• Sur le Sol Humiliant (72)

    Oui ce serait pas mal comme histoire je me dis pendant qu'un nouveau verre atterrit dans ma main. Je crève de soif et presque machinalement je le porte à mes lèvres. Oui;.. Je continue,.. à peine dérangé par Antoine qui cherche à savoir si je vais bien. Tiens à ce sujet je me demande si un jour;. Ou plutôt une nuit d'insomnie, (quitte à ne pas dormir autant m'occuper..) je ne chercherais pas à faire le compte exact du nombre de fois où quelqu'un dans la vie m'aura demandé Si Ca Va... Bastien Potiné à présent me fait savoir que j'ai intérêt à être là dimanche mais qu'il est con ce type je me dis. En quoi est-ce que ça le dérangerait si j'oubliais de venir. Même que rien que parce que c'est lui qui insiste je me demande si je ne vais pas changer d'avis. Le type à qui Antoine a bourré le mou tout ce temps se casse enfin en tirant une gueule que j'aimerais pas particulièrement reconnaître quand je me mets devant un miroir. Je me dis que celui là il est mûr pour les conneries. Justement je la vois ma tête dans le miroir qui se trouve accroché derrière le comptoir et on peut pas dire qu'elle soit toute fraîche; Elle me ferait plutôt peur si je ne savais pas que c'était la mienne. Je suis en train de penser que je m'endormirais bien si je pouvais mais que j'ai pas mal de trucs à faire encore avant la fin de la journée. Quoique je ne suis plus très certain de quoi il s‘agit. Putain;.. Il y a encore un verre qui m'atterrit dans la main sans que j'ai rien demandé. Juste quand je crève de soif comme fait exprès; j'arrive à me dire. Je réalise seulement que je commence à être bourré pour de bon. J'ai la tête qui tourne et j'essaie de m'accrocher aux histoires qui se racontent pour voir si ça va me permettre de rester à flot. Je viens d'entendre prononcer un prénom qui m'enfonce des aiguilles de glace dans l'échine. Nom d'un chien je ne suis pas à court de gonzesses pour la première fois depuis des années alors où est le problème. Bientôt j'en aurais de trop si ça continue à ce rythme et il faudra que j'embauche du monde pour les satisfaire toutes comme il se doit. Bande de connasses.. Comme si je ne savais à quel point elles se ressemblent toutes. A quoi ça rime du coup de ressentir des émotions qui ne sont plus de mon âge à partir d'un ou deux regards que la petite allumeuse bazarde à profusion et je n'ai même pas besoin d'aller vérifier. Mon Expérience de la Vie Suffit.. J'entend clairement dans la cohue la voix de Potiné qui roule de plaisir et mes yeux qui vacillent ne se trompent pas, il fait mine de peloter un petit cul qui ne peut être que le sien étant donné la taille précise que dessine sa main et aussi qu'au geste il joint la parole explicative. La petite poupée là.. Mmmh.. c'est con, pour les anglais;. Mais je vais me la bouffer toute crue.. Si elle continue à me chercher comme ça.. Je vais lui faire baver la chatte avant pas longtemps. Et peut-être pas plus tard que dimanche... Tiens.. Hmm.. Faut pas me chauffer longtemps.. Moi.. Je sais pas d'où elle sort celle-là mais ça commence à bien faire;.. Voici les paroles qui viennent me trouer le cerveau et ne me laissent que deux choix possibles pour rester intègre. Je prend un flingue et je descend ce type ou à défaut je lui brise un de ces tabourets de métal sur le crâne.. Soit, en second. Si je me révèle lâche au point de ne pas Essayer de le tuer. Je n'aurais qu'à écrire une de mes longues plaintes et là c'est sûr Bastien Potiné va morfler. Seulement à l'idée qu'il puisse aller jusqu'au bout de son délire je sens que je finirais par l'assassiner. Je peux pas faire autrement.. Vu que jusqu'à preuve du contraire personne n'est encore mort Réellement d'une de mes vengeances sans pitié écrites noir sur blanc en général autour de minuit. Aucune d'elle n'a Jamais changé le cours des Choses.. Mathias qui se retrouve toujours au bon endroit pour faire le singe lui tapa dans le dos. Allez Bastien... Il s'écria de sa grosse voix d‘imbécile. t'es notre champion... On compte sur toi. Tu la Perces de Part en Part Celle Là.. Comme Il Faut. Hein.. Tu la Laisse pas Passer.. Je réussis à descendre encore la moitié de mon dernier verre et je sentis soudain que le tumulte allait m'écraser si je ne bougeais mon cul de ce tabouret qui tanguait dans la tempête. Je fonçais non plus vers les pissotières pour le dixième voyage express de l'après-midi, mais vers l'extérieur en manque d'air comme un damné. J'atteignis à peine les massifs de la placette que je commençais déjà à gerber. Il me venait des élancements du fond des tripes qui arrachaient tout sur leur passage. J'eus le sentiment que le grand égout de la vie me passait au travers du corps; La morve damnée d'une vie entière giclait de ma bouche. Puis une fois vidé et écœuré je me laissais choir sur la terre grasse où je restais immobile un temps interminable durant lequel je me refusais à descendre un échelon de plus dans l'ignominie; C'est à dire qu'après m'être assis sur le sol humiliant je m'y serais bien allongé complètement. Il n'en fut rien puisque je retrouvais assez d'énergie pour me relever avec une sérieuse envie d'en découdre et qui sait même si je n‘allais pas fracasser la tête de Bastien Potiné. Bille en tête je repartais vers Les Champions ou devait m'attendre mon pauvre sort. Je n'étais plus qu'une épave mais David surgit en voiture quand je cherchais la porte d'entrée du bar que des farceurs s'étaient amusés à changer de place entre-temps. Oh.. Oh.. Il s'exclama en me voyant perdu dans le décor. Ce gars savait vivre et je n'allais pas tarder à le découvrir. C'était loin d'être un faux cul également comme la plupart des autres. Il ouvrit la porte côté passager et me guida à ma place. Oh merde... Je râlais en me souvenant que ma veste était toujours à l'intérieur. Reste là.. Bouge pas. Je m'en occupe;.. J'apercevais tous les autres qui suivaient le manège bien à l'abri de la vitre et j'aurais payé cher pour entendre les commentaires. Mais il n'y avait pas à tortiller j'étais pleinement concerné. Je me sentais encore trop anesthésié pour réfléchir à cette histoire que mon immense orgueil prétendait déjà me faire payer comme un faux pas mortel. Des années de sublime solitude à l'écart de toute pollution humaine et pour finir, je me fais minablement tourner en bourrique par des gros ploucs tout justes bons à me lécher le cul le jour où je serais tenté par l'expérience. Ils m'ont bourré la gueule comme un bleu ces enfoirés. Je n'ai rien vu venir alors que j'aurais pu les réduire en cendres à la première incartade. Ne savent-ils donc qui je suis en réalité. Jack Elias.. Un type qui dispose de cent identités dont ils ont peut-être lu les exploits dans les journaux sans jamais imaginer la vérité. Dans le monde entier Je Suis Connu. Mes reportages sur des faits mystérieux passionnent une foule de lecteurs de plus en plus avides. Ils se demandent ceux là jusqu'à quel point tout ce que je raconte est vrai. Mais Tout est Vrai... jusqu‘aux virgules et mes propres commentaires. Sauf que je suis obligé de garder pour moi certains détails quand je suis trop directement impliqué dans des faits relevants de la loi. Malheureusement aussi je suis amené parfois à donner la mort quand je ne peux faire autrement. Sans regrets. Ce monde cruel et malsain je le subis comme tout le monde. Je me contente d'y faire le ménage. De montrer du courage. De pousser dans l'égout les âmes les plus noires. De nettoyer ce grand chiotte à ciel ouvert dans lequel on m'a obligé à vivre. Je n'ai pas cherché à devenir ce héros légendaire. Que mes aventures soient vraies ou que je me contente de les imaginer n'y change strictement rien. Jusqu'à preuve du contraire la bizarrerie de l'univers qui est sorti en une seconde du trou du cul d'un géant est autrement plus difficile à admettre. Le monde réel dont je parle n'est pas plus incertain que celui où un brave type finit en poussière sans laisser la moindre trace de son passage. Qui se souviendra de David ou de Raymond dans cent mille ans. De la jolie bouche aguichante de Juliette et de la Ferrari jaune de Bastien Potiné. Du pantalon de cuir de Maggy.. D'une camionnette appartenant à la bergère du plateau;. de son épagneul.. Sa table de ferme qui en voit pourtant des vertes et des pas mûres et assez pour passer à la postérité des légendes tellement anciennes que les uniques traces sont celles indéchiffrables de la mémoire archaïque. Qui rêvera encore dans mille ans des jolies jambes de Danielle quand un filet d'air s'avise de relever ses jupes sombres. Les montagnes elles-mêmes n'en mènent pas large à partir d'une certaine échelle de temps. Rien ne résiste à l'éternité qui avale tout comme une bonne giclée de sperme disparaît dans une bouche superbe et qui aime ça. Tout définitivement est appelé à s'évanouir. Sauf.. Oui sauf.. Écoutez Bien.. Mes histoires qui elles sont éternelles. Parce que c'est ainsi que je les conçois et les écris. Comme je Veux.. J'en suis le seul propriétaire; Elles vont au delà de tout horizon connu et inconnu pour la simple raison que je prend en compte cet élément. Dès le Départ.. L'intégrant dans tout ce que je pense. Tout ce que je dis, et tout ce que j'écris. Je transgresse victorieusement les lois fondamentales que la grande majorité de mes semblables ne soupçonne même pas. Ils S'étouffent Dedans Sans Même Savoir.. Cette vérité est on ne peut plus simple. Encore faut-il que je sois bourré comme un cochon pour qu'elle m'apparaisse si brillamment. Dans une pareille clarté. Un arc en ciel de couleurs toutes plus lucides les unes que les autres. Étranges et inquiétantes quand on commence à se réveiller dans l'enfer des hommes sur terre cloués à leur misérable condition. Que j'avais cru fuir efficacement en grimpant de quelques centaines de mètres sur un flanc de montagne que pas tant de monde que ça trouve aussi sublime que je prétend. Si l'altitude me fascine à ce point que ne me suis-je enfui sur l'Everest par exemple; Un 8000Mètres c'est Autre Chose.. Tout de Même.. Ca en jette.. Mesquin et misérable je ne cesserai d‘être.. Sans doute je crois parce que je n'y aurais pas rencontré autant d'éléments humains qui me font rougir les glandes et me donnent envie d'écrire les aventures de Jack Elias?.. Fut-ce pour la damnation du seul lecteur qui compte à mes yeux. L'auteur..

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :