• Assez de Blaireaux sur Terre (120)

     

    Celui-là, tournant le dos au comptoir avec ses coudes en arrière solidement plantés dessus menait son petit monde à la baguette Non. C'est sûr.. il faisait. Qu'il y a encore des bons coups mais;.. J'ai pas non plus marqué pigeon sur mon front.. Les anglais tu les ballades, allez reconnais-le.;. Tous éclataient de rire en frappant les omoplates de Salvador à qui Potiné publiquement faisait la leçon. Pour moi une affaire valable, c'est du simple au double sinon je sais où mettre mon pognon ailleurs.. J'achète cette année et je vend le double l'année prochaine et pas dans dix ans.. Là oui je suis d'accord.. Si t'en connais tu me fais signe, tu sais où me trouver.. Salvador pourtant rôdé à toutes les exagérations commerciales se dit qu'il y allait un peu fort. Si c'était facile on serait tous milliardaires.. Rétorqua-t-il et je m'étonnais de l'entendre aussi sage. Je me suis habitué avec lui à des audaces sans frein. Il est si incertain de l'avenir à l'échelle même d'une semaine qu'il conjure le sort comme un damné accroché à ses porte bonheur. Son truc est d'être positif. De ne jamais avouer un doute, une légère faiblesse qui ferait tout s'écrouler. Il grogne de plaisir du matin au soir. Il mord dans sa chance et s'il lui trouve un mauvais goût il jure qu'il aime ça. Il combat jour et nuit, ne baisse jamais la garde. Un guerrier joyeux à l'humanité parfaitement contrôlée. Un cas d'école bien adapté à notre petite vallée rachitique et biscornue. Comme nous tous avec chacun sa manière. Coincé au ras des montagnes trop orgueilleuses comparées à nos petites vies. Il évite comme il peut la contemplation des cimes. Ce qui en fait un type bien selon l'avis général. D'une plaisante humanité qui ne lui attire que des compliments. Alors c'est que t'as pas de bons coups à me proposer.;. Repart Potiné. Moi je t'ai déjà dit ce que je cherche.. Des petites ruines à retaper et ensuite je les loue dans le système des anglais;. Je les garde un an ou deux maximum pour les impôts;. et je les revend.. Et en attendant c'est ta petite jeune qui s'occupe des locations.; Il faut bien qu'elle s'occupe c'est pas vrai?.. Antoine minaude un peu par en dessous. C'est une technique que je lui connais. Il lance un premier hameçon gentiment. En attendant de voir ce qui remonte. Toujours l'air d'être là un peu par hasard. Si ça accroche il sort la suite planqué dans sa manche, ou il improvise. C'est selon. Dans ce cas précis il gratte l'histoire de Juliette qui émeut un peu tout le monde. Faut-il aussi que Potiné soit dans un bon jour et morde à l'hameçon qui me paraît vraiment gros; . Enfoiré.;. La réplique ne s'est pas faite attendre mais je la prévoyais un peu. Je suis toujours marié au cas où tu sais pas.. Je suis pas pédé ducon.. C'est pas un mec qui m'attend quand je rentre chez moi.. Qu'est-ce que t'avais cru?.. Il faut bien que je pense à mes résidences secondaires pour les vieux jours.. Dans moins de dix ans j'arrête tout;. Qu'est-ce que tu crois?.. Que je vais me tuer au boulot jusqu'à soixante dix ans.. Y a assez de blaireaux sur Terre qui demandent qu'à bosser.. Je les laisse;. Mais alors c'est elle qui va s'occuper des locations si j'ai bien compris.. Minaude encore Antoine qui a ses petites fiches à mettre à jour sur toutes les grandes questions nous concernant. Ouaih.. Il y a des chances.. Elle est bien cette petite.. Douce.. Calme;. Très intelligente(levant l'index;.).. Que des qualités..; Elle peut faire son trou par ici.. Tout ce qu'il faut pour elle;. Parle toutes les langues.. Mais quelles langues exactement.. Couine à nouveau Antoine alors que tous semblent cesser de respirer. Déjà c'est pas ta langue de pute.. Le tacle Potiné en se retournant. J'ai personnellement ressenti ce qui se tramait derrière les mots; Comme une brûlure qui par ricochet me touchait en plein cœur. Potiné avait donc lui aussi ce point sensible. Une façon de se sortir d'affaire et des gestes plus vifs que ceux que je lui connaissais d'habitude. Un homme alors corruptible et faible. Le pauvre. Sur une île déserte où nous nous retrouverions seuls je me demande bien ce qui pourrait arriver. Discrètement mes yeux glissent sur Sam qui a l'air d'être à cent kilomètres de toutes nos méchancetés. Levant son verre avec le petit Jason. Doux et brillant. Comme sur une autre planète. Allez Michael.. Fait Potiné. Tu nous en remets une vite fait.. Je dois y aller.. J'ai pas que ça à faire .. Moi.. Nous balance-t-il encore superbe et contrarié...

     

     


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