• Comme On Va au Cinéma (129)

     

    Je rejoignais Maggy comme prévu le lendemain à l'entrée des thermes. Nous nous pelotâmes discrètement puis je la suivis vers le péristyle et en approchant je reniflais l'air épais et moite qui sentait légèrement le savon. Je suivais Maggy ou plutôt ses belles fesses moulées dans une jupe qui me paraissait un peu trop serrée. Durant quelques jours après le premier épisode sexuel dans la maison du paradis, j'éprouvais une sorte de répugnance à la seule idée de remettre ça un jour. Puis comme il fallait s'y attendre avec le temps je changeais d'avis. Comme tous les hommes je ne suis plus le même avec les batteries rechargées. De toute façon j'étais dans une période où un rien m'enflammait. Je crois fortement que mon esprit avait développé un mécanisme de défense curieux et compliqué. Sûrement à mon insu mais qui me réussissait j'avouerais. Comparable à un petit programme informatique à qui mon esprit aurait dévolu la gestion de mon existence au jour le jour en attendant Juliette. Tout était fait pour maintenir la machine à son meilleur niveau. Pendant que le présent filait invincible et un peu comme on va au cinéma certains jours pour tuer le temps. C'était exactement ça. Je bandais en permanence et je ne pensais qu'à Juliette qui je le savais par Salvador allait revenir dans les parages. Il avait plus ou moins la certitude qu'elle venait de louer un petit appartement dans l'autre ville thermale à la sortie du défilé menant à la côte. Je n'avais jamais autant remarqué de coïncidences dans ma vie. J'avais l'impression de n'avoir qu'à me lever le matin et attendre tranquillement la fin de la journée pour découvrir des choses merveilleuses sur moi et la petite partie du monde qui m'était dévolue. Les évènements s'emboîtaient comme un long pipe-line entre le grand lac blanc de montagne et mon désert qui refleurissait de cette belle eau claire qui s'y déversait et bientôt deviendrait la verte vallée aperçue en rêve une nuit où modestement j'attendais Dieu ou l'infini. A moins que ce ne soit la mort ce qui revient au même et je prêtais peu d'attention à ces nuances. Nous étions tous debout dans le grand théâtre. Il suffisait de tendre l'oreille vers qui que ce soit pour entendre la gamme complète des musiques humaines. Dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres il y avait de quoi repartir à zéro si une volée de bombes atomiques étaient venues détruire toute forme de vie ailleurs en nous épargnant. Donc je me laissais porter mais fallait-il encore que j'en bave selon ce qui était prévu. Je ne me plaignais jamais vu que nous étions tous soumis au même programme. Salvador dans ses moments de faiblesse où Lou un soir de cafard avaient autant besoin de moi que le contraire. Pourtant j'aurais du m'étonner un peu plus de les voir toujours ainsi débouler pile-poil quand il fallait. Tenant compte de ce que fut la longue pente glissante qui m'avait fait traverser le pays de part en part pour m'écraser un soir d'automne sur les montagnes et deux jours plus tard les premières neiges étaient en vue. J'aurais pu y voir quelques hasards de trop et rien de vraiment naturel. Je me serais mis à courir de tous les côtés avec l'intention de mettre la main sur le farfelu qui me faisait marcher. Rien de tout ça. Je restais calme et intéressé de connaître la suite. Ce fut une expérience mémorable de penser qu'il était parfaitement naturel de filer vers son destin. Maintenant au pas de course je suivais un beau cul ondulant et capricieux et de plus j'avais réappris à me tenir en de pareils circonstances. Je te présente Monsieur Martinez.. Me fit Maggy tout sourire. S'adressant directement à lui;. Et ça fait un moment que je prévoyais un petit topo sur nos eaux prestigieuses.. (Elle éclatait de rire..)Enfin, on est là et c'est le principal.. Ne nous en veut pas.. Mieux vaut tard que jamais comme on dit.;. Hein Martinez;.. Elle ricana en lui prenant un bras; Visiblement on était là entre vieilles connaissances. Moi bien sûr je faisais le nigaud et saluais mielleusement tout ce qu'on me présentait. Nous traversâmes des lieux vaporeux et leurs voûtes néo-gothiques avec moult simagrées. Maggy cavalait et me donnait l'impression de n'avoir plus été refroidie depuis que je m'en étais assez correctement occupé. La situation m'intéressait dans le sens où je cherchais à savoir combien de temps elle tiendrait dans son abstinence si je me retirais de notre petit commerce. A mon humble avis pas très longtemps. La bête était réveillée et plus disposée à se rendormir. Est-ce qu'au moins son mari s'aviserait de profiter de l'aubaine. Dommage pour lui je pensais. Sa femme chaude et nerveuse se révélerait momentanément une vraie affaire. Dommage surtout que son capital humain à cet homme frisait la banqueroute. Je m'étais permis de le lire dans ses yeux en lui serrant la main et il me jugea imbécile. C'est la vie qui veut ça. Elle éreinte et trompe lourdement tout ce qui se présente. Le meilleur s'en va en merdes inqualifiables. S'épuise en combats à mourir de rire si on recule d'un mètre seulement pour mieux observer. C'est une calamité. Se faire clandestinement taper dans le cul pour une Maggy c'est une forme de résistance devant l'honteuse tragédie. D'autres se suicident ou écrivent des bouquins. Commettent un crime. Se font clochards ou se barrent dans la forêt. N'importe quoi qui va pour de bon changer leur vie. Chacun son destin après tout. Tout est permis à la seule condition que ça arrive sur le mode automatique. Sans l'ombre d'une réflexion. La plus petite migraine. Le principal étant de tenir la distance, comme un long sprint galopant. Remplir de toute son énergie le quota temporel en y engouffrant le maximum de tout, et la recette est simple. Bouffer.. Dormir.. Baiser.. Et se Poser le moins de Questions Possibles;. Une vie c'est court et fragile, tout le monde le sait. Seulement dans une tête tourbillonnante comme la mienne même une vérité aussi claire finit par s'assombrir. M'obligeant à réviser indéfiniment la leçon et me répéter sans cesse. J'ai qu'Une Vie et Après C'est Foutu.. Ce qui a peu d'effet puisque Au Fond de Moi.. je me crois aussi immortel que n'importe qui et parfois j'écume de rage contre l'injustice. Honteusement alors, comme tous Les Autres.. J'étouffe dans ma légèreté. Bien sûr en moins d'une heure nous fîmes le tour et bouclé le fameux topo. J'avais pris des notes et des photos. Tourné la tête de tous les côtés. Ostensiblement Posé Les Bonnes Questions.. Seulement je recommençais à accumuler du retard Chez Moi.. et n'en voyais pas la fin. Je m'ennuyais et c'était terrible. Quoique sur place j'étais sauvé. Vu qu'il était temps de partir...

     

     


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