• Ma Nouvelle Carrière (127)

     

    Une heure après je me morfond. Salvador n

    'a toujours pas appelé. Je sais que la journée est loin d'être finie. Mais maintenant que son coup de fil est relié à Juliette il a entièrement changé de nature. Je décide de m'occuper et le plus urgent serait de rattraper le retard que j'accumule à nouveau dans mon boulot. Découvrant vite à quel point cette tâche me rebute. L'effort que celà me demanderait se révèle incompatible avec ces images de Juliette qui m'affolent. Qui pourrait caser le même jour et dans une seule vie la beauté et le choléra qui pourrit tout. Ces écritures me répugnent de plus en plus. J'y arrive mieux dans les matins incertains et sans rien d'important à traiter mais quelles âneries mes yeux observent dans le vieil ordinateur. Je ne parviendrais jamais à faire cohabiter cela avec mes émotions au milieu desquelles Juliette en petite jupe de collégienne me tourne en bourrique. Comment me concentrer alors que ce boulot peut très bien attendre le lendemain. Inutile d'insister je me dis. Je décide alors de ranger mes affaires dans la maison et ce serait pas un luxe d'y consacrer une heure ou deux. Cette activité toute mécanique me réussit nettement mieux. Sentir ces objets les plus divers me passer dans la main pendant qu'un tout petit bout de mon cerveau décide de leur sort est exactement l'activité qu'il me fallait pour tuer le temps. Salvador va appeler je ne doute pas une seconde. Alors qu'une minute auparavant je ne semblais sûr de rien. Je voltige du sol au plafond au gré de mon humeur qui lui même valdingue plus vite que les feuilles vers la poubelle ou mes godasses directement dehors par la fenêtre parce que je me suis donné comme principe qu'elles doivent rester sur le pas de la porte. Dans cet état d'esprit le téléphone a fini par sonner et très naturellement je demandais à Salvador ce qu'il avait de si important à me dire pour me déranger dans ma maison en plein après-midi. Très gentiment bien sûr. Un peu comme une blague. Ohhh.. Il fit. Fais pas semblant d'avoir oublié quand même. On était tombé d'accord hier soir. Déjà tu te souviens plus.. T'as oublié quoi!.. Dis le franchement.. T'es un cas toi quand même.. Ouaih.. C'est possible. Je répliquais d'une façon désinvolte. Quasiment désabusé. Allez arrêtes un peu.. Il reprend. J'ai besoin de toi tout à l'heure.. Je te l'ai déjà dit.. Je viens te chercher.. T'es où là.. Chez toi,.. Je suis pas loin, au niveau du garage en bas de la côte.. T'en as pour longtemps avec tes clients;. Je lui demande en prenant soin de m'étirer et frotter le menton d'une manière qui doit s'entendre dans l'écouteur. Il réfléchit brièvement avant de m'annoncer qu'une heure et demi;. Deux heures au grand maximum seront nécessaires. Après on va boire un coup;. Je t'invite.. Il continue d'un timbre de voix laissant transparaître une légère angoisse; Je ricane et lui annonce grand seigneur que rien que pour lui je vais faire un effort. T'as de la chance que je t'aime vraiment bien.. Je lui dis désappointé et chaleureux et Salvador qui est un affectif n'en attendait pas tant. Cinq minutes plus tard il débarque. Mais cette fois j'ai laissé tombé mon numéro d'idiot. Me frottant les mains je vais à sa rencontre avec le sentiment qu'une nouvelle vie commence pour moi. Allez monte.. Dépêche.. On est presque en retard déjà.. Nous nous saluons et il redémarre vers le fond de la vallée comme si sa vie en dépendait. Spécial comme mec.. Il répéta plusieurs fois et de mon côté je me retenais de rire. Allez c'est bon.. Je fis. Je te fais marcher.. Tu sais que j'aime ça.. Les anglais déjà l'attendaient à un angle de rue tout près de la poste. Raides et sérieux avec de longues têtes blanches. Je compris immédiatement ce qui travaillait mon ami. Ceux là contrairement à la plupart, avaient l'intention de venir s'installer chez nous en ne comprenant pas un seul mot de notre langue; Salvador les invita à monter dans sa nouvelle voiture par des gestes et des mimiques en plus de ses trois mots d'anglais qui ressemblaient furieusement à des clowneries. Mais comment tu as fait.. Je lui demandais  à peine la voiture repartie. Pour leur filer ce rencard.. Eh.. mais c'est pas moi.. Il s'exclama.. C'est Joe;. Le gros que t'as vu aux Champions qui m'a téléphoné hier.. Il m'a dit de pas les rater parce qu'ils vont repartir chez eux et ils veulent absolument acheter une propriété avant de mettre les voiles. Et on va où maintenant..; Je voulus savoir.. A vingt-cinq kilomètres d'ici. Je dois leur montrer une maison avec des gîtes, c'est ce qu'ils veulent.. Une partie pour eux et une autre pour louer à des gens de chez eux. Tiens si tu pouvais leur expliquer et faire la conversation en attendant qu'on arrive;. Ça me rendrait service..;Et c'est ainsi que je me tournais vers le couple d'anglais et entamais ma nouvelle carrière...

     

     


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