• Des Crampes et Des Aigreurs d'Estomac (123)

     

    J'éclatais de rire aussi avec son histoire. Au point que je crachotais le café.. Je ne me souvenais pas d'une histoire aussi marrante. Oh mince.. Je pestais.. Tu m'as gâché mon café;. Et qu'est-ce qu'il est bon.. C'est pas la machine que Raymond avait acheté à noël dernier.. Super.. Mais pourquoi t'es venues me faire marrer comme ça.. Fais moi plaisir Monique.. J'en reprendrais vraiment un autre.. Elle se leva immédiatement mutine et leste avec son gros derrière qu'elle traînait un peu à la remorque. Je me retrouvais seul dans ce salon ringard et chaleureux. Le fantôme de Raymond souriait près de la cheminée. Il m'affirmait que surtout je ne m'en fasse pas. Cela ne comptait pas le nombre de fois où j'étais venu Rendre Visite.. À sa vieille. J'avais donné tout ce que j'avais de bon sur moi et là était le principal. Au moins il la retrouvait de bonne humeur. Mon métier il le savait, était de tirer des fils. Pas forcément de jouer au clown et Raymond comprenait ces nuances. Je l'en remerciais. Je suis fait d'un bois rare et encore aujourd'hui je rencontre certaines difficultés à l'admettre. Culpabilisant. Raymond savait mieux que les autres et plus encore depuis qu'il s'était dégraissé des inutiles lourdeurs humaines. Ils se plaignent les vivants d'avoir des crampes et des aigreurs d'estomac. Mais ils devraient s'en réjouir les imbéciles. Sans elles nous serions bêtement heureux en permanence. Ennuyeux et stupides à regarder. Je vais te laisser Monique;. Je lui dis au bout d'une demi-heure. Souriant et décontracté. Elle me fixa soudainement comme si j'avais sorti une ânerie. Mais tu m'as pas répondu à ma question.. Je hochais la tête sans comprendre. Mais oui.. Je t'ai demandé tout à l'heure ce que tu pensais si je repartais vivre chez moi près de ma sœur.. Je manquais de lui montrer mon incrédulité. Heureusement rapide comme l'éclair mon esprit sut réagir à la situation. Je me renfonçais dans le fauteuil en laissant errer mon regard sur les souvenirs de Raymond. Je fermais les yeux quelques secondes. Afin de tranquillement poser la question au fantôme de mon vieux copain. Je ne doutais pas une seconde qu'il se promenait dans le coin. Chez lui tranquillement de son air muet et goguenard; Son masque de Popeye collé dans ma mémoire. Qu'est-ce t'en penses vieux.. Je lui demandais. Je n'eus pas longtemps à attendre. La réponse par un vrai miracle me revint franche et sans détours. Sortie tout droit de mon inconscient. Je pense que c'est une bonne idée.. Des neveux.. Des petites nièces à gâter.. Tu pourras t'occuper d'eux.. Tu as raison, c'est un très bon projet.. Je fis ainsi à Monique. Son visage comme je le voyais, flambait de bonheur. Je crains un instant qu'elle ne se jette sur moi.. Tu crois vraiment que Raymond aurait donné son accord.. Il aimait tellement cette région.. Puis semblant se raviser. Mais qui va aller fleurir sa tombe;. Et s'en occuper Quand Je Serais Plus Là..; Je comprenais mieux où elle voulait en venir, et je me dis qu'il était de mon devoir de l'y aider et l'apaiser. Je pris ses mains entre les miennes. Tu sais qu'il existe des services de livraison de fleurs partout dans le monde maintenant. Une fois de temps en temps;. Quand tu en auras envie.. Tu prends ton téléphone et le jour même le bouquet de fleurs arrivera.. Et pour sa tombe ne t'en fais pas trop;. Je m'en occuperais quand il faudra.. J'y suis pas trop allé ces derniers temps parce que je savais que tu étais pas loin.. Elle écrasa une larme qui commençait à couler sur sa joue gauche;. Merci.. Merci.. Elle faisait comme une grosse et vieille gamine. La scène me gênait mais je savais qu'elle ne durerait pas. Tout avait été dit et réglé. J'allais vite retrouver ma liberté. Je commençais enfin à me lever et elle en fit autant. Puis elle eut un sursaut.. Attends.. Bouge pas.. Elle m'intima et fila vers la cuisine. Quand je la revis elle portait à pleins bras la machine à café de Raymond. Mais qu'est-ce que t'es en train de faire?.. Je lançais. Je veux que tu l'emportes.. Moi je bois jamais de café.. Je peux plus du tout.. c'est à cause d'mon cœur.. Au moins elle va pas rouiller comme ça.. Je t'en pries.. Je m'en emparais et l'embrassais. En me raccompagnant à l'entrée du jardin il lui vint la sensation d'avoir oublié quelque chose d'important. Elle se frappait la tempe en marmonnant. Mais heureusement que j'y pense à l'instant.. Je m'en serais voulu.. J'avais quelque chose à te dire encore.. Cette femme qui vous accompagnait à l'hôpital.. Une des deux.. Isabelle, et bien j'ai dormi chez elle quand je suis partie prendre le train il y a deux semaines.. C'était David qui avait voulu.. Je sais pas pourquoi je te parle de David d'ailleurs.. Pour en revenir à ça.. Je trouve quand même que cette femme elle m'a beaucoup parlé de toi.. Elle se tut pour m'observer. Je ne peux pas dire combien de questions elle m'a posé;... pour savoir ce que tu fais et.. Voilà.. Comme je me contentais de souligner l'histoire par des petits grognements. Elle me crut plus ou moins touché je pense. Ce qui l'encouragea à poursuivre avec un avis qui selon moi avait été longuement ruminé. C'est une jolie femme quand même. Tu crois pas.. Et elle est seule aussi dans la vie;. Comme Toi.. Je l'ai trouvée très douce.. Je me suis demandé si ce n'est pas ce qu'il te faut.. Tu pourras pas rester toujours seul.. C'est pas une vie non plus.. A Ton Âge.. Je suis sûre que vous iriez bien ensemble tous les deux;. Je voulais te le dire.. Merci pour tout Monique.. J'y penserais.. Non.. Merci de te préoccuper pour moi.. Cela me touche;. Puis avec ma machine à café je filais sans demander mon reste.

     

     


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