• Avant même d’être Né.. (67)

    Le cœur pincé mais troublé à l'idée de me retrouver avec la Femme de Raymond sur les bras, seul à l'instant où mon pote passerait l'arme à gauche, je reconsidérais soudain la proposition de David qui la veille souhaitait vivement m'accompagner. Je n'attendis pas une seconde pour chercher à le joindre. Cependant et malgré qu'il décrocha il ne put me répondre que dans une sorte de langage succin me faisant comprendre que le moment était mal choisi. Je te rappelle dès que je peux. Fit-il d'une voix basse et très douce comme s'il craignait d'affecter quelqu'un se trouvant à proximité immédiate. Sacré boulot. Je me dis en songeant à toutes les simagrées auquel il lui fallait se livrer. Mais je n'eus guère le loisir de m'appesantir sur de telles images. Maggy apparaissant en haut de l'escalier pour me couper l‘envie de réfléchir plus longtemps. Je ne l'avais pas imaginé fringuée de cette façon. D'un pantalon de cuir et d'une veste noire qui la changeaient du tout au tout. Une pensée me traversa l'esprit. J'étais un sacré veinard mine de rien. Je me levais à moitié pour l'accueillir. Me fendant d'un sourire qui avait directement à voir avec son pantalon en cuir lui dessinant l'entrecuisses et le chemisier gonflé d'une chair odorante où que j'imaginais telle. Elle se contenta de me tendre sa main libre gardant l'autre ostensiblement encombrée d'imposants classeurs qu'elle déposa ensuite sur la moitié de la table. Bon. Nous y voilà enfin. Elle fit. D'une voix claire et sans nuance particulière, du même tonneau que celle utilisée dans la plupart des bureaux dans le monde. Vous prendrez bien quelque chose. Avant de passer aux affaires sérieuses. Bien sûr. Je tentais sans me départir de mon demi sourire. Elle rumina. OuaiH.. Après tout. On en est plus à cinq minutes près. Je prendrais bien un thé.. Ce sera un Plaisir pour moi de vous l‘offrir.. Madame.. Je lui répondais en me levant. Je la retrouvais peu après le regard perdu au sommet des montagnes. C'est beau n'est-ce pas. Je fis. Me gardant de me montrer trop mielleux. Elle soupira. Je les ai pourtant vu toute ma vie, mais j'en arrive encore à être étonnée de les retrouver aussi belles chaque jour. Merci. Elle ajouta pour le thé que je déposais délicatement sur la table. Elle le sucra et le porta lentement à ses lèvres. Je me demandais jusqu'à quel point elle pouvait être consciente de ce qui me trottait à l'esprit. Vous faisiez quoi avant de venir vous installer par ici?.. Elle me demanda. Je la fixai profondément bien décidé à profiter de la perche qu'elle venait de me tendre pour commencer à lui parler de mon cas. Je vais être honnête avec vous. Je soufflais. Je ne me souviens de rien d'intéressant.. J'ai vite mal au crâne rien que d'y penser. J'ai à peine le souvenir de m'être réveillé un matin en bas de cette montagne. Sinon c'est flou.. Pour tout ce qui était avant.. Terriblement flou.. Elle pinça ses lèvres d'une manière qui signifiait que je pouvais continuer sur cette voie si je le sentais mais que c'était encore loin d'être gagné. Vous voulez me jouer le coup de l'étranger ténébreux là ou quoi... Je tournais la tête vers la baie vitrée. Soufflant doucement comme un homme qui va se plaindre à haute voix. Ma vie ne fut pas glorieuse pour un sou. Pour tout vous dire. J'ai souvent l'impression de m'être trompé de peau à la naissance. J'ai sauté dans la mauvaise, et je suis à peu près sûr de ça. Oui. Je crois que la femme qui m'a porté s'était elle même fait avoir par mon père, roulé dans la farine comme il faut.. ce fut une erreur grave et définitive avant même que ça commence, vous comprenez. Elle aurait mieux fait de s'abstenir dès le départ ou au moins;... accepter que le droit à la vengeance se trouve inscrit dans les gènes pour s‘être fait avoir comme ça. Elle ne méritait pas la vie misérable qu'elle connut par la suite et encore moins pour ce boulot de mère porteuse.. Je ne lui en ai jamais voulu puisqu'elle n'y était pour rien. J'ai simplement toujours pensé que c'était pas la bonne et que n‘importe qui, même la voisine, aurait mieux fait l‘affaire. Par contre elle était pas mal physiquement. Pas mal du tout. Un peu comme vous.. Si vous permettez que je me serve de votre charme à titre de comparaison. C'est d'ailleurs la seule chose positive que je retiens si je regarde en arrière. Seulement j'ai pas compris alors que ce ne serait pas elle que je devrais aimer plus tard à l'âge adulte. Elle appartenait déjà à un autre que je n'ai jamais beaucoup apprécié. Pour moi ce fut une sorte de drame quoique j'étais gamin. Cette idée que ça ne collerait pas entre la vie et moi. A cause de tout ça.. M'est venue très tôt.. J'aurais pu me battre et surmonter. Il n'en fut rien. Je me laissais accabler sans comprendre ce que ça voulait dire. Puis quand j'ai réalisé mon erreur il était trop tard. Forcément.. Je m'étais noyé dans son ventre et selon les lois de la nature. Avant même d'être Né.. J'étais fait.. Comme un rat. Tout est parti de là, et aujourd'hui vous me retrouvez dans cette vallée magique. Assis devant vous à raconter ma vie. Je quittais la vue des montagnes pour me tourner vers elle. Je vous ai pratiquement tout avoué à présent. J‘aimerai en savoir autant sur vous...


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