• La Grande Fraternité de la Baise… (115)

     

    Mona à qui je n

    'avais pas parlé me fit coucou en quittant le bar. Je savais où elle se rendait et en cherchant mon regard elle voulait me dire, et c'est du moins ce que j'imagine, que nous étions un peu plus copains que de coutume elle et moi. Alors qu'en vérité je m'en foutais pas mal. J'étais pas là pour créer la grande fraternité de la baise. David l'attendait chez moi pour lui faire sa fête mais ça ne regardait qu'eux après tout. Je m'étais demandé pourquoi il ne s'était pas décidé pour une chambre d'hôtel dans une ville un peu plus loin. Peut-être que c'était plus risqué encore que d'aller chez moi. Où ne supportait-il l'ambiance des chambres d'hôtel et je pourrais le comprendre. C'est laid et triste comme endroit. Même quand on y met le paquet. C'est moche par principe. Ces piaules faites pour y balancer sa carcasse sans l'ombre d'un amour. Parlant ici d'amour comme une expression de la vie et tel qu'on le ressent dans la plus misérable habitation. Une maison garde l'odeur et un peu de l'âme de celui qui l'habite, les garde parfois pendant des années en son absence s'il le faut. Une maison est vivante. C'est pas une prostituée qui attend ses nouvelles paires de fesses à la chaîne. L'hôtel toujours nous rappelle la mort ne serait-ce qu'au travers de son équation de base. Nous partirons d'ici avec une main devant et une autre derrière au mieux. Nous ne sommes rien et tout reste aux autres, les petits chanceux en bonne santé et qui sont en train de se taper une belle tranche de viande fumante arrachée à la bête ou sur pieds qui n'a qu'une envie celle de sucer les petit chanceux vu que c'est leur tour sur le grand calendrier. L'hôtel me fait cet effet. Considérant que nous partagerions tous le socle génétique qui m'amène à ces réflexions, je peux parier sur ce qu'un David peut avoir en tête dans ces cas là. Dans le droit fil de ces conclusions je me demande bien ce qu'a pu penser Sam en voyant débarquer Lou de ma voiture. Mince.. Quelle poisse. Je fis en l'apercevant de l'autre côté de la rue. D'autant qu'en plus de la situation scabreuse et je suis bien d'accord, il m'inspire dorénavant une crainte assez primaire. Un serpent se glissant sur mon échine n'aurait pas été pire. Disons le, ça classe un homme un double meurtre. Fut-ce celui de ses propres parents. Sam m'envoya un geste parfaitement amical néanmoins. Une mimique s'adressant autant à moi que Lou. Et un simple .. Je vous laisse.. Avant de filer sans chercher à se mêler de quoi que ce soit. A peine je sentis glisser ses yeux. Je me demande ce qui m'attendait si au lieu de Sam je m'étais retrouvé nez à nez avec le gros Louis.. Ou le comble et je viens juste de réaliser le genre de tuile qui pourrait me tomber dessus, serait de me faire coincer par Antoine. Nous aurions beau eu entretenir d'excellentes relations jusque là, Antoine tient du scorpion. Il pique parce que c'est sa nature. Surtout qu'une histoire pareille lui en rêve jours et nuits. Inconséquent et vicieux comme un enfant. Alors si en plus il peut flairer une bonne odeur de sexe toute chaude, je doute fort qu'il ait envie de faire celui qui n'a rien vu. Je fais signe à Michael qui ramasse une bouteille dans un frigo sous le bar. Tu m'en mets un autre. Je lui fais en désignant une tasse vide devant moi. De suite chef.. Il me répond. Ca va toi. Il me demande ensuite. Ca va.. Comme d'habitude... Je répond évasivement. Ce qui ne le convint pas je crois. Tu m'as l'air préoccupé.. Il rajoute une minute plus tard en posant la tasse sur le comptoir. Il m'ennuie Michael avec ses remarques. Je réfléchis..  Pourquoi ça irait pas;.. Me contentais-je de marmonner. Je ferais peut-être mieux de partir. Je me suis dit aussi. Mais je restais à ma place et lentement sucrais mon minuscule café serré qui est déjà le résultat de toute une histoire. Tous les mordus savent comme c'est difficile de dénicher un bon café. Aux Champions il m'avait fallu batailler avant d'obtenir ce résultat. Remarque après remarque et une râlerie après l'autre j'y étais enfin parvenu alors il n'était pas question de fuir à la première contrariété. Oui, j'étais légèrement préoccupé par ma petite aventure avec Lou. Mais je n'y attachais pas tant d'importance que ça. J'étais plutôt étonné de la tournure sexuelle de l'histoire. Si quelqu'un la veille encore m'avait prédit que j'allais sauter Lou je l'aurais bien traité de fou. Que je l'emmènerais chez moi aussi facilement m'aurait paru scabreux. Et c'est cet aspect qui devait me contrarier. La facilité avec laquelle j'abandonnais des obsessions qui à force de résonner dans mon crâne avaient fini par acquérir un statut sacré. Des histoires de mes nuits glacées gravées dans le marbre. Puis soudain en moins de deux et sans que j'oppose de résistance.. Pffuuit.. J'oublie tout de ce qui faisait tout de même pas mal de mon originalité. En tournant mon café dans le bar qui bruissait de ses habituelles tranches de petites vie insignifiantes, je me débattais dans un drôle de capharnaüm. Sans honte je me goinfrais de tout ce qui me tombait sous la main, et non sans amertume je ressentais un pincement au cœur dans l'abandon de ma vraie solitude. Les souffrances des nuits tristes qui m'auraient vu mourir dans un désert oublié de tous les hommes. J'avais troqué la vraie solitude contre une autre que je qualifiais de pacotille comme celle qui la veille était venue m'importuner. Pas une seconde je ne m'étais laissé duper. Mais je me sentais ramolli à présent. Plus faible. Et avec cette énigme toute mon expérience ne m'était d'aucune aide. J'échouais à fournir une explication fiable...

     


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