• Cinéma Habituel (44)

    Il me donna des nouvelles concernant son installation au presbytère, les travaux qui tardaient et la préparation de la fête de la Vierge qui aurait lieu en août . Il jeta encore un oeil sur l'assistance et décida de s'en aller. J'aurai grand plaisir à t'inviter d'ici une dizaine de jours quand on y verra plus clair dans mon chantier, est-ce que tu aimes les pâtes, aux fruits de mer par exemple, c'est ma spécialité et j'en tire une certaine fierté je dois avouer, mais ne te montre pas si enthousiaste surtout, tu me mets mal à l'aise. J'éclatais de rire. Je te remercie, ça tombe bien j'adore les pâtes, précise moi le jour, de toute façon on aura l'occasion de se revoir, maintenant que tu es lié à notre bout de vallée, tu auras remarqué que la ville est à peine plus grande qu'un tapis. A l'instant précis où après m'avoir salué et fait signe aux bonnes âmes les plus proches, Mona fit son apparition. Je fus seul à remarquer la brume de désappointement que trahissait quelques battements de cils nerveux. Mais cela pouvait aussi être le fruit de mon imagination, et de toute façon il avait dit qu'il partait ce qui rendait difficile un revirement publique trop flagrant. Mona débarquait serrée dans un pantalon jaune d'une coupe aussi simple et légère qu'un pyjama, qui lui remontait sur les mollets et moulait délicieusement les fesses. De vrais fruits du paradis. Je suivis le regard de David qui fit mine de s'empresser vers la sortie comme s'il ne voyait rien. Serrant le poing aux jointures blanches.. Ne te retournes pas mon ami. Tu sais ce qui arrivera et tu es très bien placé pour ne pas l'ignorer.. faire semblant... A ton Niveau ce Serait un Crime.. C'est écrit et Prévu Noir sur Blanc dans ton satané bouquin. Garde la tête droite et fais comme si tu décidais tout seul de ton sort. Personne a besoin de savoir.. Marche droit en avant vers ton destin. Ne transige jamais. Tu as dit que tu partais et pars ou tu te verras transformé en statue de sel. Je pensais. Le bar connut une animation inhabituelle durant toute la soirée. C'était une façon de saluer l'été qui s'annonçait chaud à en croire quelques uns, ou un trop plein de sève qui débordait de manière imprévisible et collective Ah, l'insouciante humanité et toujours Cette Soudaine Chaleur... Il fut question d'un barbecue au bord d'un lac sur la montagne. Sortie de nulle part l'idée connut un succès fulgurant et s'imposa en un rien de temps. Puis chacun fut sommé dare-dare d'exprimer son enthousiasme envers le divin projet, tout en proposant sa participation à un titre ou un autre. Évidemment le côté joyeuse bande entre vieux boy-scouts de l'affaire ne m'échappa pas, et malgré diverses sollicitations je m'abstenais de répondre quoi que ce soit de précis. Les quelques verres engloutis n'étaient pas suffisants pour me ramollir au point de sauter de joie à la perspective d'une partie de campagne entre gens heureux. J'avais tord de le prendre ainsi. Dans le brouhaha nocturne Elle.. arriva comme un ange. Elle était toujours avec deux de ses copains anglais dont le rouquin costaud qui semblait programmé pour pousser des cris de joie à toutes les occasions qui se présentaient. Hello, My friends, Mesaamiis... Cinéma habituel de types qui s'approchent d'un bon comptoir et savent comment s'y tenir. Je préférais observer en douce l'ange aux cheveux bruns et un rien menu et longiligne qui les suivait. Michael se pencha par dessus son comptoir pour parvenir à l'embrasser, manquant de finir par dessus bord, ce qui tomba à pic pour me faire entendre sa voix de tout près, quasiment dans mon oreille et je dus me pousser pour ne pas me prendre le gros rouquin sur la tête. Je sus alors qu'elle n'était point anglaise, et loin d'être une déception, j'aurais pu aimer l'idée qu'elle puisse se révéler un rien exotique, le fait de découvrir qu'elle était bien de chez nous me parut plutôt rassurant. Malgré la différence d'âge Respectable., elle me semblait maintenant plus proche, plus Humaine.. Réelle;. Et susceptible d'entendre des choses compliquées par exemple, encore que cela ne pouvait être que par défaut, puisque manifestement j'érigeais d'emblée et de moi-même, de mon propre chef et sans qu‘on me demande rien, une coupante barrière de corail entre nos deux bulles humaines. Un mur épais hérissé de lames de rasoirs. Par Pur Réalisme...


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