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    J'éclatais de rire aussi avec son histoire. Au point que je crachotais le café.. Je ne me souvenais pas d'une histoire aussi marrante. Oh mince.. Je pestais.. Tu m'as gâché mon café;. Et qu'est-ce qu'il est bon.. C'est pas la machine que Raymond avait acheté à noël dernier.. Super.. Mais pourquoi t'es venues me faire marrer comme ça.. Fais moi plaisir Monique.. J'en reprendrais vraiment un autre.. Elle se leva immédiatement mutine et leste avec son gros derrière qu'elle traînait un peu à la remorque. Je me retrouvais seul dans ce salon ringard et chaleureux. Le fantôme de Raymond souriait près de la cheminée. Il m'affirmait que surtout je ne m'en fasse pas. Cela ne comptait pas le nombre de fois où j'étais venu Rendre Visite.. À sa vieille. J'avais donné tout ce que j'avais de bon sur moi et là était le principal. Au moins il la retrouvait de bonne humeur. Mon métier il le savait, était de tirer des fils. Pas forcément de jouer au clown et Raymond comprenait ces nuances. Je l'en remerciais. Je suis fait d'un bois rare et encore aujourd'hui je rencontre certaines difficultés à l'admettre. Culpabilisant. Raymond savait mieux que les autres et plus encore depuis qu'il s'était dégraissé des inutiles lourdeurs humaines. Ils se plaignent les vivants d'avoir des crampes et des aigreurs d'estomac. Mais ils devraient s'en réjouir les imbéciles. Sans elles nous serions bêtement heureux en permanence. Ennuyeux et stupides à regarder. Je vais te laisser Monique;. Je lui dis au bout d'une demi-heure. Souriant et décontracté. Elle me fixa soudainement comme si j'avais sorti une ânerie. Mais tu m'as pas répondu à ma question.. Je hochais la tête sans comprendre. Mais oui.. Je t'ai demandé tout à l'heure ce que tu pensais si je repartais vivre chez moi près de ma sœur.. Je manquais de lui montrer mon incrédulité. Heureusement rapide comme l'éclair mon esprit sut réagir à la situation. Je me renfonçais dans le fauteuil en laissant errer mon regard sur les souvenirs de Raymond. Je fermais les yeux quelques secondes. Afin de tranquillement poser la question au fantôme de mon vieux copain. Je ne doutais pas une seconde qu'il se promenait dans le coin. Chez lui tranquillement de son air muet et goguenard; Son masque de Popeye collé dans ma mémoire. Qu'est-ce t'en penses vieux.. Je lui demandais. Je n'eus pas longtemps à attendre. La réponse par un vrai miracle me revint franche et sans détours. Sortie tout droit de mon inconscient. Je pense que c'est une bonne idée.. Des neveux.. Des petites nièces à gâter.. Tu pourras t'occuper d'eux.. Tu as raison, c'est un très bon projet.. Je fis ainsi à Monique. Son visage comme je le voyais, flambait de bonheur. Je crains un instant qu'elle ne se jette sur moi.. Tu crois vraiment que Raymond aurait donné son accord.. Il aimait tellement cette région.. Puis semblant se raviser. Mais qui va aller fleurir sa tombe;. Et s'en occuper Quand Je Serais Plus Là..; Je comprenais mieux où elle voulait en venir, et je me dis qu'il était de mon devoir de l'y aider et l'apaiser. Je pris ses mains entre les miennes. Tu sais qu'il existe des services de livraison de fleurs partout dans le monde maintenant. Une fois de temps en temps;. Quand tu en auras envie.. Tu prends ton téléphone et le jour même le bouquet de fleurs arrivera.. Et pour sa tombe ne t'en fais pas trop;. Je m'en occuperais quand il faudra.. J'y suis pas trop allé ces derniers temps parce que je savais que tu étais pas loin.. Elle écrasa une larme qui commençait à couler sur sa joue gauche;. Merci.. Merci.. Elle faisait comme une grosse et vieille gamine. La scène me gênait mais je savais qu'elle ne durerait pas. Tout avait été dit et réglé. J'allais vite retrouver ma liberté. Je commençais enfin à me lever et elle en fit autant. Puis elle eut un sursaut.. Attends.. Bouge pas.. Elle m'intima et fila vers la cuisine. Quand je la revis elle portait à pleins bras la machine à café de Raymond. Mais qu'est-ce que t'es en train de faire?.. Je lançais. Je veux que tu l'emportes.. Moi je bois jamais de café.. Je peux plus du tout.. c'est à cause d'mon cœur.. Au moins elle va pas rouiller comme ça.. Je t'en pries.. Je m'en emparais et l'embrassais. En me raccompagnant à l'entrée du jardin il lui vint la sensation d'avoir oublié quelque chose d'important. Elle se frappait la tempe en marmonnant. Mais heureusement que j'y pense à l'instant.. Je m'en serais voulu.. J'avais quelque chose à te dire encore.. Cette femme qui vous accompagnait à l'hôpital.. Une des deux.. Isabelle, et bien j'ai dormi chez elle quand je suis partie prendre le train il y a deux semaines.. C'était David qui avait voulu.. Je sais pas pourquoi je te parle de David d'ailleurs.. Pour en revenir à ça.. Je trouve quand même que cette femme elle m'a beaucoup parlé de toi.. Elle se tut pour m'observer. Je ne peux pas dire combien de questions elle m'a posé;... pour savoir ce que tu fais et.. Voilà.. Comme je me contentais de souligner l'histoire par des petits grognements. Elle me crut plus ou moins touché je pense. Ce qui l'encouragea à poursuivre avec un avis qui selon moi avait été longuement ruminé. C'est une jolie femme quand même. Tu crois pas.. Et elle est seule aussi dans la vie;. Comme Toi.. Je l'ai trouvée très douce.. Je me suis demandé si ce n'est pas ce qu'il te faut.. Tu pourras pas rester toujours seul.. C'est pas une vie non plus.. A Ton Âge.. Je suis sûre que vous iriez bien ensemble tous les deux;. Je voulais te le dire.. Merci pour tout Monique.. J'y penserais.. Non.. Merci de te préoccuper pour moi.. Cela me touche;. Puis avec ma machine à café je filais sans demander mon reste.

     

     


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    Je revis Monique le lendemain. T'as de la chance.. Elle me fit.. Je viens juste de rentrer ce matin. Je voulus savoir de quel voyage elle parlait. Il me reste une soeur dans le nord. J'étais là bas avec elle. Sinon;.. J'insistais. Des hauts et des bas.. Ca dépend des jours.. Tout me rappelle Raymond ici.. C'est terrible. Et toi.. J'ai l'impression que tu as maigri.. Mais ça te va bien quand même. T'as pris des couleurs aussi. Mais rentre.. je te fais un café. Nous pénétrâmes dans la maison qui me frappa par son arrangement. On aurait dit un musée. Des affaires de Raymond étaient disposées un peu partout comme s'il devait rentrer lui aussi de voyage le jour même. Je remarquais une casquette, l'appareil à rouler ses cigarettes qu'il utilisait par coquetterie, ses pantoufles.. Et même, et je dus m'approcher pour être certain plus tard de ne l'avoir pas rêvé, deux journaux antérieurs à sa mort et laissés comme si de rien n'était sur des meubles. Je ne pus empêcher qu'un lamentable frisson me fasse plier l'échine. Je me croyais néanmoins plus discret. Oh.. Fais pas attention.. J'ai pas encore eu le temps de tout enlever.. Murmura derrière moi Monique. Alors raconte moi un peu comment tu t'organises.. Tu vois un peu de monde j'espère;. C'est Pas Bon de s'enfermer chez Soi.. Oh.. Elle s'exclama.. Heureusement que ton ami David est là.. Qu'il est gentil cet homme;; Je ne pense même pas à l'appeler autrement.. C'est drôle.. Non.. Il est venu au moins une fois par semaine.. Avec monsieur Saulnier et sa femme.. Madame Daban aussi qui passe deux ou trois fois par semaine et m'amène faire les courses.. Tu dois savoir qui c'est.. Parce qu'elle te connaît de vue.. Je me grattais la tête en donnant l'impression de chercher à me rappeler. Je vois pas qui c'est.. Je me résolus à avouer. Mais de toute façon ce n'était pas le plus important. David s'occupait d'elle depuis la disparition de son mari. Humblement et sans jamais m'en parler. Mobilisant ses amis et lui évitant de sombrer. Alors que je vadrouillais à droite à gauche avec assez de temps en rab pour avoir de quoi mourir de honte. J'aurais pu en offrir un peu à Monique sans que cela me manque. M'en serais-je seulement aperçu?.. L'idée m'attrista mais je n'y pouvais rien. Je n'étais pas plus dur avec elle que je ne l'avais été pour moi dans la vie. Elle se mit à me parler de ses journées et je ne l'écoutais pas vraiment. Mes pensées comme de minuscules nuages vagabondaient au dessus des êtres réels. Je pensais que cette existence était lourde à porter, et que tout ce qui pesait sur la conscience venait injustement s'ajouter au fardeau. L'idée de mourir dans un avenir plus ou moins proche me réconforta alors que Monique se posait à voix haute la question de savoir si elle ne ferait pas mieux de rejoindre sa sœur dans le nord. Il te reste de la famille là bas.. Je lui demandais. J'ai ma sœur et mes neveux et nièces.. Et aussi des amis d'école.. Qui n'ont jamais quitté le village.. C'est drôle tu crois pas?.. Qu'est-ce qui est drôle.. Je fis. Et bien qu'on retourne à la vieillesse là où on a grandi. Je viens d'y passer deux semaines et bien tu devineras pas ce que j'ai fait le plus souvent.. Elle reprit sans attendre que je fasse mine de deviner. J'en profitais aussi pour m'emparer du café posé sur le plateau argenté. Dis moi.. J'affirmais.. Ça m'intéresse.. Je la vis soudainement s'ouvrir et briller. Comme si elle comptait me faire une blague. Je me suis promenée tous les jours sur les petits chemins que je prenais petite pour aller à l'école.. Des petits chemins de rien du tout avec des buissons plus grands que nous.. Comme ça on pouvait s'y cacher avec mes sœurs et les copines;. Les grands.. voyaient pas ce qu'on y faisait.. Si tu savais;. Ca va derrière les maisons entre les champs et les vergers.. Et bien tu le croiras pas;. Elle me tapota un genou et je manquais de renverser le café. Je me suis amusée à piquer des fruits cette année à chaque fois que j'y passais.. J'ai pas arrêté. Des poires et des pêches, du raisin, de grosses prunes.. même de la rhubarbe.. Mais alors la meilleure.. C'est que j'ai retrouvée une vieille copine là bas du temps où j'allais à l'école, on était dans la même classe elle et moi.. Du coup on s'est retrouvées et elle aussi est Veuve.. On a Recommencé.. À se promener toutes les deux et mises à piquer des fruits ensemble comme on faisait à l'époque;. Qu'est ce qu'on a rigolé.. Seulement tu sais pas.. Après elle m'a invité à sa maison et on a fait un chocolat.. Alors là c'était la meilleure;. Des fruits qu'on s'était amusées à piquer.. Et bien c'était chez elle;. Le champ était à son mari qui est mort.. Quand je me suis rendue compte;. J'ai cru devenir folle.. Tellement on a rigolé..

     

     


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    Il nous laissa cinq minutes plus tard et je demeurais sonné. Perplexe à ma place et un tantinet idiot. En premier lieu j

    'étais jaloux de Potiné. Mais cette jalousie ne me le rendait pas monstrueux. C'était maintenant plutôt un pion à mes yeux. En fait il gagnait un étrange statut que je ne saurais expliquer. J'expérimentais un aspect secondaire dans ce domaine. Pourtant calé en matière de jalousie J'avais à apprendre encore. J'étais bien loin de la haine qui m'aurait mis dans une sorte de transe. Poussé au coup de sang et inventé je ne sais quel mortel serment. Au contraire je venais de me surprendre à tenter de déchiffrer chez lui la petite part d'humanité qui vaguement aurait pu nous rapprocher. Une heure durant il fut le centre de mon univers. Comme si dans mon silence forcé je m'en remettais à une boule de cristal qui serait venu garer une Ferrari jaune devant notre bar. C'était ridicule comme constatation mais au moins honnête. Voilà bien une fantaisie que je pouvais m'autoriser dans ce silence. Quand Salvador me fondit dessus en me prenant les épaules il me trouva serein et impeccable. Je traversais une vie entière dans mon silence et aucune vague ne flétrissait la surface. Il ne soupçonna rien de l'épisode dramatique qui venait de s'achever. Les projecteurs tout chauds encore. Mes manœuvres secrètes. Nous pûmes, où du moins il eut le sentiment, d'engager une conversation sereine et sans arrières pensées. Ah.. Ya.. Ya.. Qu'est-ce qu'on va devenir dans ce monde de fous.. Dis moi un peu.. Toi qui réfléchis à toutes ces choses;.. Je ne relevais pas. Peu curieux d'alimenter ce débat. Au fait.. Il continua. T'as réfléchis j'espère à ma proposition.. Tu sais que je compte sur toi mon gars.. Il s'accouda de manière à ce que nos épaules puissent se frôler. Comme ça un jour tu t'achètes ta maison comme tout le monde.. T'as pas encore compris comment ça se passe dans nos montagnes..(Remuant gravement le citron..) Pour les gens d'ici tant que tu n'as pas ta maison et ton bout de terre tu fais pas vraiment partie de leur pays.. Eh oui.. Je reniflais en opinant. Je t'avoues que je n'avais pas vu l'affaire sous cet angle;. Je reconnais que cela mérite considération... Satisfait il fit claquer ses lèvres.. Accompagne moi demain Sur le Terrain.. Je vois des Anglais. Ca me rendrait service et toi ça te sortira un peu de ta routine.. Je manquais d'éclater de rire. T'es un malin.. Toi.. Je lui fis. Ouaih.. Il me répondit. Mais lui ne rigolait pas du tout. Il était très sérieux là dessus. Il considérait me semble-t-il qu'être malin était dans son cas une forme de vocation...

     

    Dernier Coup de Reins

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    Celui-là, tournant le dos au comptoir avec ses coudes en arrière solidement plantés dessus menait son petit monde à la baguette Non. C'est sûr.. il faisait. Qu'il y a encore des bons coups mais;.. J'ai pas non plus marqué pigeon sur mon front.. Les anglais tu les ballades, allez reconnais-le.;. Tous éclataient de rire en frappant les omoplates de Salvador à qui Potiné publiquement faisait la leçon. Pour moi une affaire valable, c'est du simple au double sinon je sais où mettre mon pognon ailleurs.. J'achète cette année et je vend le double l'année prochaine et pas dans dix ans.. Là oui je suis d'accord.. Si t'en connais tu me fais signe, tu sais où me trouver.. Salvador pourtant rôdé à toutes les exagérations commerciales se dit qu'il y allait un peu fort. Si c'était facile on serait tous milliardaires.. Rétorqua-t-il et je m'étonnais de l'entendre aussi sage. Je me suis habitué avec lui à des audaces sans frein. Il est si incertain de l'avenir à l'échelle même d'une semaine qu'il conjure le sort comme un damné accroché à ses porte bonheur. Son truc est d'être positif. De ne jamais avouer un doute, une légère faiblesse qui ferait tout s'écrouler. Il grogne de plaisir du matin au soir. Il mord dans sa chance et s'il lui trouve un mauvais goût il jure qu'il aime ça. Il combat jour et nuit, ne baisse jamais la garde. Un guerrier joyeux à l'humanité parfaitement contrôlée. Un cas d'école bien adapté à notre petite vallée rachitique et biscornue. Comme nous tous avec chacun sa manière. Coincé au ras des montagnes trop orgueilleuses comparées à nos petites vies. Il évite comme il peut la contemplation des cimes. Ce qui en fait un type bien selon l'avis général. D'une plaisante humanité qui ne lui attire que des compliments. Alors c'est que t'as pas de bons coups à me proposer.;. Repart Potiné. Moi je t'ai déjà dit ce que je cherche.. Des petites ruines à retaper et ensuite je les loue dans le système des anglais;. Je les garde un an ou deux maximum pour les impôts;. et je les revend.. Et en attendant c'est ta petite jeune qui s'occupe des locations.; Il faut bien qu'elle s'occupe c'est pas vrai?.. Antoine minaude un peu par en dessous. C'est une technique que je lui connais. Il lance un premier hameçon gentiment. En attendant de voir ce qui remonte. Toujours l'air d'être là un peu par hasard. Si ça accroche il sort la suite planqué dans sa manche, ou il improvise. C'est selon. Dans ce cas précis il gratte l'histoire de Juliette qui émeut un peu tout le monde. Faut-il aussi que Potiné soit dans un bon jour et morde à l'hameçon qui me paraît vraiment gros; . Enfoiré.;. La réplique ne s'est pas faite attendre mais je la prévoyais un peu. Je suis toujours marié au cas où tu sais pas.. Je suis pas pédé ducon.. C'est pas un mec qui m'attend quand je rentre chez moi.. Qu'est-ce que t'avais cru?.. Il faut bien que je pense à mes résidences secondaires pour les vieux jours.. Dans moins de dix ans j'arrête tout;. Qu'est-ce que tu crois?.. Que je vais me tuer au boulot jusqu'à soixante dix ans.. Y a assez de blaireaux sur Terre qui demandent qu'à bosser.. Je les laisse;. Mais alors c'est elle qui va s'occuper des locations si j'ai bien compris.. Minaude encore Antoine qui a ses petites fiches à mettre à jour sur toutes les grandes questions nous concernant. Ouaih.. Il y a des chances.. Elle est bien cette petite.. Douce.. Calme;. Très intelligente(levant l'index;.).. Que des qualités..; Elle peut faire son trou par ici.. Tout ce qu'il faut pour elle;. Parle toutes les langues.. Mais quelles langues exactement.. Couine à nouveau Antoine alors que tous semblent cesser de respirer. Déjà c'est pas ta langue de pute.. Le tacle Potiné en se retournant. J'ai personnellement ressenti ce qui se tramait derrière les mots; Comme une brûlure qui par ricochet me touchait en plein cœur. Potiné avait donc lui aussi ce point sensible. Une façon de se sortir d'affaire et des gestes plus vifs que ceux que je lui connaissais d'habitude. Un homme alors corruptible et faible. Le pauvre. Sur une île déserte où nous nous retrouverions seuls je me demande bien ce qui pourrait arriver. Discrètement mes yeux glissent sur Sam qui a l'air d'être à cent kilomètres de toutes nos méchancetés. Levant son verre avec le petit Jason. Doux et brillant. Comme sur une autre planète. Allez Michael.. Fait Potiné. Tu nous en remets une vite fait.. Je dois y aller.. J'ai pas que ça à faire .. Moi.. Nous balance-t-il encore superbe et contrarié...

     

     


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    Pour en revenir à la jalousie je lui dois de m'avoir éclairé sur ce qui mijotait en moi. La sauce amère que c'était. Je devenais dingue avec cette histoire de Juliette. La présence de Potiné comme la petite question bête du gros Louis, furent mes révélateurs. Un demi secret retenu dans mon ombre intérieure. J'en étais bel et bien dans cette confusion à tomber amoureux. L'aveu m'étourdissait. Seulement c'était parfaitement ridicule et il n'y avait pas de quoi se vanter. Ma lucidité se chargeant de tout le sale boulot. Mon KO viendrait de l'intérieur sifflait la méchante petite voix. Toujours mon plus terrible ennemi debout sur pattes dans la vieille peau. Aucun effort à fournir, la bête de somme n'avait jamais pu lui refuser quoi que ce soit. Fussent les pires trahisons; Autres ignobles souffrances bien souvent imméritées. Je ne tirais pas la gueule, loin de là. Je semblais aussi à l'aise que n'importe qui. Qu'est-ce que tu deviens toi.?. Vint par exemple s'enquérir Potiné à mon sujet. C'est pépère... Je lui répondis. J'ai mon petit boulot maintenant.. Il fait beau.. La vie est belle.. Et toi?.. Je lui demandais.. On est en plein boum cet été.. J'en suis à rêver que ça se calme un peu.. C'est incroyable non?.. Tu sais.. Il faut pas croire.. J'ai l'air comme ça.. Mais il y a pas que le pognon dans la vie.. Attends!!.. Je rêve là ou quoi.. prend moi autre chose que ton café nom d'une.. Allez.. Tu me fais de la peine.. J'aime pas ça.. Et voilà. A un autre j'aurais poliment refusé. Seulement devant Potiné on ne pouvait que se rendre. A aucun moment dans une conversation avec lui il ne subsistait la plus petite chance de le contrarier, et c'est ainsi que je me retrouvais avec un apéro à la main. Oh.. lâche moi cinq minutes.. Il s'exclama quand Salvador tenta de lui verser je ne sais quoi dans le cou. Cela devait être un bout de glaçon. Ah.. Enfin tu me fais plaisir.. A la tienne.. Il fit en me voyant lever l'apéro. Apparemment content il se retourna et m'oublia aussitôt. Ce qui me permit de reposer l'apéro sur le comptoir sans craindre une nouvelle câlinerie de sa part qui aurait pu me tuer. Oh v'la l'autre.;. Lança Robert en m'apercevant depuis l'entrée. Il y a toujours un autre qui quelque part attend... je répliquais. Propos qu'il sembla soupeser attentivement. T'as raison.. Il conclut en se tenant le menton. Alors mon ami.. Comment ça se passe pour toi.. Tu t'installes.. Je m'enquis assez heureux de cette nouvelle tête qui ne venait pas empiéter sur mes tourments. En dehors de cet endroit;. Il y a pas grand chose dans le coin;. C'est un peu mort... Non?.. Je te le fais pas dire.. Je répondais. Mais te plains pas;.. c'est ce que tu voulais ou je me trompe;.. Nous partîmes ainsi dans des considérations de cette importance. Puis au fil des idées il voulut savoir si j'étais pêcheur et je faillis répondre oui. Pour mon bonheur il continua sa phrase et j'eus le temps de me dire que la pêche pour moi c'était complètement fini. Alors t'es pêcheur ou t'es pas pêcheur.. Il insista. Je voudrais pas te décevoir.. Mais la seule fois où j'ai essayé je devais quinze ou seize ans et ça ne m'a pas donné envie de recommencer.. Ah bon.. Il soupira. Dommage;. C'est bien dommage.. Mais tu fais quoi alors de tes journées.. Il sembla s'inquiéter. Je reniflais tristement. Fixais brièvement le plafond en me disant que l'âme de Raymond ne m'en voudrait pas. Je le voyais se marrer plutôt. N'était-il pas un jeune mort après tout. Et plutôt coquin. Je me souvins confus que je n'étais jamais retourné sur sa tombe après l'enterrement qui ressemblait à une petite réunion entre amis. Monique que je n'avais revu que deux fois malgré mes promesses. Je me jurais de remédier à autant d'indifférence dès le lendemain. Tout le matériel de Raymond pourrissait chez moi dans un coin. Les cannes comme de beaux roseaux secs rongés de poussière. Je me voyais mal les reprendre sur une épaule et m'en aller suivre Robert le long de la rivière. Je n'avais jamais été pêcheur de ma vie. Seulement le copain de Raymond, et comme il pêchait je m'y étais mis avec un enthousiasme qui l'a suivi dans la tombe, mort et enterré avec lui. Robert parle trop à mon goût pour que je parvienne à le supporter dans les mêmes sous bois qui nous menaient à nos jolies coins de pêche. Je ronchonnerais sur ses traces. Il gâcherait tout avec ses façons franches qui ne laissent aucune place au triste repentir de l'âme. Il ne connaît rien aux joies du silence. C'est un brave garçon certes. Mais il y en a trop comme lui sur terre. Puis surtout je commence à me sentir très vieux et fatigué. Plus le goût ni la force de remettre une nouvelle amitié au feu. Je cuis dans mes contradictions et moins j'en dirais meilleures seront mes nuits. Ah.. C'est dommage.. Il parait que c'est plein de truites par ici. Tu veux pas essayer.. C'est sûr;.. Je me tus et il lui parut opportun de découvrir si j'étais marié ou peut-être avec une femme. Non.. Je fis sobrement. Mais alors tu fais quoi dans tes journées?.. Ouih..o'f... je regarde passer le temps.. J'imagine;.. Il s'assombrit avec une pareille réponse qu'il prît pour une énigme. Pourquoi pas.;. Conclut-il peu convaincu et nous restâmes silencieux un moment avant qu'il entreprenne de se mêler à la conversation de la bande à Potiné...

     

     


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