• Sa Belle Vulve (27)

     

    Je me rendis avec la voiture de Raymond jusqu'à une casse située à quinze kilomètres. Je lui avais trouvé un teint cireux le matin, figé par une fine couche de paraffine. N'empêche qu'il souriait en me voyant venir. T'as retrouvé le chemin. Il me fit. Je profitais de l'occasion pour lui proposer une partie de pèche. Dans deux semaines, dès que je serais sorti de l'hosto. Comment ça, l'hosto, qu'est ce qui va se passer... Ils vont essayer de me pomper tout un paquet de saloperies, avec une nouvelle machine, un truc américain il paraît. Sa vieille qui se tenait à un mètre commença à se frotter les yeux. Tu vois. Fit Raymond en s'emportant et élevant inutilement la voix. J'ai fait la connerie de tout lui dire, et ça n'arrête plus, maintenant elle me met au régime, et ça chiale, et ça pleure, et ça chiale.. Avant de s'attendrir comme un vieux chien galeux.. Viens ici ma poulette, tu te souviens quand on faisait la brouette japonaise dans les champs de blé, j'avais même pas le temps d'enlever mon barda quand je rentrais de permission, on dirait pas la Monique, mais c'était une coquine dans sa jeunesse, si tu l'avais connu, elle avait des cuisses d'actrice de cinéma. Raymond s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Tu vas pas nous faire chier comme ces connards de curés maintenant.; Je ne pensais pas que l'évocation de ces souvenirs était de nature à l'apaiser, tout ça sentait un peu le moisi et me mettait mal à l'aise. Mais j'étais avec des gens simples qu'il fallait prendre comme ils sont et c'est ce que je faisais. Si c'était sa façon à lui de braver le monstre qui l'étouffait, il n'y avait rien à redire. C'était parfait et je n'avais qu'à m'en prendre à ce maudit destin qui ne fait pas de cadeaux. Même pas la grâce de mourir en paix dans son sommeil, comme par inadvertance. Voilà encore un sujet sérieux je pensais, auquel j'allais m'attaquer. La vraie injustice se trouve certainement plus là dedans que dans la vie elle même, cet éclair incompréhensible, cette joie trop éphémère, ce feu follet.. Direction la casse où je devais récupérer le radiateur devant me permettre de retrouver l'immense plaisir de foncer à ma guise d'un point à l'autre sur les routes. J'éprouvais une sainte horreur pour ces opérations mécaniques, quelque chose de viscéral et inexplicable, le parfum des huiles de vidanges et de vieilles batteries se mélangeant aux tissus en décomposition me soulevait le coeur déjà d'avance. Mais comment faire autrement quand on a goûté à la mollesse de la vie moderne. Appuyer sur une pédale et sentir son lard se transporter sans effort et à pleine vitesse a de quoi rendre givré. Qui a jamais pensé à répudier cette petite partie du cerveau qui fait de nous des intoxiqués de tout ce qui est bon, sucré, et facile. Je pourrai me mettre au vélo, ou continuer à me servir du ridicule cyclo ramassé dans la grange et que j'ai bricolé pour remettre en marche. Celui-là il me sert de temps en temps quand je peux pas faire autrement. Seulement il coince dans les côtes de montagne. Mais bon, pourquoi disserter dans le vide puisque je suis là pour démonter un radiateur. Je passe à la caisse et on m'indique l'épave à dépecer. Je me dirige lentement au milieu de carcasses qu'il me faut escalader, de bouts d'ailes aussi coupants que des rasoirs, et de montagnes de pneus desquels s'écoule un liquide jaune et nauséabond. Me voici enfin devant la bête. Je me penche sous le capot pour voir, et à la vue de la rouille qui couvre les boulons je devine parfaitement ce qui m'attend. Nom d'un chien je grogne entre mes dents avant de m'enfoncer une casquette sur la tête et m'empare d'une bouteille d'eau encore fraîche que je vide à moitié. J'ai beau repousser l'idée qui me traverse l'esprit, mais je ne peux m'empêcher de penser que le garagiste ferait ça beaucoup mieux que moi, et c'est son travail ce brave homme, il exécuterait la tâche avec calme et plaisir. Sans rechigner, en sifflant même. Tout ceci j'en conviens n'a pas beaucoup de sens. Je me retrouve sous ce cagnard à maudire l'existence alors qu'un type ne demande pas mieux que de prendre ma place. Au loin j'aperçois une belle et verte forêt qui me fait de l'œil. Le soleil au-dessus de ma tête lui c'est plutôt des flèches empoisonnées qu'il me lance. Et déjà j'ai les mains pourries par la graisse et plus ou moins je me suis coupé le bout d'un doigt. Néanmoins et avec un certain courage je m'acharne et vide la bouteille d'eau tout en venant à bout des boulons bien grippés. L'un après l'autre, comme s‘il s‘agissait d‘une épreuve incontournable à l'issue de laquelle je me verrai attribuer une note qui sera gravé sur mon front. Je commençai à être content de moi au fur et à mesure que je parvenais à déboulonner toutes mes pièces. J'étais couché sous la voiture et m'acharnais sur un ultime collier de durite, il résistait l'enfoiré, et que je finis par découper au burin, quand j'entendis une voix de femme qui jurait un peu plus loin et s'égosillait. Ce qui me frappa tout de suite fût d'entendre quelqu'un râler à peu près comme je fais quand je suis bien énervé. Forcément ça éveille la curiosité et je me levais pour aller voir tout en m'épongeant le front. Je n'aperçus que son derrière, vu qu'elle était à quatre pattes et avait la tête plongé sous le passage de roue d'une camionnette. Un beau derrière, très légèrement enveloppé mais loin d‘être raté. On devinait sans effort la peau tendue sous la toile du pantalon qui épousait parfaitement ses fesses bien distinctes l‘une de l‘autre. Oouhh. J'en restais bouche bée et complètement incrédule. Je manquais de me frotter les yeux de mes doigts crasseux et me ravisais à temps en me passant l'avant-bras sur le front. Je me serais agenouillé contre elle juste pour me frotter et lui serrer ma queue contre sa belle vulve que chacun pouvait deviner. Par surprise et sans lui demander son avis. Je sentis en une fraction de seconde à quel point la civilisation est une chose fragile et précieuse. Heureusement pour tout le monde je reste un être doux, bien élevé, et la solitude n'a rien a voir là dedans. Je fis encore un pas sans qu'elle ne se rende compte de rien. Je l'entendais jurer et ahaner, grogner et incendier le ciel pour son infortune. Bien entendu je fus pris de compassion pour la malheureuse et je lui demandais si tout allait bien. Parce qu'il faut bien commencer par une chose ou une autre. Elle s'immobilisa, puis  lentement fit mine de se retourner mais sans le faire. Je m'amuse.. Elle siffla rudement et s'empara d'un marteau posé au sol pour se mettre à taper sur une pièce derrière le disque de freins. Elle n'avait pas daigné me regarder. Je compris rapidement aussi que la mécanique n'était pas sa spécialité. Je déteste l'exercice mais curieusement je ne m'en sors pas si mal quand je finis par m'y mettre. Pour ce qui la concernait c'était visiblement tout le contraire. Beaucoup de bonne volonté avec très peu de résultats. Voilà ce que je pouvais dire en observant son derrière qui vibrait littéralement sous l'effet des coups de marteau. La bienséance aurait voulu que je m'en retourne à ma place après l'échec de ce premier contact. Forcément comme je suis, je restais cloué sur place à fixer ce Beau Cul qui à chaque coup de marteau tressautait et S'ouvrait Comme une Fleur. Comme s'il possédait une vie libre et autonome, se moquant totalement des ennuis de sa propriétaire. Elle se retourna finalement et m'envoya un cinglant: Je vous permet vous.. En apercevant mon ombre qui la couvrait presque entièrement. Laissez-moi faire plutôt. Je répondis et déjà je mettais un genou à terre. Elle n'hésita pas une seconde et sortit de son trou en me collant le marteau dans la main. La garce, maintenant que je voyais son visage en entier cerné de cheveux blonds et frisés, ses lèvres pleines qui lui faisaient une moue un rien vacharde, j'étais coincé. Définitivement. Même plus le temps de changer d'avis. Je pris sa place et un peu au marteau et un peu au tournevis, je commençai à voir sortir le cardan qui devait faire son bonheur. Je transpirais à grosses gouttes, je me vidais par tous mes pores, et je ne comprenais même pas ce qui m'avait pris. Bien entendu j'essayais de faire le malin pour donner le change. Je sais pas si c'est un travail de femme la mécanique. Je lui fais. Vous avez tout à fait raison. C'est ce que je me disais aussi. Elle répondit. Puis après un silence assez vexant. Surtout qu'on meurt de chaud et de soif dans ce bordel. Elle voulut bien lâcher encore comme un os à un chien. Après quoi elle se tut pour de bon. J'essayais de relancer la conversation tout en m'échinant sur le cardan qui enfin se laissait faire. Mais c'était peine perdue. Elle semblait n'avoir plus rien à me dire. Je commençais à me maudire comme d'habitude quand je réalise une nouvelle fois que j'ai pas loupé la dernière connerie. Je n'avais pas encore fini mon travail et je perdais mon temps en dessous d'une camionnette qui ne m'avait rien demandé. C'est dans ces moments là que je me mets à ruminer sur mon passé pas glorieux et les souvenirs en trop que j'ai accumulé au fil des années. Toujours sans réfléchir. Si par un coup de baguette magique je pouvais effacer de ma mémoire les millions de minuscules erreurs Qui la Travaillent.. et récupérer encore par miracle toute l'énergie qu'elles m'ont coûté jour après jour, je serais bon pour recommencer une nouvelle vie. Avec le Compteur à Zéro.. Et peut-être même du bonus.. Une vision aussi réaliste calma rapidement mon imagination et au bout d'une demi-heure je tenais le cardan entre mes doigts qui étaient noirs de graisse. Je le posais sur le sol, et elle ne prit même pas la peine de m'octroyer un sourire engageant. Elle se contenta de ramasser Mon Présent et déguerpit. J'étais vraiment le roi des cons je pensais. Je finissais à peine par oublier cette affaire quand une heure plus tard je quittais la casse...


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