• Ces Connards de Curés.. (87)

    Le temps se dilatait comme un vieil élastique. Plus rien de devait arriver. Nous étions autour de ce feu de joie qui refusait de s'éteindre et à vrai dire nous ne savions plus quoi faire. Heureusement l'infirmière qui s'occupait de la machinerie passait de temps en temps et cela nous occupait quelques secondes. D'autant qu'elle s'était avisée de ramener des chaises et nous étions beaucoup mieux ainsi. Les bruits naturels d'une petite troupe d'humains flottaient comme suspendus dans l'air et Raymond s'était déjà complètement endormi. Visitant Son Nouveau Monde Comme il se Doit Avant la Signature du Bail.. Parfois Monique se remettait à gémir et l'une ou l'autre des femmes l'entourait gentiment par les épaules et très vite elle nous rejoignait dans le silence. David Priait.... Il gardait les yeux mis clos et pas une seconde n'avait dérogé à ce que nous nous étions dit. Raymond n'avait jamais pu blairer Ces Connards de Curés.., ce que je lui avais raconté aussi crûment que ça. Pour un oui ou pour un non et plus encore quand ça ne mordait pas à la rivière, c'était la faute aux curés. Maintenant je regrette un peu de n'avoir jamais pensé à lui demandé ce qui lui avait mis cette obsession en tête. Ce que je trouve un peu dommage parce que je soupçonne que cela pouvait être intéressant. David manqua bien d'éclater de rire quand je tins à le prévenir des sentiments de l'ami Raymond envers sa confrérie.. Qu'est-ce que ça peut faire.. Il me fit en haussant les épaules. A la suite de quoi il ne manifesta jamais la moindre velléité de revenir la dessus. A aucun moment il ne tenta de ramener sa science qui ne fonctionne, et je ne met pas en doute le fait qu‘elle peut très bien fonctionner, qu'avec l'accord de toutes les parties. S'adresser à Dieu ça ne marche que si on y croit à cent pour cent? Pas à quatre vingt dix huit, et ni même quatre vingt dix neuf.. Non;. Non;. Et non;. C'est cent pour cent ou rien.. Alors David priait dans un silence proche du sublime et du divin. Non pas pour Raymond.. Mais pour nous tous et aussi l'humanité entière. Ce qui était parfaitement son droit. C'est ce que je pensais et il ne me vint pas à l'idée de vérifier si j'étais dans le vrai. Je n'avais pas le moindre doute. A un moment nous nous mîmes à sortir par groupe de deux histoire de prendre un café, aller aux toilettes, et surtout de respirer le filet d'air frais du rez de chaussée. Je me retrouvais sans le faire exprès avec l'équipière de Sophie et c'est dans l'ascenseur que je frôlais ses hanches. Nous étions serrés l'un contre l'autre du fait du manque de place et je n'y pouvais rien. L'incongruité de ce que je me mis à imaginer à cet instant m'obligea à mener une lutte sévère contre l'instinct blotti quelque part dans un coin profond du cerveau et qui se moque royalement de la solennité d‘une situation. Cet instinct là lui savait que nous jouons la comédie les trois quart du temps. Ce qui ne fait pas de nous des êtres sans foi et sans scrupules et loin s'en faut. Je pense même au contraire que nous nous montrons sublimes dans ce bain de petites misères. Je me doute bien qu'il doit certainement exister des personnages au dessus du lot. Des capables de pas bander le soir où leur pote va mourir. Des hommes et des femmes qui habitent sincèrement dans leur peau au point de concorder à cent pour cent avec les émotions qu'ils donnent à voir et pour lesquelles ils attendent d'être payés en retour. Des sortes de héros bons et francs comme les vrais simples d'esprit. Moi je suis un petit bonhomme et le frottement accidentel contre cette gonzesse me fit glisser dans une ambiance surnaturelle. Pour un peu je me sentais filer au paradis sur les rails d'une mort omniprésente qui enfin devenait réelle mais pas douloureuse du tout en vérité. Je manquais de la prendre par les épaules à la sortie de l'ascenseur. Tout ça parce que nous faisions équipe pour un soir et que cela semblait nous donner une sorte de droit les uns sur les autres. Un peu comme si nous nous retrouvions à camper en pleine montagne dans une longue randonnée. On avait beau ne pas se connaître quelques heures plus tôt il faut bien voir que si jamais il nous venait à l'idée de vivre quelques aventures typiquement humaines, cela ne pourrait se faire qu'entre nous par la force de choses. Alors autant s'y mettre de bon cœur. Seulement ce n'est qu'une idée et qui ne me rendait pas malade pour autant. Fugace et vouée à mourir sur le bûcher de tout ce qui se pratique en termes de civilisation. Que peut-on faire des cendres à la fin quand il n'y a plus rien à brûler et que la loi qui régit le monde nous traite exactement pareil les uns autant que les autres. Les saints comme les vieux voyous; Qu'est-ce que je donnerais pour que Raymond vienne me raconter comment ça se passe. Et moi quand j'y serais sur le pas de la porte, qui voudra bien se poser ce genre de questions autour de mon lit de misère et ne serait-ce que pour me permettre de servir à quelque chose une dernière fois. Rien ne se perd selon moi dans un monde idéal. C'est pour ça que nous jouons la comédie avec la certitude d'avoir quitté l'état animal. Nous sommes des êtres humains et nous nous posons des questions.;; Qu'est-ce que tu bois.? Je lui demande quand elle revient des chiottes. Je pense en lui souriant qu'elle doit avoir la chatte toute trempée de pipi. Je peux même la voir en image. Mais elle ne sait pas ce que je pense ou vois. Ne le Devinera Jamais.. Raymond deux étages plus haut risque fort de ne pas passer la nuit. Risque.. Qu'est-ce qu'il risque mon copain?. Des clopinettes. Ce soir ou demain n'y changera rien puisqu'il n'ira plus jamais pêcher sur la rive de notre rivière tendre et fraîche. Au milieu de crapauds qui sautent dans l'eau En rafales.. Normalement elle doit s'imaginer que mon esprit est pleinement voué à Raymond. Alors qu'il analyse la situation et elle n'est pas si mal du tout cette gonzesse maintenant que je la vois de plus près. Un café pour moi aussi puisque tu me l‘offre de bon cœur.;. Elle me fait accompagnée d'un sourire à peine différent de celui que je lui ai vu afficher toute la soirée. Sa belle grimace de professionnelle qui m'a tant impressionné. Tu préfères pas qu'on aille le boire à l'extérieur. Je lui demande. Si... J'ai envie de fumer une cigarette justement. D'un coup je la trouve plus humaine. Presque compréhensible. Nous prenons place sur un banc de fer quelques mètres au delà de la porte d'entrée. Mon café est très chaud et j'ai l'impression que tout devient flou autour de nous. Même en pleine ville je pense. Le silence de ce soir est étrange. Incroyable et impressionnant. Le monde des vivants n'est qu'une triste illusion. Si nous étions réellement vivants nous serions éternels à n'en pas douter. N'étant que de passage nous en sommes réduits à pleurer sur notre sort les uns sur les autres. Chacun son tour tout au mieux. Nous devrions un jour trouver d'autres manières de nous interroger sur ce que nous pouvons faire et pas faire dans une existence. La pire de toutes les plaisanteries que je connaisse est celle qui nous oblige à vivre minute après minute comme si le stock était inépuisable. Parce que c'est inné et tellement enfoncé profond dans notre cerveau qu'il est impossible d'aller le rechercher l'Innée en question.. L'extirper sans endommager gravement le reste. Les éléments périphériques.. Pourtant je sais ce qu'il en est et depuis longtemps. Je ne dois pas être le seul d'après Ce que j'ai Lu.. ici et là. Quoique je ne puisse en tirer aucune gloire; Cela n'a pas changé grand chose à ma vie de découvrir toutes ces facéties. Il fait vraiment doux ce soir.. .Il paraît qu'il va faire chaud dans les prochains jours.. Elle me fait en sortant son paquet de cigarettes. Je peux t'en offrir une... contre le café;. J'hésite une seconde parce que je ne fume jamais comme ça au quotidien. Mais je m'empare de la Malboro qui dépasse et ma foi je la trouve bonne en me la coinçant entre les lèvres. Tu as du feu. Je lui demande. Je ne sais même pas comment tu t'appelles. J‘ajoute aussitôt. Excuse moi. Elle me sourit. Moi c'est Isabelle. Et toi.. Humm. Ce n'est pas triste de perdre un ami.. Cela ne doit pas l'être.. Dieu ne nous met pas au monde pour que nous soyons tristes et regrettions quoi que soit;;. Je l'écoutais mollement en tirant quelques tafs. Elle croit ce qu'elle dit et j'y mettrais ma main au feu. Je pense de toute façon qu'elle a le droit de penser ce qu'elle veut. Je pense bien de mon côté que si je pouvais l'enculer je ne m'en priverais pas. Ainsi va la vie. Elle a un beau cul, des seins pas mal du tout et la belle quarantaine. Que demander de plus. Puis toutes ces histoires se passent dans la tête alors où est le problème. La vie ne sera jamais qu'une rage froide permanente. Avec le déshonneur au bout et pas moyen d'y échapper. La dernière séquence sera affreuse et pas moins douloureuse que la féroce expulsion du début de l'histoire. Je me tourne vers Isabelle. Est-ce que tu te donnes du mal pour vivre?.. Je lui demande. Mais je la sidère tellement qu'elle ne peut me répondre immédiatement...

     


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