• Je Travaille Pour la Gloire (69)

    En traversant peu après la cafétéria elle se mit à parler à voix haute. Comme je vous ai dis Donc.. Je vous laisse les deux classeurs. Mais je vous les recommande.. Prenez-en bien le plus grand soin. (Gloussant bruyamment..). Je n'ai pas eu le temps de faire des photocopies. Vous me comprenez j'espère. Rappelez moi dès que vous aurez terminé... Je n'y manquerais pas. Vous pouvez comptez sur moi. Je répondis une main sur le cœur. Celle qui n'était pas occupé à maintenir les foutus classeurs. Quelques personnes s'étaient attablées entre temps et il me parut de bon ton de m'exprimer ainsi dans une si petite ville Où Tout le Monde Se Connaît. Je pris la direction Des Champions. Le bar était vide en milieu d'après midi. Le patron lui même avait disparu parti pisser certainement. Je traversais la salle poussiéreuse et rejoignais mon coin favori dans l'angle. Sans la musique en sourdine je me serais cru en plein désert. Puis Michael sortit de sa cachette et m'aperçut. Oh. Mon ami il fit. Je croyais que t'étais mort comme tous les autres. Qu'est ce qui se passe aujourd‘hui. Je le saluais en découvrant une nouvelle fois comme la vue de mes semblables ne me laissait plus indifférent et me faisait par moment chaud au cœur. Il tint à me frapper bruyamment dans le creux de la main. Qu'est-ce que tu bois. Je commandais un soda en l'invitant à prendre un verre avec moi. A la tienne. Il me balança en s'accoudant sur le comptoir d'une façon qui n'appartenait qu'à lui. Il fit résonner son palais après la longue gorgée de bière. T'es bien là bas.. Dans ta montagne. Il me demanda. J'ai pas à me plaindre. J'ai jamais dit que j'étais malheureux. Pourquoi tu me demandes ça. Pour parler. Il me fit. Pour rien. Si t'avais habité dans l'appartement au dessus du bar. Je t'aurais demandé la même chose.. Je le fixai interloqué. Surpris par la beauté de cette phrase. Tout droit sortie d'un roman moderne américain. Le genre Écrit comme on Parle. Alors quoi de neuf ici. Depuis deux jours que je ne suis pas venu. Il préféra tordre sa bouche que de me répondre directement. C'était plein à craquer hier soir... Et quand tu vois vide comme aujourd'hui.. c'est à se couper les burnes pour y comprendre quelque chose. Il leva la main et la laissa retomber lourdement sur le comptoir. Comme une masse. Les anglais étaient là toute la soirée. Dommage que tu sois pas venu. Parce qu'il y avait une sacrée ambiance. Ouf.. Qu'est-ce qu'ils cherchent vraiment ceux là. Je lui demandai. Ah. Il couina en faisant des manières avec sa tête. Ils veulent faire du bisness. Qu'est-ce que tu crois. Apparemment il y a déjà deux baraques de vendus. Et oui. Ca va vite hein. Ils viennent pas étudier le folklore du pays ces types. Je peux te le dire. Maintenant ils vont faire de la pub chez eux. Puis Salvador va recevoir les clients pour toute la vallée. Son problème c'est qu'il ne parle pas anglais. Mais ils ont trouvé personne d'autre et puis de toute façon ils s'entendent bien avec lui. Il arrivera toujours à se débrouiller. Il a dit qu'il va prendre des cours. N'empêche qu'il va se faire des couilles en or celui là.. Grâce à moi. Tu sais que c'est ici que je les ai branché au départ. C'est ce que m'a dit Salvador. Je fis. Et toi qu'est-ce que tu gagnes dans l'affaire. Moi. Il me dit. Rien.. Je Travaille pour la Gloire..!.. J'éclatai de rire. D'un coup. A croire qu'une bombe venait de me péter entre les dents. Sans plus pouvoir me calmer. Avec Michael qui m'observait en laissant tourner ses gros yeux comme des billes. Eh mais calme toi. Il m'envoya. Qu'est ce qui t'arrives. Tu te sens pas bien maintenant. Je redoublais de rire. M'écroulant sur le comptoir comme cela ne m'était jamais arrivé. Me prenant la tête entre les mains. Avant de finir par bloquer ma respiration parce que je commençai à fatiguer. Michael s'était entre-temps reculé d'un bon mètre. Craignait-il que je le morde dans la foulée. Tu veux pas plutôt une bière que ta flotte; Ca te ferait pas de mal. Il m'affirma. Claquant la langue à nouveau en terminant cette phrase. Ah bien oui. Je lui répondais entre deux hoquets. En voilà une bonne idée.. A mon tour je faisais goûter de mon poing au comptoir. J'apprend qu'un de mes meilleurs potes va clamser d'une heure à l'autre. Et en attendant il est juste dans le coma le pauvre. Je viens de me trouver une connasse de première comme j'avais même pas imaginé rêver.. Et puis je ne sais pas si tu vois.. que je découvre dans le même jour.. Oui.. Oui.. A quelques heures d'intervalles à peine.. Qu'il y a un type dans cette ville qui travaille pour la gloire. Il y a de quoi être retourné quand même;. Tu crois pas;. Je lui demandai pour finir. Pendant que ma crise de nerfs se calmait toute seule. Elle venait d'emporter une citerne d'émotions accumulées en trop peu de temps comme une vulgaire chasse d'eau, et c'était incroyable le bien que ça me faisait. Il ramena deux bières d'un air perplexe. Avant de me fixer longuement. Opinant gravement de la tête. Je t'avais mal jugé toi. T'es beaucoup plus intelligent que t'en as l'air. Je te fais toutes mes excuses.. Il me tendit sa main ouverte et je lui frappais l'intérieur du poing. A la tienne. Il me fit. Avant d'ajouter. Et que ceux qui sont pas contents aillent se faire voir ailleurs. Nous levâmes le coude et j'avais à peine eu le temps de reposer mon verre que Chantal franchit le pas de la porte...


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