• la Claire Lumière Primordiale (56)

    Je m'apprêtais à tourner les talons quand j'avisais Le Bardo Thodol.. Le livre des Morts tibétain... Un texte que je connais et qui Par principe n'aura jamais fini de me retenir. Donc mécaniquement je pose mes doigts et le sors du rayon. Je l'ouvre et commence à lire des paroles et des bouts de phrase. Ce que je n'aurais pas du faire bien évidemment...la Claire Lumière primordiale, oui est la Vérité en soi, va briller devant toi. En ce moment, ton état d'esprit... En vertu de la nature de cette lumière, tu obtiendras le sublime accomplissement... Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo...Parce qu'immédiatement je m'oublie. J'entend à peine le téléphone qui chante dans mon dos sinon j'aurai reconnu Get Back même si je ne me souviens pas d‘avoir écouté ça depuis des années. Mais le temps que je réagisse David rapplique en courant. Il s'empare du portable et avant de s'éloigner vers la cuisine m'observe et j'en suis certain tente de deviner ce que j'ai entre les mains. Je me dis que je suis fais cette fois et que je ne vais pouvoir y couper. On va se mettre à parler bouquins et je me demande comment je vais réagir. Je suis bien obligé de me le demander. Me connaissant et sachant comme cela me rend irritable. Il reste un bon moment collé au téléphone et cela me laisse tout le loisir de tirer sur mon cigare mais qui finit par me dégoutter parce que c'est vraiment pas un de mes vices. Je le pose et croise mes mains parce que j'ai envie de réfléchir. J'aperçois une Bible si discrètement posée derrière un bibelot que cela ne peut être le simple fait du hasard. Cette Bible se serait trouvée sur la table basse bien en évidence s'il n'avait été prévu que je vienne ce soir. Je réfléchis si profondément les mains croisés que je ne peux me rendre compte comme je ne suis pas loin de prier. Je n'ai même pas le temps de me redresser quand David revient avec un plateau contenant nos cafés. Il me laisse reprendre mes esprits et se contente de me demander si Ca Va.. quand je me décide à lui sourire. Excuse moi d'être resté aussi longtemps au téléphone. Il me fait en montrant un peu de dépit. Mais on m'appelle souvent à toute heure. Comment dire. Les grands et petits évènements de la vie;. Les bons.. Les mauvais;. Ne connaissent pas ce qu'on appelle les heures d'ouverture. Et qui t'appelle comme ça. Je lui demande en sucrant mon café. Des paroissiens. Des gens d'ici. Parfois ils vont mal.. De différentes manières. Puis il y a toujours ceux que l'ont suit de plus ou moins près. Des malades.. Des dépressifs.. Dans ma fonction il faut être disponible. Autrement on ne sert à rien.. Il me dit et je notais qu'il évitait l'emploi de certains mots. Prêtre.. Église.. Chrétiens.. J'avais l'impression d'entendre parler un toubib. T'as trouvé ton bonheur dans ma bibliothèque. Il me demanda. J'ai pas vraiment cherché. Je fis. Tu lis quoi généralement. Insista-t-il encore. Pas grand chose en réalité. Toujours les mêmes.. Je me répète.. Il me regarde les yeux trop grands ouverts.. C'est pas possible.. Il fait.. Il se met alors à tourner très lentement son café qui va refroidir s'il continue ainsi. Tu vas finir par te lasser;. Il reprend en donnant l'air de ne réellement pas y croire. Je ne pense pas. Je lui fais, et je suis bien obligé d'argumenter à présent. Je peux t‘affirmer par exemple.. Que je n‘achète jamais un bouquin. Ca fait dix ou quinze ans que je traîne les mêmes. Tu vois un peu aussi comme je suis précis sur les dates. Et ma bibliothèque tient dans une caisse en carton.. Petite... Il releva la tête un peu trop brusquement. Je ne te crois pas... Je ricanais. Ce n‘est pas très charitable de me dire ça. Ce n‘est que la vérité et tu devrais me croire. Il est très bon ton café. Merci. Tu aimes la musique. Il voulut savoir aussitôt et sans plus relever ma remarque sur le café qui n‘était pas tombé là sans raison. J'aurais largement préfére qu'on se mette à parler café;(J'en connais un rayon sur le sujet..).. Oui plutôt. J'en écouterais volontiers d‘ailleurs. Ca m'irait très bien à cette heure ci. Je lâchais au sujet de la musique et en m'affalant lourdement dans le fauteuil les yeux tournés vers les frises de plâtre du plafond. Il se leva et s'appliqua à parcourir des yeux une colonne de CD posée au sol le long du mur. J'eus l'intuition qu'il cherchait une idée susceptible de me faire plaisir. De me toucher.. Qu'est-ce que tu penses de Brahms. Ca te dit. Ah excuse moi, si tu aimes ce genre de musique bien sûr. J'aurais pu commencer par là. J'aime beaucoup Brahms. Je me dépêchais d'affirmer en admirant toujours le plafond. Le Concerto pour Violon alors. Cela me convient parfaitement. Je renchéris...

     

     

     


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