• Les Affaires Reprennent (82)

    J'avais failli m'endormir sous les caresses du soleil. Où en suis-je. Je me demande en rouvrant les yeux alors que je constate comme il est presque tard. Je fixe mon bloc de papier et les trois malheureuses lignes en haut de la page blanche. J'en ai pas foutu une rame. J'étais pourtant bel et bien censé bosser aujourd'hui. Et j'étais loin des articles entiers que j'avais prétendu bâcler en un tour de main. Pourtant il ne s'agit pas de littérature, mais juste d'alignements de mots sans fin et sans odeur sur les aspects pratiques d'une civilisation. Quand au style c'est d'office du pasteurisé. Camper ici;. Bouffer là bas;. Se promener dans les environs.. Faire pipi et caca tous les jours;. Etc.. Je voudrais m'y mettre tout à coup juste pour me prouver que je ne suis pas redevenu une mauviette. Abattre quelques pages qui m'éviteraient de me retrouver pleurnichant et vaincu par l'impondérable. Proche cousin de l'insignifiance elle même liée à ma famille par des milliers de mariages consanguins. J'évoque cet ennemi odieux qu'il m'a fallu fuir pour vaincre enfin. J'en suis sorti gagnant et bien sûr.. je suis tenté d'ajouter.. Mais à Quel Prix.. Je dois pouvoir écrire mille mots en moins de deux heures simplement parce que ça m'amuse de le dire. Seulement je ne domine pas plus mes pensées à cet instant que dix ans plus tôt ou plus tard. Je suis et reste un clampin né pour me laisser porter par la vague. La terre entière peut s'affoler si elle veut. Il faudra bien qu'elle admette comme je suis sur son dos en parasite et qu‘elle me tape lourdement sur la tête ou non si jamais ça l‘amuse ou cherche à se venger. A aucun moment elle ne pourra compter sur moi pour que je produise ma part de boulot. Si je dois souffrir dans ma condition humaine, cela ne peut être que dans la contemplation de mon seul ego. De la luxueuse compassion qui m'étreint depuis mon enfance damnée qui m'a laissé ce souvenir que je bénis inlassablement. La montagne heureusement m'a guéri de l'immonde culpabilité qui me rendait malade du matin au soir. Je prend donc l'affaire du Bloc Vide pour ce qu'elle vaut. Une anecdote qui ne me concerne qu'à moitié. Mais à présent que je me suis redressé sur l'herbe tiède les contours se précisent, et il va tout de même falloir que je la torche toute cette merde d'ici demain après midi. Maggy comme je devine qu'elle peut être va commencer à flipper si j'arrive les mains vides. C'est tout à fait le genre de la maison et la scène vécue d'avance me chagrine. Bien sûr que j'ai autre chose à penser en ce qui la concerne que de me gâcher encore la vie avec la rénovation du lavoir médiéval qui paraît-il est classé. Demain à moins d'un accident il faut que je me la tringle cette connasse ou au moins que je tâte la camelote pour voir déjà ce qu'elle vaut sous la main, et c‘est autrement plus important non seulement pour moi mais aussi pour elle. Alors je me lève en m'époussetant les fesses. Je m'en vais de ce pas me faire couler un solide café noir, me passer le visage à grande eau, et puis boulot de nouveau si je tiens à ce que ça roule. Les Affaires Reprennent mon Bonhomme.. Je refais vite les comptes. J'attend un coup de fil de David qui va me dire s'il peut m'accompagner à l'hôpital et je crois qu'il y tient. Certainement pas avant six heures au vu de son emploi du temps. Ca me laisse encore le temps de bazarder ces conneries si je me rendors pas à nouveau. Noircir du papier ne demande pas d'être intelligent ou talentueux. Juste un minimum de concentration. Évidement qu'il faut pouvoir garder la tête rivée sur les épaules quelques heures d‘affilées pour que ça arrive. Ce qui chez moi ne se vérifie pas tous les jours j'en conviens. David à l'instant même doit chercher à régler certains problèmes pratiques concernant Monique. Si ce n'est déjà fait. Il n'y a pas plus efficace et rassurant que ce type. J'ai pensé ce matin en me réveillant. C'est une vrai bénédiction pour l'humanité,.. Comme moi je suis une authentique plaie et je n'éprouve aucun sentiment de honte à présent. Et de quoi souffrirais-je et me sentirais-je coupable. Puisque je ne suis plus malade...


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