprendre avec cette bande d'humains dévergondés lancés dans la nuit marine noyée de la pâle lueur lunaire. La chaloupe des naufragés de l'humanité tanguait sous le faible jaune cru d'une série de lanternes ramassées sur des épaves et qui faisaient danser nos ombres dans la musique qui parfois nous obligeait à élever la voix pour nous entendre. Il fallait tenir au milieu de la chaude tempête humaine et charnelle. Nous étions loin d'être seuls dans la grande pièce au plafond culminant à six et sept mètres au dessus du sol. Mais tout le monde se foutait royalement de nos excentricités pour la simple et bonne raison qu'ils étaient tous aussi occupés avec les leurs qui n'avaient rien à nous envier. A croire que le rafiot donnait le mal de mer et rendait fou quiconque s‘avisait de franchir la passerelle. Ce qui nous délivrait aussitôt des chaînes blessantes de la vie sur la terre ferme. Au point que je n'hésitais plus à poser ma main sur la cuisse d'Isabelle que je découvrais chaude et mieux encore, palpitante. Elle me la recouvrit de la sienne et se tourna vers moi devant tout le monde. T'exagères pas un peu toi.. Elle fit pour faire savoir aux autres que je m'adonnais à quelque cochonnerie. Remarque;; Lui répondit Sophie en s'emparant de son autre main restée libre sur la table. Tant qu'il te la met pas dans la culotte.. Y a pas non plus de quoi en faire une maladie.. Exact. S'écria David en tendant l'index. Tu deviens une méchante fille là.. Médisante j'ajouterais même. Et bien elle est bonne celle là.. Râla Isabelle visiblement mécontente. Alors vas-y tiens alors, t'as qu'à là mettre dans ma culotte tant que t'y es.. C'est pas la peine de s'arrêter en chemin non plus si c‘est ça qui te fait plaisir.. Elle ne se contenta pas de ses absurdes paroles. Mais m'obligea à glisser mes doigts entre ses cuisses sous la divine robe légère et les fit glisser sur la chaleur de sa chatte.. Oh.. Ne manquèrent pas de s'émerveiller soudainement les deux autres se mêlant de mon intimité mais au point où j'en étais je n'avais plus grand chose à sauver. David soudain claqua des mains. Ne sommes nous ici cette nuit réunis par la grâce de Raymond.. Et si tu nous en disais deux mots;. Après tout tu es bien le seul à le connaître parmi nous.. On va faire mieux que ça;. Il continua en nous désignant de ses deux index.. J'offre le champagne à sa mémoire.. Mais vous remarquerez comme je me suis bien gardé de vous proposer de trinquer à sa santé;. Bravo David.. S'exclamèrent les deux femmes et Isabelle en fut si émotionnée qu'elle serra ses cuisses au milieu desquelles traînait toujours ma main. J‘apprécie ton geste;. Merci d‘y avoir pensé David.. D'un signe il fit s'approcher la serveuse celle-là même qui l'avait martyrisé la veille sauf que maintenant il avait retrouvé tous ses esprits et il lui colla sa main à la hanche comme s'il avait fait ça toute sa vie. Je repris à la suite. Je peux déjà commencer par raconter nos parties de pêche;. Ça vous va?.. Je demandais. Alors autant dire pour commencer que moi je n'avais jamais attrapé un poisson de ma vie avant de le connaître.. Je me rappelle même pas d'avoir eu l'idée un jour d'aller à la pêche.. Mais avec Raymond c'était pas pareil.. Nous nous enfoncions dans la forêt le plus loin que nous pouvions en portant notre matériel.. Je me demande maintenant que je nous revois si ce n'était pas plutôt ça notre vrai plaisir.. Mais dans les derniers temps c'est tout juste si je ne devais pas porter Raymond avec le reste;. Je sais maintenant ce que nous cherchions tous les deux sans l'avoir jamais dit une seule fois;. Le vrai silence.. Celui que les hommes n'ont pas encore eu le temps de polluer complètement.. Puis quand nous avions trouvé un bon petit coin qui nous convenait lui il fêtait son bonheur au petit cubitainer de rouge et croyez moi il faisait pas à moitié;. Quel enthousiasme mes amis.. Moi je partais un peu plus loin et je le laissais en paix .. Chacun faisait sa vie. Qu'est-ce que je peux dire.. J'avais la tête qui se vidait ou je me passais des films où je ne sais trop comment appeler ça.. Avec Raymond je ne me suis jamais senti de trop.. Et lui ne m'a jamais pesé.. Pour moi c'était ça le vrai miracle.. Bon il fallait que je me bagarre pour qu'il en reste un peu dans le cubitainer au moment du casse croûte.. Ca oui c'était un vrai problème;. Parce que lui s'il avait pu se traîner une citerne derrière remplie de vin il aurait pas hésité une seconde je peux vous le certifier.. Je passais mon temps à chercher des idées pour économiser le pinard. Un jour je l'ai plongé au fond d'une petite source pour dire que je le mettais au frais.. Le con,.. il s'est enfoncé dans un demi mètre de boue et a failli se noyer en glissant sur les pierres.. Il a fallu que je cours le rattraper Mais il l'a Eu.. Tellement émotionné qu'il a descendu la moitié en une fois avec la bonne excuse qu'il s'était trouvé ce cochon.. Nous nous esclaffâmes comme quatre animaux ivres et sauvages et je remarquai dans la cohue qui suivit que si moi j'avais déjà la main au niveau de la culotte d'Isabelle David profitait de l'occasion pour peloter quelque peu Sophie très peu disposée à s'indigner de la chose. Y pensait-elle seulement puisqu'elle revint à nous causer de Monique à laquelle moi de mon côté je ne pensais plus du tout. Elle morfle quand même la pauvre.. Affirma-t-elle avec une moue écœurée. Pour nous c'est trop loin là où elle habite. C'est dommage.. Elle nous assura. Oui.. Mais il y a du monde sur place dans votre trou;. La mère Tapé, elles est bien cette femme.. J'ai connu une jeune aussi qui est pas mal aux Rencontres.. Elle porte un nom de fleur(agitant sa main ouverte et ses doigts..).. Margueritte.. Fit David.. Tu as raison; elle est très bien avec les malades;. Très douce. Même si elle parle pas beaucoup;.Sinon monsieur Aldouy ferait l'affaire.. Il est de chez vous non.. Il est plus tout jeune lui aussi.. C'est un peu comme la mère Tapé.. Ils sont un peu limites;.. Regretta David. Alors c'est vraiment un trou.. Il ne reste plus que les vieux chez vous.. non?.. Ricana Isabelle. Et les mecs comment vous faites là bas;. Vous devez pas être à la fête tous les jours ou je me trompe.. J'éclatais de rire devant tant de franche camaraderie érotique mais d'un coup je vis David se rembrunir. Heureusement le champagne arrivait en grande pompe accompagné d'un biscuit offert par la direction et surmonté d'un bouquet de tiges magiques qui flambaient au milieu du cirque libidineux où nos cœurs à tous les quatre je le savais s'étaient mis aux trapèzes volants pendant que déjà les deux femmes virevoltaient sous notre nez dans d'adorables jupettes blanches toutes pimpantes..


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  • Quelques minutes plus tard nous sommes tous sortis dans le couloir y compris Monique. Laissant David et Raymond en tête à tête. Je restais debout contre une fenêtre en me disant que je n'aurais jamais su inventer une histoire pareille. J'étais loin d'être vide. Je me sentais pleinement normal. Monique pleurait pour ne pas changer. C'est toute la différence entre perdre un ami ou un bout de sa propre peau. Il existe une indéniable hiérarchie de la douleur en affaire mortuaire comme tout le reste. Et qu'il nous faut accepter à moins de tenir à se montrer irréaliste. En haut de l'échelle on trouvera la perte d'un enfant. Je situerais juste en dessous la douce moitié de l'existence. Pour ce qui est des parents il convient de se livrer à un minimum d'introspection avant de se décider. D'autant que les deux parents possèdent rarement la même valeur. Tout dépend aussi de l'héritage qu'ils abandonnent ici bas. Sachant que je ne réduis pas forcément cet héritage à de l'argent pur ou une liste de biens matériels. Des parents célèbres ou jouissant simplement d'une grosse notoriété ne serait-ce que localement, se voient en général bien plus regrettés et honorés que de pauvres gens humbles et consumés par l'amour qu'ils vouaient à tout ce qui sortait de leurs chair. Tout ce qui flatte l'ego corrompt autrement plus que nous ne sommes prêts à confesser. Raymond lui il y était en ce me moment au confessionnal. Que pouvait-il raconter d'ailleurs. Quel Crime ou Péché pourrait bien Avouer un Ange.. Fut-il vieux et Rongé par l'Alcool;.. Complètement schlass même qu'il était. Ce qui prouve à quel point dans cette matière comme dans les trois quart de ce nous accomplissons de notre vivant, l'intention compte autant que le résultat. Le Jeu d'Acteur.. également, ne l'oublions surtout pas celui-là, à mon sens est primordial. Savoir rire.. pleurer.. Amoureusement se précipiter.. S'écrier;. Exprimer une douleur.. Faire preuve d'un regard puissant.;. Mourir Comme il Faut.. Combien savent que la nature nous a doté d'une batterie de muscles faciaux extrêmement complexe. Cela ne peut être uniquement le fait du hasard. Puisque rien n'est le fait du hasard qui à l'état pur n'existe pas dans la nature. Pour en revenir à la hiérarchie des douleurs induite par la mort affreuse, l'ami, le copain, lui il n'a pas de chance puisque nous le retrouvons tout en bas du classement. Juste avant la Connaissance.. Après quoi il reste toujours le quidam et pour finir les images dont on ne saura jamais si elles sont complètement vraies des morts en pagaille de la télé. Pourtant sans lui, le copain, la vie n'existe carrément pas, ou sinon vide et ne ressemble à rien. Autant dire que ce ne serait pas une vie. J'en sais quelques chose avec le mal que je me suis donné pour peser ces divers éléments. Les heures glaciales que je leur ai consacré. Serait-ce seulement en négatif je suis bien placé pour en parler. La solitude accorde un point de vue unique sur l'univers des hommes. Les met à poil jusqu'à l'os. Ils n'ont plus rien à cacher et se reposent. Pour la première fois ils s‘observent sans chercher à rectifier les imperfections qui les rendent si faibles. Il n'y a plus de Pierre Paul.. Jacques.. Sans oublier la copine Charlotte. L'homme seul ne raconte plus d'histoires à personne. Ne monte aucun bateau. Il redevient une sorte de primitif si ça lui fait du bien. Il sait enfin qui il est. Il se reconnaît.. N'éprouvant même plus le besoin de croire lui même les innombrables conneries qu'il raconte aux autres.. Il ne rêve seulement que d'un peu de dignité. La vie en société est autrement plus marrante j'en conviens. Seulement elle laisse des ombres à moitié mortes tout le long du chemin. Des pauvres gars sans adresses; Des femmes et des hommes avec toute la peau du dos lacérée. Elle leur fait mal la vie quoiqu'ils prétendent. Ils sourient grassement. Se montrent pleins d'allant. Mais un jour sur deux ils pleurent en silence. Comme c'est chacun son tour cela ne se voit pas trop. Le grand titre de gloire serait de ne pas se plaindre. Ils savent que c'est la vie et on ne peut rien y faire. Elle est féroce par nature. Leur brise les dents au travers de fausses colères assez pitoyables. Des cris de rage dont ils apprendront toujours trop tard comme il auraient pu s'en passer. Voilà ce que je me dis. Pas d'amis, pas de colères, pas de vie. Seulement celui-ci l'ami et contrairement à tout ce que nous prétendons et jurons sur l'honneur;. Est assez naturellement remplaçable. Je dirais même mieux au risque d'offusquer. Sa mort donne trop souvent une sorte de goût à la vie qui en manque naturellement. Comme les drogues. Parfaitement inutiles dans l'absolu. Mais la vision érogène du soi et de tout ce qui existe une fois expérimentée rend déprimante le retour à la terre ferme et triste. La molle déconfiture de la réalité est autrement plus passionnante et là aussi je sais de quoi je parle. Je plane dans le ciel devenu gris de la ville aux maisons rouges qui m'ont l'air bien crasseuses et barbouillées de sang. C'est mon état d'esprit du moment qui veut ça je suis à peu près sûr. Parce que c'est comme tout le reste. Le monde s'en fout de ressembler à ceci ou cela. S'il n'y avait nous les hommes emplis de vie comme des sacs à nous agiter sans cesse pour des raisons bien futiles neuf fois sur dix. Perdus sur terre sans le mode d'emploi. Voilà le drame affreux. Les arbres, le ciel, la mer, et même les animaux sont loin d'être aussi cons ou sensibles. Ils n'ont pas besoin de se mettre à dix pour accompagner le bouillonnement cosmique des choses. Qu'un arbre tombe;. Ca Change Quoi.. Raymond s'en va. Et Alors.. Un autre arrive ailleurs. Il y a juste à espérer qu'il soit aussi bon et généreux, qu'il ait aussi bon cœur. S'il récoltait un peu plus de chance dans la vie ce ne serait pas mal également. Je dis ça. Sachant que personne n'a le pouvoir pour décréter ce qui va rentrer dans une existence. Personnellement je sais que c'est du pif. Une histoire, un destin, ne tiennent à rien. Je pourrais en écrire mille pages sur ce sujet. Seulement l'évidence de la première ligne n'aura rien de plus à apprendre à qui que ce soit que mes ultimes réflexions en bas de la dernière page. J'aurais perdu mon temps comme celui des lecteurs. Un moment je me tiens le front aussi. J'ai l'impression que son poids m'encombre ou d'avoir mal à la tête. Il n'en était rien. Je finissais par me retourner vers Les Autres.. Sophie s'adresse à moi dans le brouillard de lumière bistre du couloir qui a perdu sa légèreté inconséquente de la veille. On devrait y retourner. Je crois que c'est mieux pour Monique; Elle ne tient plus dehors..; J'apercevais Monique recroquevillée comme un petit animal dans le très laid fauteuil synthétique. Isabelle douce comme un ange balancée sur Terre après une solide formation pour gérer le malheur, la caresse délicatement. Ses mains vont des épaules au front et parfois s'arrêtent sur les cheveux cendrés ressemblant à un amas de paillettes d'étain. Allons-y.. Je fais comme si mon avis avait une quelconque importance. Tous les quatre nous nous ébrouons doucement et retrouvons le chemin de la chambre au moment où une infirmière entrouvre la porte et sourit à la vue de la scène. Elle referma doucement la porte et nous aperçut. Je vais vous laisser.. Je repasserai un peu plus tard.. Elle nous fait. Soit.. Madame.. Je pense. Nous pénétrons dans la pièce dans un silence absolu et nous glissons le long du mur. C'est une assez longue pièce rectangulaire et l'unique lit se trouve à l'autre bout devant une fenêtre aux stores à moitié baissés. La lumière est incertaine. Presque crémeuse. David est à genoux avec la tête penchée qui frôle la poitrine de Raymond. Il a seulement ceint une espèce d'écharpe de soie sombre ou violette. Il prie maintenant avec un livre saint ouvert entre ses mains. Nous ne pouvons clairement entendre sa voix. De là où nous sommes ce n'est qu'un très léger murmure comme une source lointaine. Monique s'est collée contre le mur soutenue pas les deux femmes. Je vécus une des plus incroyables expériences de ma vie à cet instant. Dans la mesure où rien ne me surprenait dans cette scène unique pour laquelle je n'étais absolument pas préparé. A peine le silence et l'attente m'ennuyaient et m'obsédaient. Ce sont peut-être des facteurs qui ont joué quand je me mis à réciter entre mes lèvres des phrases qui me revenaient de nombreuses lectures à la volée du Bardo Thodol.. la Claire Lumière primordiale, oui est la Vérité en soi, va briller devant toi. En ce moment, ton état d'esprit... En vertu de la nature de cette lumière, tu obtiendras le sublime accomplissement... Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo...Je dus me dire que rien ne doit se perdre et tout se recycle, et aussi que ça ne pourrait pas lui faire de mal d'autant que la science de David n'offrait pas plus de garanties. Enfin David se retourne et nous fixe une seconde comme s'il nous voyait pour la première fois. Lui aussi il décolle vite dans son monde quand il s'y met. Avant même qu'elle atteigne le lit Monique se met à tanguer et sans les femmes se serait ramassée en beauté. Les trois reprennent leurs chaises et David garde les mains croisées sur le menton. Je me retrouve seul debout. Raymond plus encore qu'avant m'a l'air d'un martien avec son respirateur et sa peau semble avoir fondue à la lumière. Nous ne disons plus rien. Plus un bruit. Plus un mot. Seul un souffle s'échappe du nez de Raymond ou du respirateur. De temps en temps Monique gémit et manque de s'effondrer. Les deux femmes veillent comme des louves. Je sais qu'il ne se passera rien de grave tant qu'elles seront là. Je ne me souviens pas d'avoir ressenti une telle confiance auparavant. C'est une équipe de choc que David a mis sur pieds. Rodée comme du papier à musique. A nous quatre nous l‘attendons le malheur, il peut toujours avancer. Nous tenons la tranchée et on ne bougera plus. Raymond peut dormir en paix et fixer le soleil au zénith les yeux grands ouverts. Il l'a mérité le vieux bougre. Dans cette pause nous sommes restés je crois près de deux heures. C'était loin d'être le vrai silence aussi. Les gémissements presque inaudibles de Monique. Le sifflement s'échappant de la bouche et du nez de Raymond. Les pas feutrés de l'infirmière qui régulièrement effectuait sa ronde. Elle nous contournait vite fait en esquissant un sourire. S'avisait que le matériel tournait rond. Inspectait Raymond comme elle ferait chez elle le dimanche avec un gigot au four. Humectait les lèvres gommeuses. Levait le voile blanc pour voir ce qui se passait en dessous. Une odeur poisseuse s'en échappait parfois. Puis sans un mot mais en souriant toujours fichait le camp. Je me suis demandé ce qu'elle pouvait bien ressentir avec cet objet entre les mains. Était-ce autre Chose qu'un Vieux Corps.. Des minutes entières je fixe l'appareil qui trace des sillons qui me semblent s'éloigner et rétrécir dans l'espace. Je dois me contenir parfois pour éviter de me retrouver en transe. Comme je lutte pour me persuader que tout ceci est bien réel. Je plane déjà si facilement en temps normal. Je ne ressentais rien de tragique ou du moins cela n'était pas très profond. Nous étions dans un hôpital confortable un peu comme un hôtel. Tout me paraissait parfait et contrôlé. Nous étions si loin du champ de bataille, et la moindre de mes nuits d'insomnie se révélait autrement plus compliquée. Tout semblait parti pour l'éternité quand Raymond se mit à râler affreusement. Très vite il donna l'impression de s'étrangler. Le souffle sortait de sa bouche comme brisé par un rideau de sable. Nous ne pouvions éviter de ressentir l'affreuse souffrance physique qui le brûlait de l'intérieur et brisait l'ultime dignité, le petit reliquat d'humanité suffisant pour m'offrir ses cannes à pêche. Tu ne mérites pas ça. Je pensais en me mordant les lèvres. Monique s'écria et se leva d'un bond. Mais avant d'avoir pu se jeter sur son mari comme l‘aurait voulu cette pulsion. Elle tourna de l'œil et s'écroula dans les bras d'Isabelle et Sophie qui apparemment s'attendaient à quelque chose du genre et ne semblaient pas prises au dépourvu. David se précipita vers la sonnette posée sur la table de chevet. Et en moins de deux le toubib flanqué de ses infirmières rappliquait comme dans un film. Je crois bien avoir été le seul à ne pas bouger un cil dans cet épisode. Je n'esquissais aucun geste et me contentais de suivre toute la scène à la manière d‘un invité de passage. Mais l'impression était trompeuse. Je ne doutais pas une seconde de ce qui se passait. Seulement j'enregistrais les moindres faits et gestes, le moindre bruit, en sachant parfaitement qu'un jour ou l'autre j'aurais à les retranscrire. Je m'assurais qu'il ne manquerait rien et surtout pas les petits détails qui font l'intérêt d'un récit et le rendent vivant et pathétique à l'esprit du lecteur. Le crédibilisent jusqu‘à la moelle. Puisque je le sais par expérience, subsiste toujours une part de doute dans l'esprit du lecteur qui peut aller jusqu'à lui gâcher le plaisir. Raymond agonisait et de mon côté parce que je n'y pouvais rien et me sentais entouré de professionnels qui s'y entendaient mieux que moi, je m'adonnais à mon vice préféré. Observer ce que font les autres et en tirer quelques bénéfices sous la forme de traces que je mettrais forcément par écrits un jour.. Sans l'ombre d'un regret puisque comme je ne cesse de le dire. Le destin n'est jamais venu me demander mon avis et ceux qui étaient là me semblaient bien plus doués pour répondre aux nécessités pratiques de l'existence. Je me conduisais dans cette misère Exactement comme j'avais fait pour la mort de ma mère ni plus ni moins.. Je précise ce point pour lever toute forme de malentendu sur un manque de sensibilité qui m'affecterait considérant encore une fois que je n'avais jamais entendu parler de ce moribond avant de l'avoir croisé trois ou quatre années plus tôt. J'éprouvais au contraire une étonnante affection dont les frontières n'avaient rien à voir avec les limites d'une scène interminable et plutôt triste qui emmerdait tout le monde mais à laquelle nous ne pouvions échapper. Cet amour que j'éprouvais, déjà cherchait à oublier le demi cadavre dont le sort m'inspirait de la pitié. Et encore je dirais. Pourtant ce que je ressentais pour Raymond frisait l'indicible à cet instant. Quoique je ne parvenais plus très bien à relier mon sentiment avec ce qui commençait à sérieusement ressembler à une vieille charogne. Même l'odeur se mettait de la partie. Aigre et brutale. Mélange de flux organique et de chimie. Le toubib se précipita vers la machinerie ignorant il me sembla les râles longs et rocailleux. Dont il n'avait que Trop l'Habitude.. Mais le plus urgent était bel et bien de ranimer Monique. Je trouvais personnellement que tout cela tournait un peu trop au numéro de cirque... Cinq minutes plus tard le silence complet régnait à nouveau dans la pièce. Raymond flottait dans un monde où je ne risquais pas de le rattraper à la course. A peine je percevais le frémissement de sa lèvre supérieure. Il était clair que le toubib avait mis le paquet cette fois et là plus question de se montrer radin. La morphine coulait à flot. Le petit veinard je me suis dis. Le vrai problème pour nous devenait Monique qui pour le moment se plaignait doucement sur un fauteuil pliant à quelques mètres. L'infirmière venait de l'ausculter et ne me paraissait pas très rassurée sur sa tension. Elle quitta la pièce et quelques minutes plus tard le toubib faisait signe à David de le rejoindre dans le couloir. A son retour il affiche un sourire compassionnel assez remarquable et s'adresse à nous tous à la fois. Il ne va plus rien se passer Dans l‘Immédiat.... Le docteur ne peut pas dire pour le moment comment ça va évoluer.. Ça peut durer un certain Temps.. Et il nous conseille d'aller nous reposer et revenir demain. Puis se tourne vers Monique en gardant ses mains croisées. Sophie a une chambre toute prête pour que tu puisses te reposer. C'est le mieux Je Crois.. Monique laisse échapper un dernier gémissement pour lui dire qu'elle fera ce qu'il voudra bien lui ordonner... C'est Lui qui Commande.. Je me suis demandé dans quelle galère je me serais retrouvé sans David. Et cette seule idée me donnait des sueurs froides. Soudain au moment de partir et alors que tout semble enfin réglé j'aperçois une épaisse tâche de sang qui commence à se former sous les fesses de Raymond. Je manque de m'écrier quand mon regard croise celui de l'infirmière qui vient de nous rejoindre. J'ai compris et je baisse les yeux silencieusement en me dirigeant vers la sortie que Monique aidée par Isabelle vient de franchir. Adieu mon vieux pote. Je fais entre mes dents. Attrape Nous Quelques Belles Truites là où tu Vas..

     


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  • Je remarque soudain que la nuit n'est même pas encore tombée. C'est vrai que nous sommes arrivés tôt aujourd'hui. Qu'est-ce qui a pu me faire penser que nous étions en pleine nuit alors que le soleil rougeoie à l'ouest au dessus de la ville. Il ne brûle pas puisque c‘est un soleil du soir, d'un rouge léger et décroissant. On le dirait peint à la main et à l'eau même. Tout d'ailleurs me paraît pareillement stylisé et presque organique. La matière à cette heure semble vouée à jouer son rôle primordial. Elle ne pèse pas. Nous baignons dans l'essentiel. Tout Me Parle dans ce Décor... Je dis cela mais je ne comprend rien en vérité, et cela ne me cause aucun mal de tête. Voilà l'incroyable nouveauté qui fera de cette soirée un moment unique et va marquer mon histoire pour toujours. Je me fous de savoir.;;. Les fondements scientifiques ne m'intéressent plus. Je me contente de tirer sur ma clope et j'ai comme l'impression qu'Isabelle vient de se rapprocher de quelques centimètres. Je me tourne vers le ciel dans cette attitude qui m'est venue toute seule quand l'étrangeté me parût si flagrante que je ne pouvais plus l'ignorer ou faire semblant. Continuer à dormir debout..; Le Diable venait de me frapper en plein gueule.. Deux avions tracent des lignes blanches au dessus de moi à dix mille mètres. Ils foncent vers le sud et font partie de l'étrangeté. Deux boites de conserve en plein ciel et leur cargaison de viande humaine. Il y a mille ans avec une vision semblable un homme ou une femme finissait au bûcher. Maintenant si je dis que le monde entier résulte d'un crachat de Dieu sur son propre reflet dans le miroir d'une mare de sang au paradis;... C'est tout juste si je me ramasserai un sourire de compassion gênée. Les temps changent et le ciel est toujours du même bleu. La ville s'assoupit et je commence à croire qu'il ne va plus rien se passer ce soir. Que peut-il arriver de grave au milieu d'une douceur pareille.. Isabelle se tape sur les cuisses en se redressant. Il faudrait peut-être remonter. Elle me fait. Je rouvre mon esprit pour l'observer avec ces mêmes yeux qui eux ne s'étaient pas refermés. Elle glousse et me dévisage. J'ai toujours pas répondu à ta question.. Oui..; Elle me lance d‘une voix assurée. Je me donne du mal pour vivre, et c'est pas facile tous les jours.. Tu peux me croire.. On y va ?.. Elle continue très gentiment. Nous nous levons et reprenons le chemin de l'ascenseur. Nos épaules se touchent et je sens sa hanche. J'ai vraiment le sentiment que si je la prenais par les épaules elle se laisserait faire sans l'ombre d'une histoire. J'ignore seulement ce qu'elle pourrait avoir comme réaction si sans prévenir je me mettais à lui caresser le cul. Au moins à ce stade. Le toubib s'affaire auprès de Raymond à notre retour. Il m'a l'air toujours aussi rigolo, et je me demande quel effet sa tête peut avoir sur ses clients. Si ça joue dans leur destin. Indubitablement cela joue et ne peut être complètement neutre. Je crois qu'il me sourit, mais rien n'est sûr. C'est peut-être sa tête normale et le sourire en fait partie. Il touche un peu à tout et plus précisément sur ce qui me paraît être le débit des sondes. Il reprend à nouveau la poignée de Raymond qu'il garde ainsi de longues secondes. Interminables. Puis il se penche et l'ausculte au stéthoscope sous le voile. Ce qui me permet d'apercevoir la peau de sa poitrine blanche et sèche. Elle évoque pour moi certains papiers d'emballage de mon enfance chez le boucher notamment. Monique choisit cet instant pour se remettre à sangloter. Le toubib se retourne légèrement pour l'inciter à se rasseoir. Il s'empare de sa main et la pose sur celle de Raymond dans une scène poignante au possible. J'en ai les larmes aux yeux comme tout le monde. Je me dis que ce n'est que la vie et qu'il faut faire avec. Il se tourne vers David qui affiche un visage neutre et serein. Normal c'est David et c'est son métier. Il se montre solide dans l'épreuve. Il a du répondant;. Il assure.. Le toubib a enfin l'air satisfait. Content de lui. L'Histoire Suit son cours Normalement.. Je réalise qu'il vient de mettre en marche un appareil qui déroule interminablement une onde électrique que je vois s'élever et mourir. Elle me fascine comme si je comprenais enfin les raisons de toute la folie qui affecte l'humanité, toute cette course en avant dans le monde des machines, avec ce génie humain que trop souvent je prends pour un simple gaspillage. Voilà donc à quoi ressemble la vie électrique intérieure des hommes. Je me dis. La vraie raison de toutes ces forces gaspillées depuis des millénaires. Je serais presque fier de ma race tout à coup. Si dès demain il ne me fallait retrouver la noirceur de nos esprits qui pris l'un après l'autre et séparément ne valent pas grand chose. Le toubib recule d'un pas. Un petit coup d'œil encore autour du lit et il s'arrête sur David. Je ne bouge pas d'ici cette nuit.. Je suis de garde.. Si.. D'un geste vague il signifie quelque chose de tout aussi vague. Personnellement j'ai l'impression d'avoir compris. Je me suis penché vers Raymond qui ne montre aucun signe de vie. Mais peut-être qu'il dort simplement. Le toubib nous aurait averti je crois s'il s‘était passé quelque chose. Je le fixe un long.. Très long moment. Au point qu'il me semble devenir irréel. Il m'aide je le sais, à Progresser Encore.. prendre conscience de l'irréalité du monde et de tout ce qui l'entoure. Nous vivons Je le Sais.. dans une sorte de rêve éveillé et bruyant. Interminable. Mais rien n'est clair. La vie.. La mort.. Les étoiles.. Les lois de la nature d'où viennent-t-elles?.. Je perçois un cil qui bouge. Lentement et comme s'il voulait s'ouvrir. J'ai soudain l'intuition que le toubib est passé par là. Il l'a aidé à nous rejoindre en manipulant tout ce machin, les sondes, les ondes électriques, les robinets.. . J'en suis certain maintenant qu'il ouvre les yeux et m'aperçoit. Je devine un mouvement autour du lit mais personne ne se permet de venir nous déranger dans l‘ultime tête à tête. Le toubib lui s'est déjà tiré vers d'autres mystères. Je me contente de lui sourire comme je viens d'apprendre à le faire avec notre équipe de professionnels. Raymond.. Je lui susurre à peine mais le(mon;.) visage tout embelli. Volontairement.. Je viens de passer Pro moi aussi entre la descente à la machine à café et le retour où je lorgnais les fesses d'Isabelle. Alors que je crois percevoir un geste de sa main libre. L'autre est jalousement serrée par Monique qui ne fait qu'inonder le sol de ses larmes silencieuses. Moi je l'observe avec une bonté éternelle mon copain. Je diffuse seulement pour lui un océan d'amour et d'amitié. Je le fixe dans les yeux en gloussant presque de plaisir. J'essaie avec tous mes moyens de lui donner ce que j'ai le sentiment de lui avoir refusé auparavant. Par égoïsme, flegme, ou seulement ignorance.. Je balance lentement la tête au dessus de lui pour qu‘il sache comme définitivement je l'aime... Jusqu'à ce que je le vois remuer ses lèvres sombres et je devine qu'il cherche à me parler. Alors je me penche jusqu'à sentir son souffle crémeux et fade. Tiède et écoeurant. Extraordinairement humain. Il doit s'y reprendre à deux fois avant que je puisse comprendre ce qu'il tient à me dire. Je finis par entendre mais je ne suis pas sûr d'avoir bien compris. Comme si c'était carrément impossible à croire. T'e'm'prend pour un Con... Il répète à deux reprises plus ou moins bien. Il me faut quelques petites secondes d'immobilité afin de permettre à mon cerveau de valider la phrase. Puis je me mets à rigoler comme une baleine au dessus de lui. Parce que je ne trouve rien de plus intelligent à faire. Mon Dieu. Merci de me rappeler qui je suis réellement par la bouche de Raymond. Lui il n'a plus les moyens de se marrer. Son corps à bout s'y refuserait mais son esprit;... Me Passe le Flambeau.. Tu me Prends pour un con... Heureusement j'ai la présence d'esprit de camoufler cette histoire par des espèces de gros sanglots lourds et théâtraux. Mais qui pourrait les prendre au sérieux, et après un moment je préfère m'éloigner du lit pour me réfugier à la fenêtre comme si je m'astreignais à méditer sur les grandes énigmes qui nous écrasent. Je rencontre le regard de David qui avec un sourire contenu me fait comprendre qu'il n'est pas dupe. Lui aussi il ne faudrait pas le prendre pour un con. Il serre les dents pour garder une contenance et ne pas s'écrouler de rire. Mais il n'y a rien de pire que le rire communicatif surtout dans des moments aussi tendus. Sophie et Isabelle commencent à s'y mettre elles aussi comme il fallait s‘y attendre. En moins de trente secondes nous passons de la tragédie à un spectacle de cabaret monté de toutes pièces et à la va vite. Il n'y a plus que Monique à respecter les circonstances, seule vraie innocente. Nous l'excusons et la comprenons. Pendant que nous de notre côté nous faisons ce que nous pouvons pour retrouver un minimum de dignité. Je croise le regard d'Isabelle qui garde ses jolies lèvres closes. N'empêche que derrière celles-ci elle se marre pareillement. La vache. Au point que ses joues tremblent. Elle soutient mon regard sans problème et cette fois je me dis que c'est du costaud cette affaire. Qui sait maintenant comment va finir toute l'histoire. Mon regard se perd ensuite sur la ville et la nuit qui tombe belle et violette comme la cape immense de Mandrake le magicien. Inopinément j'ai un doute. N'était-elle plutôt rouge à l'intérieur et noir au dehors?.. Décidément je vieillissais à la vitesse de l'éclair à cette époque. Si je ne pouvais même plus me souvenir des couleurs de la cape de Mandrake le prince des hypnotiseurs. David à son tour se penchait vers Raymond et s'immobilisait. Il leva une main en arrière et garda la pause. Avant de me faire signe de revenir. Je me dépêchais en retrouvant une sérénité inattendue. Comme quoi j'étais bel et bien en train de changer. Le visage de Raymond s'est à nouveau transformé. Il n'est plus qu'une grimace informe et bientôt sera grotesque. Monique ne le lui lâche plus la main, mais c'est à moi qu'il veut parler. Je colle mon oreille pratiquement sur sa bouche tant la voix n'est plus qu'un souffle pitoyable. Mes cannes à pêche.. J'entend à peine. Oui.. Je fais.. Tes cannes à pêche.. Je répète.. J'te les donne.. Elles sont à toi.. Je me suis retrouvé avec la gorge nouée et l'envie de rire dissoute dans l'haleine fétide que je me sentais prêt à remplacer par la mienne si cela avait été possible. Il n'en avait pas fini. Dis moi Raymond.. Je lui dis pratiquement dans l'oreille. Un prêtre.. Il Fit..... J'ai Soif... Un Prêtre..... Il marmonna d'une voix de cadavre obstiné. Son esprit quand à lui vivait comme jamais. Il allait s'éteindre mais dans une dignité absolue. T'em m'prends pour un con... Il m'avait dit. David. Je m‘exclamais. Il veut voir un prêtre. Me sentant blême comme si c'était moi qui en avait besoin. Il se contenta d'un signe de la tête. N ‘était-il venu pour Ca..


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  • Le temps se dilatait comme un vieil élastique. Plus rien de devait arriver. Nous étions autour de ce feu de joie qui refusait de s'éteindre et à vrai dire nous ne savions plus quoi faire. Heureusement l'infirmière qui s'occupait de la machinerie passait de temps en temps et cela nous occupait quelques secondes. D'autant qu'elle s'était avisée de ramener des chaises et nous étions beaucoup mieux ainsi. Les bruits naturels d'une petite troupe d'humains flottaient comme suspendus dans l'air et Raymond s'était déjà complètement endormi. Visitant Son Nouveau Monde Comme il se Doit Avant la Signature du Bail.. Parfois Monique se remettait à gémir et l'une ou l'autre des femmes l'entourait gentiment par les épaules et très vite elle nous rejoignait dans le silence. David Priait.... Il gardait les yeux mis clos et pas une seconde n'avait dérogé à ce que nous nous étions dit. Raymond n'avait jamais pu blairer Ces Connards de Curés.., ce que je lui avais raconté aussi crûment que ça. Pour un oui ou pour un non et plus encore quand ça ne mordait pas à la rivière, c'était la faute aux curés. Maintenant je regrette un peu de n'avoir jamais pensé à lui demandé ce qui lui avait mis cette obsession en tête. Ce que je trouve un peu dommage parce que je soupçonne que cela pouvait être intéressant. David manqua bien d'éclater de rire quand je tins à le prévenir des sentiments de l'ami Raymond envers sa confrérie.. Qu'est-ce que ça peut faire.. Il me fit en haussant les épaules. A la suite de quoi il ne manifesta jamais la moindre velléité de revenir la dessus. A aucun moment il ne tenta de ramener sa science qui ne fonctionne, et je ne met pas en doute le fait qu‘elle peut très bien fonctionner, qu'avec l'accord de toutes les parties. S'adresser à Dieu ça ne marche que si on y croit à cent pour cent? Pas à quatre vingt dix huit, et ni même quatre vingt dix neuf.. Non;. Non;. Et non;. C'est cent pour cent ou rien.. Alors David priait dans un silence proche du sublime et du divin. Non pas pour Raymond.. Mais pour nous tous et aussi l'humanité entière. Ce qui était parfaitement son droit. C'est ce que je pensais et il ne me vint pas à l'idée de vérifier si j'étais dans le vrai. Je n'avais pas le moindre doute. A un moment nous nous mîmes à sortir par groupe de deux histoire de prendre un café, aller aux toilettes, et surtout de respirer le filet d'air frais du rez de chaussée. Je me retrouvais sans le faire exprès avec l'équipière de Sophie et c'est dans l'ascenseur que je frôlais ses hanches. Nous étions serrés l'un contre l'autre du fait du manque de place et je n'y pouvais rien. L'incongruité de ce que je me mis à imaginer à cet instant m'obligea à mener une lutte sévère contre l'instinct blotti quelque part dans un coin profond du cerveau et qui se moque royalement de la solennité d‘une situation. Cet instinct là lui savait que nous jouons la comédie les trois quart du temps. Ce qui ne fait pas de nous des êtres sans foi et sans scrupules et loin s'en faut. Je pense même au contraire que nous nous montrons sublimes dans ce bain de petites misères. Je me doute bien qu'il doit certainement exister des personnages au dessus du lot. Des capables de pas bander le soir où leur pote va mourir. Des hommes et des femmes qui habitent sincèrement dans leur peau au point de concorder à cent pour cent avec les émotions qu'ils donnent à voir et pour lesquelles ils attendent d'être payés en retour. Des sortes de héros bons et francs comme les vrais simples d'esprit. Moi je suis un petit bonhomme et le frottement accidentel contre cette gonzesse me fit glisser dans une ambiance surnaturelle. Pour un peu je me sentais filer au paradis sur les rails d'une mort omniprésente qui enfin devenait réelle mais pas douloureuse du tout en vérité. Je manquais de la prendre par les épaules à la sortie de l'ascenseur. Tout ça parce que nous faisions équipe pour un soir et que cela semblait nous donner une sorte de droit les uns sur les autres. Un peu comme si nous nous retrouvions à camper en pleine montagne dans une longue randonnée. On avait beau ne pas se connaître quelques heures plus tôt il faut bien voir que si jamais il nous venait à l'idée de vivre quelques aventures typiquement humaines, cela ne pourrait se faire qu'entre nous par la force de choses. Alors autant s'y mettre de bon cœur. Seulement ce n'est qu'une idée et qui ne me rendait pas malade pour autant. Fugace et vouée à mourir sur le bûcher de tout ce qui se pratique en termes de civilisation. Que peut-on faire des cendres à la fin quand il n'y a plus rien à brûler et que la loi qui régit le monde nous traite exactement pareil les uns autant que les autres. Les saints comme les vieux voyous; Qu'est-ce que je donnerais pour que Raymond vienne me raconter comment ça se passe. Et moi quand j'y serais sur le pas de la porte, qui voudra bien se poser ce genre de questions autour de mon lit de misère et ne serait-ce que pour me permettre de servir à quelque chose une dernière fois. Rien ne se perd selon moi dans un monde idéal. C'est pour ça que nous jouons la comédie avec la certitude d'avoir quitté l'état animal. Nous sommes des êtres humains et nous nous posons des questions.;; Qu'est-ce que tu bois.? Je lui demande quand elle revient des chiottes. Je pense en lui souriant qu'elle doit avoir la chatte toute trempée de pipi. Je peux même la voir en image. Mais elle ne sait pas ce que je pense ou vois. Ne le Devinera Jamais.. Raymond deux étages plus haut risque fort de ne pas passer la nuit. Risque.. Qu'est-ce qu'il risque mon copain?. Des clopinettes. Ce soir ou demain n'y changera rien puisqu'il n'ira plus jamais pêcher sur la rive de notre rivière tendre et fraîche. Au milieu de crapauds qui sautent dans l'eau En rafales.. Normalement elle doit s'imaginer que mon esprit est pleinement voué à Raymond. Alors qu'il analyse la situation et elle n'est pas si mal du tout cette gonzesse maintenant que je la vois de plus près. Un café pour moi aussi puisque tu me l‘offre de bon cœur.;. Elle me fait accompagnée d'un sourire à peine différent de celui que je lui ai vu afficher toute la soirée. Sa belle grimace de professionnelle qui m'a tant impressionné. Tu préfères pas qu'on aille le boire à l'extérieur. Je lui demande. Si... J'ai envie de fumer une cigarette justement. D'un coup je la trouve plus humaine. Presque compréhensible. Nous prenons place sur un banc de fer quelques mètres au delà de la porte d'entrée. Mon café est très chaud et j'ai l'impression que tout devient flou autour de nous. Même en pleine ville je pense. Le silence de ce soir est étrange. Incroyable et impressionnant. Le monde des vivants n'est qu'une triste illusion. Si nous étions réellement vivants nous serions éternels à n'en pas douter. N'étant que de passage nous en sommes réduits à pleurer sur notre sort les uns sur les autres. Chacun son tour tout au mieux. Nous devrions un jour trouver d'autres manières de nous interroger sur ce que nous pouvons faire et pas faire dans une existence. La pire de toutes les plaisanteries que je connaisse est celle qui nous oblige à vivre minute après minute comme si le stock était inépuisable. Parce que c'est inné et tellement enfoncé profond dans notre cerveau qu'il est impossible d'aller le rechercher l'Innée en question.. L'extirper sans endommager gravement le reste. Les éléments périphériques.. Pourtant je sais ce qu'il en est et depuis longtemps. Je ne dois pas être le seul d'après Ce que j'ai Lu.. ici et là. Quoique je ne puisse en tirer aucune gloire; Cela n'a pas changé grand chose à ma vie de découvrir toutes ces facéties. Il fait vraiment doux ce soir.. .Il paraît qu'il va faire chaud dans les prochains jours.. Elle me fait en sortant son paquet de cigarettes. Je peux t'en offrir une... contre le café;. J'hésite une seconde parce que je ne fume jamais comme ça au quotidien. Mais je m'empare de la Malboro qui dépasse et ma foi je la trouve bonne en me la coinçant entre les lèvres. Tu as du feu. Je lui demande. Je ne sais même pas comment tu t'appelles. J‘ajoute aussitôt. Excuse moi. Elle me sourit. Moi c'est Isabelle. Et toi.. Humm. Ce n'est pas triste de perdre un ami.. Cela ne doit pas l'être.. Dieu ne nous met pas au monde pour que nous soyons tristes et regrettions quoi que soit;;. Je l'écoutais mollement en tirant quelques tafs. Elle croit ce qu'elle dit et j'y mettrais ma main au feu. Je pense de toute façon qu'elle a le droit de penser ce qu'elle veut. Je pense bien de mon côté que si je pouvais l'enculer je ne m'en priverais pas. Ainsi va la vie. Elle a un beau cul, des seins pas mal du tout et la belle quarantaine. Que demander de plus. Puis toutes ces histoires se passent dans la tête alors où est le problème. La vie ne sera jamais qu'une rage froide permanente. Avec le déshonneur au bout et pas moyen d'y échapper. La dernière séquence sera affreuse et pas moins douloureuse que la féroce expulsion du début de l'histoire. Je me tourne vers Isabelle. Est-ce que tu te donnes du mal pour vivre?.. Je lui demande. Mais je la sidère tellement qu'elle ne peut me répondre immédiatement...

     


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