• Dans la Vie d'un Homme.. (111)

     

    Comme tu t'es rendu compte.. Les langues étrangères c'est pas ma spécialité;. Moi c'est dans l'immobilier que je suis spécialiste.. Il faut de tout pour .. Faire un monde.. Je continue à sa place.. Exactement ça.. Conclut-il pompeusement. Puis arborant une mine pointue il rajoute, sauf que déjà je vois son idée se préciser. Mais toi t'as l'air de t'y connaître en English.. Ou je me trompe.. Je ricane et avale une gorgée de bière. Allez crache le morceau.. Qu'est-ce que t'as derrière la tête.. Il se marre là dessus. Je me suis dit que tu pourrais me donner un coup de main avec les anglais.. T'as du temps à toi... C'est ça.. T'as qu'à dire que je fais rien tant que t'y es.. Je le coupais mais loin de s'offusquer il balaya mon indignation d'un geste et poursuivit. ..Et quand je fais une vente je partage ma commission avec toi.. Si je te dis les sommes que ça représente tu vas tomber par terre.;. Ca met vite du beurre dans les épinards crois moi.. Je m'accoude alors sur le comptoir. Tiens l'ami Robert.. Je l'entends s'exclamer dans mon dos. Je te présente mon copain.. Il fait ensuite à ce Robert que je ne connais pas. Celui-ci me tend la main et je devine aussitôt qu'il va rapidement devenir membre à part entière de la communauté. J'apprends dans la conversation et en moins d'une minute qu'il enseignera au collège à la rentrée. A la suite vient l'éternelle question posée à tous ceux qui débarquent par ici. Ca te fais pas Peur de Finir dans ce Trou.. Je m'y colle personnellement et je remarque à cet instant comme je me suis fondu dans le paysage pour de bon. Robert lui se contente d'éclater de rire. Mais c'est bien pour ça que je voulais venir.. Pour oublieeerrrr.. Il hurle presque. Qu'ils y restent là haut au milieu du bruit et qu'ils s'épuisent jusqu'à crever dans leurs embouteillages.. Moi je veux finir ma vie sans qu'on vienne plus jamais me parler de plan de carrière ou de promotion. Je pourrais même me décider à prier pour que le collège d'ici ne soit pas agrandi avant que je parte à la retraite.. Ce que je veux maintenant c'est être tranquille.. Il n'y a pas longtemps j'ai eu une illumination.. J'ai compris pour la première fois qu'on va tous mourir un jour(Encore un je pensais..).. Et le pire c'est que ça m'arrivera même à moi.. Vous vous rendez compte les hommes.. Et depuis ce jour là j'ai décidé de m'adapter à mon destin. Je veux qu'on me laisse tranquille.. Mais surtout.. Que le Temps Aille Moins Vite.. Qu'il Ralentisse une bonne fois pour toute.. La Course Pour Moi.. c'est Fini.. Vous comprenez.. Fichtre.. Lui rétorque Salvador sans pouvoir s'empêcher de siffler. Émerveillé peut-être. Il nous manquait plus qu'un intellectuel dans le coin. Ce qui nous valait bien une nouvelle tournée. Robert venant de brillamment réussir son examen d'entrée. J'aurais du me douter que j'allais oublier mes ultimes obligations de la journée. Dans la soirée le téléphone sonna dans ma poche et je me retrouvais à expliquer à l'imprimeur que malheureusement et malgré mes promesses dures comme du bois, j'avais été retenu. Nous devions revoir ensemble la maquette du bulletin et en vérité je me maudissais d'avoir accepté cette dernière tâche. Échangeant à nouveau un peu plus de moi contre de la menue monnaie. L'imprimeur fit semblant de me croire et ce sujet me parut d'un intérêt suffisant à alimenter une conversation de comptoir avec le nouveau venu. Bénéficiant d'un point de vue clair avec ces deux évènements se juxtaposant j'ai senti que j'avais des munitions pour la soirée. Seulement l'ambiance n'y était pas pour ce qui était de se montrer philosophe. Mais c'est justement ce qui m‘intéressait. La profonde et ridicule incohérence. Batailler ainsi médiocrement dans cette humaine adversité. J'étais bien décidé et au milieu de la rigolade je parvenais à discuter convenablement le sujet avec Robert. Comme ça toi aussi t'en as eu marre.. Je commençais avec une moue qui était toute une invitation. Il se tâta brièvement je crois avant d'y aller. Il souffla profondément et contre toute attente se montra d'une franchise dont je n'aurais pas été capable. La vérité.. C'est que j'en ai marre de tout.. Ma femme, son souvenir plutôt, soyons franc,.. mon boulot.. Les gamins. De tout.;. Je fais pas le poids dans cette vie.. Je suis un vrai paresseux. Tu vois!.. Et dire je pensais que j'étais prêt à en découdre pour que nous puissions nous marrer un peu. J'hésitais sur ce que je pouvais dire après ça. En fait je lui tapais dans le dos un peu comme j'ai appris à faire maintenant avec Salvador. En l'imitant, et j'ai bien essayé de l'égaler dans sa manière plus ou moins faussement désinvolte. Mais Salvador est un dur, un vendeur. Moi je suis incertain par nature, même d'être réellement vivant. Toujours je devrais craindre de me ridiculiser. Donc je l‘imitais à ma façon. Gentiment je dois dire ce qui parut le ravir.. T'es tombé sur le bon endroit.. Tu pouvais pas mieux choisir.. Je fis à Robert qui me fixa de son beau regard d'enfant attendri. Pourtant juste quelques minutes plus tôt je l'avais trouvé un peu trop rigolo à mon goût. Je me méfie depuis toujours des gens trop drôles. Ils ne m'ont jamais eu l'air très honnêtes. Le plus souvent ils cherchent seulement à nous dire qu'ils prennent plus la vie du bon côté que la moyenne. C'est de ça que je me méfie. J'y vois un étalage de force comme un autre. Je n'aime pas les forts. Par expérience je sais qu'au bout de cinq minutes je les connais par cœur. A quoi bon discuter puisque tout est déjà dit. Ma femme s'est barré.. Il me confia à la suite. Fixant son verre tristement vide. Avec mon meilleur copain.;. Je ne sais pas si tu imagines ce que ça représente Dans la Vie d‘un Homme.. .. Alors je crois plus en rien.. On s'en remet pas à mon âge.. Mais c'est pas pour ça que je vais me suicider. Crois moi bien;.. Tu reprends quelque chose;. C'est ma tournée.. Allez j'insiste.. Pour une première fois..; Je vais pas te refuser ça.. Je lui affirmais en me laissant convaincre. Ainsi nous discutâmes quelque peu. Avant qu'enfin sur un ton confidentiel après quelques verres. Il me demanda si au point de vue gonzesses il y avait quelque chose à espérer dans le coin. Je lui répondis que c'était comme partout. Tu connaîtras des hauts et des bas.;. je précisais même en sachant parfaitement ce que je disais avec ces mots. Néanmoins je jugeais qu'il n'irait pas loin sur ce plan. Sans raison précise mais j'y aurais mis ma main au feu...

     

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