• La Grande Paix (78)

    Je m'installais d'abord dans la fraîcheur de la maison pour travailler. En sourdine j'écoutais une radio australienne sans coupures publicitaires et durant une heure j'avançais pied au plancher. Profitant du décalage horaire qui me mettait au milieu de la nuit en Australie je goûtais le calme étrange en plein jour d'une émission conçue pour des insomniaques. C'était du classique avec de nombreuses pièces monastiques et des voix comme des nappes de brumes jetées sur le monde réel de la matière bruyante et putride. Définitivement je pense je dois vivre ailleurs.;; Ce qui n'empêche qu'une fois dans mon élément je ne suis pas le plus mauvais; Je m'y connaissais pour ce qui était de donner un semblant d'allure à des Rapports aussi peu transcendants que La Réussite d'Un Séjour.. Sans forcer. Il me suffisait de lever les yeux sur les versants de la montagne que je touchais physiquement. De voyager les yeux tournés vers le ciel qui nous accordait une lumière différente de toutes celles qui existaient ailleurs. De laisser mon esprit grimper tout en haut des cols et flotter dans le vent d'un plateau à l'autre, montant des vallées aux sommets et planer sur les flancs rocheux découpés en reliefs irréguliers depuis que la Terre craquant de toute part surgissait ici même à la verticale. Tous ceux qui peuvent faire preuve d'un minimum de sensibilité ressentent encore les vibrations du cataclysme. Se nourrissent des forces inouïes qui furent mises à l'œuvre pour aboutir à un pareil résultat. Entendent hurler toujours la pierre déchirée par la main qui ne peut être de ce monde. Aux futurs scouts qui envahiraient après ça notre vallée je ne leur vendrais nullement le confort des sanitaires du groupe scolaire pourtant si Corrects et Pratiques.. Mais les forces magnifiques qui se sont exprimées partout et où que l'on se tourne, des traces suffisantes laissées en cadeau depuis pour régénérer les hommes fatigués et las de courber l'échine devant la vie impossible et incompréhensible. Je leur dirais comme cela ne demande aucune forme d'intelligence. Qu'il suffit de se coucher dans l'herbe douce des flancs tièdes de nos montagnes et d'attendre. Il n'y a rien d'autre à faire.. Qu'attendre.;. Au bout d'une heure il me vint l'envie de me reprendre un petit café. Je m'installais à l'extérieur à même la terre pour le déguster aussi divinement que possible. Au loin je pouvais apercevoir le vieux joseph qui redressait des poteaux dans la prairie. Je lui fis un signe de la main qu'il me rendit à deux reprises. Puis ainsi disposé baignant dans le soleil je m'avisais de dénicher une casquette pour réaliser aussitôt qu'il me serait difficile de retourner travailler à l'intérieur de ma masure qui soudain m‘apparaissait trop fraîche. Seulement ne possédant plus d'ordinateur portable cela voulait dire aussi qu'il me faudrait écrire à la main. Un exercice auquel je répugne particulièrement. La raison étant que j'écris tellement mal à la main, mes doigts s'agitent si nerveusement que très souvent j'ai du mal à me relire moi même. Néanmoins. C'est de ça que j'avais envie. Je ressentais tant d'harmonie là au dehors dans l'herbe qu'il m'aurait fallu être complètement fou pour me refuser un plaisir si évident, simple à réaliser, gratuit... Etc.. etc.. Ainsi je fis et armé d'un gros bloc je partais bille en tête avec la ferme intention d'avancer une semaine de boulot en une heure ou à peine plus. Comptant sur certains vieux réflexes jouant en ma faveur dès qu'il s'agirait de noircir du papier. Seulement une fois bien installé et une bière ouverte à porté de main je ne l'entendais plus spécialement de cette oreille. Le soleil, le calme;;. La grande paix.. Les sommets clairs et le ciel pur, me détachaient immanquablement de mes histoires d'auberge de jeunesse ou de circuits pédestres Très Agréables et Frais.. Sportifs Mais Accessibles à Tous..; Je me retrouvais en pleine ébullition métaphysique et plus moyen de faire demi tour. Étais-je prêt d'ailleurs à tenter un tel exploit. Certainement pas. Je sentais l'affaire perdue d'avance et qu'y aurais-je gagné en vérité. Je me couchais dans la belle herbe sans vergogne maintenant que j'y étais.. Parmi les miens les insectes...

     

     


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