• Décorticage de l’ADN (55)

    Je t'invite au salon si tu permets. On y sera mieux qu'ici pour le café... Nous terminions le repas qui je devais bien l'admettre fut excellent. Je te décerne le titre de seigneur des pâtes. Je lui dis avant de me lever de table. Ton compliment me va droit au cœur. Non mais laisse. Surtout. Je m'occuperais de ça plus tard. Laisse Moi Profiter de ta Présence.. La vaisselle a tout le temps devant elle, je t'assure. Une seconde je fus paralysé en l'écoutant. Sa sollicitude me dérangeait pour une raison toute simple. Je ne comprenais pas clairement ce qui me valait un tel intérêt de sa part qui débuta quasi immédiatement dès notre première rencontre. Pour ce qui était du salon en question, il ressemblait à celui que j'aurai pu avoir si ma vie s'était montré un peu plus régulière et à condition aussi que je parvienne à garder un minimum les pieds sur terre. Plus tard en y repensant je me souvins de ne pas avoir rencontré la moindre croix dans cette demeure. Hormis celle qui accueillait les visiteurs dans le hall de l'escalier et qu'il n'avait certainement pas accroché lui même; Ni même sur sa poitrine je ne pus apercevoir le bijou plutôt discret et de bon goût de bois noir incrusté d'argent qui y pendait habituellement. Pourtant ce gars était mystérieusement croyant comme je le découvrirais longuement par la suite. Est-ce que je peux me permettre de t'offrir un cigare. Il fit. Avec plaisir. Je ne fume plus vraiment mais un bon petit cigare.. C'est pas interdit..J'avisais à cet instant la bibliothèque bien fournie et je brûlais d'aller y faire un tour. Je suis certain que cela lui aurait fait plaisir. J'irais jusqu'à prétendre qu'il attendait l'instant où je me lèverais pour aller fourrer mon nez sur les belles tranches avec les noms des auteurs qui se dépêchent de réciter le code génétique d'une âme quelle qu'elle soit et sans l'ombre d'une erreur. Parce que n'importe quelle bibliothèque en dit plus long qu'on ne voudrait. Précis et direct comme un décorticage de l'ADN... Puis forcément on se serait mis à parler bouquins. Écrivains. Pire encore;. Et toi qu'est-ce que t'écris;. Bref il m'aurait fallu prendre un Valium et même toute une boite pour supporter une telle conversation et justement je n'ai jamais eu besoin de me farcir quoi que ce soit d'aussi nocif puisque on ne touche jamais le fond si on se montre assez sage ou vaillant jusqu'à s'enfoncer la tête dans un trou à rats quand il faut. Loin des marques d'humanité abrasives de sa propre race. Je le surpris à étudier mon regard alors que je tentais de faire bonne figure avec mon cigare à la main que je venais juste de cueillir dans sa boite. On avait pas parlé d'un petit café. Je fis soudain en pointant le doigt au plafond. Mais où ai je la tête. Il s'exclama. Puis il partit en cuisine me laissant aux prises avec le gros cigare. D'un bond je me levais et fonçais vers la bibliothèque. C'était plus fort que moi et pourtant j'aurais voulu rester serein et détaché. J'y trouvais de tout à commencer par de beaux bouquins savants sur les grands philosophes de l'église. De Saint Augustin à autre chose je voyais là de quoi nourrir un esprit fort et curieux sauf que personnellement il m'aurait fallu naître et mourir dans une faille temporelle différente de celle que je connais pour éprouver seulement l'envie de sortir un bouquin de sa case. Je ne suis pas très cultivé en vérité et j'en ai parfois souffert dans ma vie d'avant. Mais j'étais en guerre alors. Avec tous les miens et ce n'était pas tant ma misérable intelligence qui me blessait que le manque de munitions dont souffrait mon ego. Sans cesse mis en demeure de fournir des preuves de ce qu‘il était capable de faire. Aujourd'hui j'ai posé mon sac en haut de la montagne et si je contemple ce qui se passe en bas, je me dis que suis verni dans ce dénuement. Depuis que je ne m'encombre que de ce qui compte Pour Moi... En un rien de temps je survolais les étagères et je n'étais pas loin de boucler mon inspection. Des Zola.. Des Balzac.. Faulkner.. Dostoïevski.. Victor Hugo.. Des modernes que je ne connaissais que de nom le plus souvent;. Puis soudain en haut à droite là ou je prévoyais d'en finir avec ce balayage optique qui aura à peine duré la poignée de secondes dont je me suis vanté tout à l'heure, j'aperçois un.. Deux.. Trois;.? Miller(Henri..).. Serrés les uns contre les autres. Cette aspérité de son âme que j'étais à peu près sûr de rencontrer et je suis satisfait de ne pas m'être trompé. Je m'attarde à peine sur les titres que je lis en penchant fortement la tête. Les deux Tropiques et le Colosse de Maroussi. Qu'espérais-je.. Une autre crucifixion.. Nexus.. Sexus... Si jamais il les possède;. Et je Sais qu'il les possède, sauf qu'il ne les affiche pas ici ouvertement. David est un homme qui sait vivre.. Il n'a envie de provoquer personne dans ce lieu pas plus qu'ailleurs. A-t-il du temps à perdre seulement. Il est le Contraire de Moi...


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