• Le Lit de la Rivière (30)

    Le bord de la rivière, et en lisière de forêt. Les routes qui montent vers les sommets. Les grandes plaines vides, et le chant du vent qui souffle sans excès. Les clairières, les ruisseaux qui se cachent dans leur écrin de mousse. Les larges pierres grises qui divisent la rivière en petits cours rapides. Le silence surtout, mais j'appelle toujours silence l'absence d'activité humaine, les cris de malades, leurs moteurs et leurs radios qui rendent fou, et leur besoin incompréhensible pour moi de s'entasser les uns Contre les autres. De ne jamais pouvoir se taire ne serait-ce que cinq minutes. Mais il y a aussi des pierres, celles-qui racontent des histoires, sur lesquelles on pourrait presque lire tout ce qui s'est passé en leur présence Qui sait, si un jour on ne saura trouver dans l'atome de la matière, et toutes les combinaisons atomiques, le moyen de visionner l'intégralité des choses passées, l'histoire vraie. Comme toujours cela surprendra énormément dans les premiers temps, et puis très vite on s'habituera. Tant de choses bien plus étranges sont devenues familières. Mais il y a les villes aussi. Certaines ressemblent à des rêves, et je suis certain que les songes m'en ont montré quelques unes que plus tard je rencontrais dans la réalité. Il y a des villes dans lesquelles on comprend aussitôt que s'y déroulent des aventures intéressantes, et on aimerait en être. Mais on ne peut vivre partout, avec seulement une peau et un temps aussi linéaire à vivre et tellement oppressant que la majeure partie de l'énergie, le fluide vital, passe à lutter contre la folie et la dépression. Le bord de mer parfois, avec de grandes mouettes et des cormorans qui poussent des cris, et la sourde pétarade d'un chalutier au loin ne m'indispose pas. Si je rencontre un pêcheur et que sa voix reste en harmonie, juste pour dire des banalités et qui ne couvre pas les sons de la nature. Alors je m'en satisfais. Mais des champs encore et des montagnes qui s'élèvent dans le silence. Une fumée au loin au dessus d'un feu qui sert à brûler des herbes et les branches mortes. Et je retourne sur le lit de la rivière au milieu de la plaine, où je cherche du regard les gros poisson qui passent entre les pierres, avec les montagnes au loin sur lesquelles il reste encore de la neige tombée durant l'hiver. J'écris pour ça. Sans explication aucune, ayant renoncé pour toujours à vouloir comprendre. Je ne sais pourquoi ma présence dans le lit de la rivière et l'approche de la lisière de la forêt sombre me rend fou d'écriture. Je ne trouve pas la moindre explication. Je ne suis pas très intelligent. J'ai définitivement renoncé...


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