• Elle baissa les yeux et engloutit péniblement sa salive. J'ai toujours vécu ici. Alors raconter ma vie c'est vite fait. Telle que vous me voyez aujourd'hui vous m'auriez vu il y a dix ans ou même vingt. J'avais l'air plus jeune c'est tout. Bon. C'est bien beau les confidences. Mais c'est pas tout non plus, et c‘est pas ça qui va faire avancer le travail. Il va nous falloir rattraper le retard de ce matin. Mon Cher Ami.. Alors voilà, j'ai ramené les dossiers des activités d'été de ces cinq dernières années. Ici dans le classeur rouge vous trouverez tout ce qui concerne directement la commune. Ce sont des accueils collectifs sous la responsabilité de monsieur Martinez. Le directeur de l'auberge de jeunesse. Vous serez amené à le rencontrer plus souvent A l‘Avenir. . Néanmoins je peux déjà vous affirmer que c'est un homme admirable. Très compétent. Mais aussi particulièrement pointilleux. Je préfère quand même vous avertir.. Il ne supporte pas le travail bâclé et encore moins les rendez vous ratés. Vous me comprenez... N'est ce pas.. La vache. Elle venait de me mettre un coup au moral. Me ramenant dix ans en arrière avec ses âneries et surtout la façon qu'elle avait de me les sortir. Responsable et professionnelle sans états d‘âme. Sauf que j'étais déjà mort, étouffé de toute cette merde que mes contemporains m'ont enfoncé dans le gosier parce que j'étais assez con pour le leur offrir grand ouvert. De Ma Propre Volonté.. Maggy ignorait cette réalité brute qui lui faisait face. J'étais mort à petit feu durant toute ma vie et au point où j'en étais je pouvais très bien terminer cette belle carrière en crevant de faim dans la masure qui m'abritait. Cela n'avait plus aucune importance. Ou quasiment. J'étais venu l'attendre à cet endroit avec une seule idée en tête. Préparer le terrain du déchaînement sexuel auquel je comptais bien nous voir nous livrer dans Les Plus Brefs Délais. Tous les deux. J'avais même rien prévu d'autre en cas d'échec. Allons-y pour les dossiers. Je fis. Souriant et plein de vigueur et de bonne volonté. Ajoutant silencieusement qu'elle pouvait tout autant se les carrer dans le cul. En attendant Autre chose.. Sans se faire prier et à moitié perdue dans son trouble elle ouvrit un des gros classeurs et j'en profitais aussitôt pour laisser traîner dessous ma main gauche.. Tout près de la sienne. A quelques centimètres à peine. Ah... Qu'est-ce que j'ai ouvert comme classeur. Le bleu. C'est vrai. Les camps extérieurs pour lesquels nous sommes prestataires de service uniquement. Alors commençons par les scouts puisqu'on y est après tout... Je l'écoutais à peine. Mes doigts se rapprochaient imperceptiblement des siens à l'abri du carton. Sous la table mon genou la frôlait et je devinai presque la douceur confondante du cuir qui lui recouvrait la peau. Mais je sentais qu'elle restait prête à se braquer à la première occasion. Se servant aussi de mon malencontreux lapin de la matinée comme d'un bouclier, prête à tout moment à se bétonner dans ses vieux réflexes et la mélancholie, une attitude toute Responsable et Professionnelle. Ce qui ne l'empêchait pas de mouiller et j'étais assez prêt pour renifler son activité corporelle. Il n'y avait aucun doute là dessus, cette senteur légèrement aigre et sucrée provenait en droite ligne de son entrejambes et du milieu humide de ses seins, de ce cuir trempé et tâché. Elle mouillait comme une grosse cochonne pour la simple et bonne raison qu'elle était un être humain normal qui m'avait rejoint en sachant parfaitement ce qui se tramait entre nous deux. Quand à moi je préférais mille fois me sentir vivant dans cette aventure que d'écouter ses fadaises sur les scouts par exemple. J'avais gâché ma vie pour moins que ça et il n'était pas question de ramollir avec l'âge. C'est pas gagné d'avance. Je pensais tout de même en l'observant s'enfermer dans ses vieux réflexes. Heureusement le téléphone sonna et vint me distraire de mes sombres interrogations... Re salut David. Je fis. Il me demanda aussitôt des nouvelles de Raymond non sans s'être excusé de son attitude précédente. J'avais compris. Ne t'inquiètes pas. Tenais-je à le rassurer. Raymond doit toujours se trouver dans le coma à cette heure. Sa femme m'a assuré qu'il allaient le ramener à la conscience dans la soirée. Je compte me retrouver près de lui. Elle va pas très bien de son côté.. (je claquais innocemment la langue pour lui faire entendre mon embarras..) Si ta proposition tient toujours.. Je serais heureux que tu puisses m'accompagner. Bien sûr.. Bien sûr.. Il fit. Je cherche seulement à me rappeler ce que je dois faire dans la soirée. Écoute. Il poursuivit. Si cela pouvait attendre six heures. Ce serait parfait. Qu'est-ce que tu en dis. Ca me va. Je lui répondais. On sera exactement dans les temps. Je te remercie. Il me vint l'envie d'ajouter que je ne me sentais pas de taille tout seul, face à autant de souffrance. Je ne parle pas de Raymond. Mais de sa femme. Monique... J'avais compris. Il conclut. Mais je te rassure. Nul n'est jamais à l'aise dans ce genre de situation. Tu peux me rejoindre aux Champions. Ce serait le mieux. Ok. Ca me va. Alors à tout à l'heure et te fais pas trop de mouron. Ca ira. Merci David. Je lui dis en raccrochant et durant une minute ou deux j'oubliais complètement Maggy. Je gardais les mains croisées sur la table. L'esprit perdu et ailleurs dans des pays où la vie et la mort se côtoient comme de bons vieux copains toujours prêts à s'engueuler sans que ça prête à conséquences. Tout devenait tellement dérisoire et ma propre mort en ligne de mire ne parvenait à m'effrayer. Je me demanderais jusqu'à mon dernier souffle si cette affaire personnelle sur Terre valait vraiment le coup. Sûrement. je me dis. Pensant que je me souviendrais non pas de mes souffrances et des mois d'hiver terré dans le brouillard de la montagne, mais des cuisses de Maggy dans son pantalon de cuir moulant. Du sexe humide Et Très Souple de Danielle. De la table de ferme trônant au milieu de la grande pièce chez la bergère du plateau. Du sourire amical de David si par chance il se trouvait toujours dans le secteur et suffisamment proche pour compter dans une pareille épreuve. Je n'étais pas un cochon objectivement. Je bandais comme un âne cinq minutes plus tôt et j‘étais parfaitement disposé à remettre ça d‘une seconde à l‘autre. Mais cela n'avait rien à voir avec ma vraie nature qui est d‘être mort et de ne plus penser à rien.. De ne Jamais Emmerder Personne;.. Mon seul problème dans la vie était que je me sentais très remuant à nouveau. Que cette vie nouvelle réclame des preuves qui me dépassent trop souvent. Terribles et Charnelles... Concrètes... Sans se soucier si j'ai la forme pour ça, dispose d'assez de forces, D'Équilibre Intérieur.. où si tout simplement j'en ai envie. Je risquais même de trouver ces choses un peu fatigantes si ce n'est répugnantes après des années merveilleusement désincarnées. Tout aussi sublimes à leur manière. Mais je ne peux plus passer à côté. A moins de mourir une bonne fois pour toute, et de me volatiliser... Mon problème avec la vie ne me lâchera jamais. Je n'ai pas la chance d'être devenu sage à temps complet. La sagesse à temps partiel me réclame déjà tant d'énergie. Ne m'en demandez pas plus mon Dieu. Je Suis à la Limite de mes Possibilités. Je gardais encore les yeux fermés en songeant à une masse de détails tournant pour la plupart autour de la mort et du sexe. Du travail et de l'argent. Les contingences terrestres. De toutes les humiliations qui accompagnent l'agitation.. De l'impératif besoin de mesurer la réalité de cette vie. De la marge infime séparant la vie et la mort. De la dérision du sujet quand il ne nous concerne encore qu'indirectement. De l'ignoble bonheur accordé par le moindre répit. Puis aussi d'une multitude d'autres sentiments tous aussi vicieux et propres à charcuter l'esprit et le mettre en pièces. Bref de la merde qu'est cette putain de vie que jusqu'à preuve du contraire nul ici bas n'a réussi à expliquer. J'aurais pu aussi m'endormir debout tellement mes inextricables visions m'accaparaient. D'autant que c'était un état plutôt habituel en ce qui me concerne et dans lequel je ne me sens pas si mal. Comme baignant dans un nuage. La Vision Les Yeux Ouverts se révélant si décevante, pourquoi ne pas se satisfaire de La Vision Les Yeux Fermés. Définitivement.. Je ne me décidais à changer de sujet qu'en découvrant les mains de Maggy sur les miennes que je n'avais toujours pas décroisés. Je ne me décoinçais qu'à partir du moment où je ressentis le frôlement de ses genoux sous la table. L'affaire se présente plutôt bien. Je pensais. Aussitôt ragaillardi. Surpris de me retrouver vivant à cent pour cent et avec une trique d'enfer. Je ne vais pas pouvoir rester très longtemps. Elle me fit en passant ses Doigts Tremblants sur mes joues. Tu m'as l'air si fragile. Elle murmura. Mais j'aimerai te revoir bientôt. Je te rappellerai dans la soirée si tu veux. Non.. plutôt demain.. Tu seras occupé ce soir si j'ai bien compris...


    votre commentaire
  • Le cœur pincé mais troublé à l'idée de me retrouver avec la Femme de Raymond sur les bras, seul à l'instant où mon pote passerait l'arme à gauche, je reconsidérais soudain la proposition de David qui la veille souhaitait vivement m'accompagner. Je n'attendis pas une seconde pour chercher à le joindre. Cependant et malgré qu'il décrocha il ne put me répondre que dans une sorte de langage succin me faisant comprendre que le moment était mal choisi. Je te rappelle dès que je peux. Fit-il d'une voix basse et très douce comme s'il craignait d'affecter quelqu'un se trouvant à proximité immédiate. Sacré boulot. Je me dis en songeant à toutes les simagrées auquel il lui fallait se livrer. Mais je n'eus guère le loisir de m'appesantir sur de telles images. Maggy apparaissant en haut de l'escalier pour me couper l‘envie de réfléchir plus longtemps. Je ne l'avais pas imaginé fringuée de cette façon. D'un pantalon de cuir et d'une veste noire qui la changeaient du tout au tout. Une pensée me traversa l'esprit. J'étais un sacré veinard mine de rien. Je me levais à moitié pour l'accueillir. Me fendant d'un sourire qui avait directement à voir avec son pantalon en cuir lui dessinant l'entrecuisses et le chemisier gonflé d'une chair odorante où que j'imaginais telle. Elle se contenta de me tendre sa main libre gardant l'autre ostensiblement encombrée d'imposants classeurs qu'elle déposa ensuite sur la moitié de la table. Bon. Nous y voilà enfin. Elle fit. D'une voix claire et sans nuance particulière, du même tonneau que celle utilisée dans la plupart des bureaux dans le monde. Vous prendrez bien quelque chose. Avant de passer aux affaires sérieuses. Bien sûr. Je tentais sans me départir de mon demi sourire. Elle rumina. OuaiH.. Après tout. On en est plus à cinq minutes près. Je prendrais bien un thé.. Ce sera un Plaisir pour moi de vous l‘offrir.. Madame.. Je lui répondais en me levant. Je la retrouvais peu après le regard perdu au sommet des montagnes. C'est beau n'est-ce pas. Je fis. Me gardant de me montrer trop mielleux. Elle soupira. Je les ai pourtant vu toute ma vie, mais j'en arrive encore à être étonnée de les retrouver aussi belles chaque jour. Merci. Elle ajouta pour le thé que je déposais délicatement sur la table. Elle le sucra et le porta lentement à ses lèvres. Je me demandais jusqu'à quel point elle pouvait être consciente de ce qui me trottait à l'esprit. Vous faisiez quoi avant de venir vous installer par ici?.. Elle me demanda. Je la fixai profondément bien décidé à profiter de la perche qu'elle venait de me tendre pour commencer à lui parler de mon cas. Je vais être honnête avec vous. Je soufflais. Je ne me souviens de rien d'intéressant.. J'ai vite mal au crâne rien que d'y penser. J'ai à peine le souvenir de m'être réveillé un matin en bas de cette montagne. Sinon c'est flou.. Pour tout ce qui était avant.. Terriblement flou.. Elle pinça ses lèvres d'une manière qui signifiait que je pouvais continuer sur cette voie si je le sentais mais que c'était encore loin d'être gagné. Vous voulez me jouer le coup de l'étranger ténébreux là ou quoi... Je tournais la tête vers la baie vitrée. Soufflant doucement comme un homme qui va se plaindre à haute voix. Ma vie ne fut pas glorieuse pour un sou. Pour tout vous dire. J'ai souvent l'impression de m'être trompé de peau à la naissance. J'ai sauté dans la mauvaise, et je suis à peu près sûr de ça. Oui. Je crois que la femme qui m'a porté s'était elle même fait avoir par mon père, roulé dans la farine comme il faut.. ce fut une erreur grave et définitive avant même que ça commence, vous comprenez. Elle aurait mieux fait de s'abstenir dès le départ ou au moins;... accepter que le droit à la vengeance se trouve inscrit dans les gènes pour s‘être fait avoir comme ça. Elle ne méritait pas la vie misérable qu'elle connut par la suite et encore moins pour ce boulot de mère porteuse.. Je ne lui en ai jamais voulu puisqu'elle n'y était pour rien. J'ai simplement toujours pensé que c'était pas la bonne et que n‘importe qui, même la voisine, aurait mieux fait l‘affaire. Par contre elle était pas mal physiquement. Pas mal du tout. Un peu comme vous.. Si vous permettez que je me serve de votre charme à titre de comparaison. C'est d'ailleurs la seule chose positive que je retiens si je regarde en arrière. Seulement j'ai pas compris alors que ce ne serait pas elle que je devrais aimer plus tard à l'âge adulte. Elle appartenait déjà à un autre que je n'ai jamais beaucoup apprécié. Pour moi ce fut une sorte de drame quoique j'étais gamin. Cette idée que ça ne collerait pas entre la vie et moi. A cause de tout ça.. M'est venue très tôt.. J'aurais pu me battre et surmonter. Il n'en fut rien. Je me laissais accabler sans comprendre ce que ça voulait dire. Puis quand j'ai réalisé mon erreur il était trop tard. Forcément.. Je m'étais noyé dans son ventre et selon les lois de la nature. Avant même d'être Né.. J'étais fait.. Comme un rat. Tout est parti de là, et aujourd'hui vous me retrouvez dans cette vallée magique. Assis devant vous à raconter ma vie. Je quittais la vue des montagnes pour me tourner vers elle. Je vous ai pratiquement tout avoué à présent. J‘aimerai en savoir autant sur vous...


    votre commentaire
  •  

    Je parvenais un peu avant elle à la cafétéria du petit supermarché que je connaissais bien. Un endroit parfaitement représentatif de notre vallée sans l'ombre d'une frénésie. Je me fis servir un café au comptoir et pris l'escalier pour accéder à l'étage déserté à cette heure. Une longue baie vitrée s'ouvrait sur les montagnes éclaircies par le ciel clément avec toutefois quelques gentils nuages persistants sur les sommets. Mais ils n'étaient là que pour apporter une touche harmonieuse au tableau et qui en douterait. Je m'accordais quelques minutes de paix et de patience absolue pour sucrer et déguster mon café. Le monde de toute manière ne changera pas son rythme inaltérable parce que je rencontre des problèmes. Alors autant prendre le temps comme j‘en ai envie. Calme et patient dans la mesure de mes possibilités. Mon esprit admire puis se perd dans la majesté et la beauté des montagnes que je vois s'élever comme une suite de reliefs qui semblent conçus pour agripper l'âme et l'élever graduellement vers la perfection du ciel sans obstacles. Des sommets les plus bas aux plus hauts couverts de neige en arrière plan. Une telle disposition ne peut être le fruit du hasard. Je me dis. A moins que l'œil et l'esprit humain n'aient eux mêmes inventés la beauté à partir des éléments Pris Tels Qu'Ils Sont.. Dans le seul but de chasser la laideur inacceptable qu'ils observent effarés et vomissant les uns chez les autres. Ouaih.. Je fais à haute voix malgré que je sois seul(où j'en profitais justement..). C'est beau à pleurer et totalement gratuit. C'est bien le comble. D'ici à ce qu'un jour de gros malins ne viennent nous coller une taxe sur les montagnes et la mer sous prétexte que ça fait du tord au commerce qui lui paye des redevances et investit pour notre bonheur.. Il faut s'attendre à tout.. Je termine sur cette réflexion mon café, très bon d'ailleurs, et manque une fois de plus de me retrouver en colère avec toute ma race. Si je pouvais oublier cinq minutes la laideur des foules et me concentrer sur Les Vrais Êtres humains.. qu‘il me suffit de tendre le bras pour toucher. Je rumine. Ce qui me ramène à Raymond et je sors mon téléphone sans attendre. Monique. Je fais dès qu'elle décroche. Oui.. Ah, c'est toi.. J'allais t'appeler justement. Alors comment ça se passe. Je reprend aussitôt. Elle s'astreignait à retenir ses larmes, m'amenant à la remercier intérieurement. Ils vont le réveiller dans la soirée. Elle s'efforça de m'annoncer. Malgré que ses muscles exténués l'obligent à haleter au moindre effort. Si tu veux venir.. J'entendis se glissant hors de l'écouteur. Comme une plainte ignoble. Je me mordis les lèvres en me demandant sincèrement ce que je pouvais faire de mieux. Elle était visiblement à bout. J'ai un rendez vous important cet après midi. J'ai tenté de l'annuler.. Mais ça pose apparemment trop de problèmes. Non.. Non.. Fais ton travail. Elle murmura faiblement. Je sais comme tu as eu du mal à le trouver.. Ne fais pas de bêtises. Ca ne servirait à rien.. Je t'en prie. S'il te plait Monique. Arrête. Je l'implorai aussitôt et je n‘en pouvais plus de le faire. Je serais là en fin de soirée. Les toubibs sont sûrs de le rendre conscient au moins.. La questionnais-je encore comme si je n‘y croyais pas tout à fait.. Oui.. Je crois que oui.. Ils ont l'air de bien savoir ce qu'ils font. Je partirais d'ici vers les cinq six heures.. Je vais me débrouiller pour tout bâcler au plus vite.. Et il me faudra à peu près une heure et demi pour arriver et le temps que je trouve l'hôpital aussi. Pour huit heures au plus tard je devrais être là. Je lui affirmai en me pinçant la bouche. Essaie de te reposer un peu. Je tentais une dernière fois en devinant les sanglots retenus au bord des lèvres. Moi c'est ma honte que je ravalai en raccrochant. Mon indifférence. Mon inhumanité. Ma couardise.. De me retrouver seul avec Monique.. M'imaginant les bras qui m'en tomberaient et sans la moindre idée de ce qu'il faudrait que je fasse ou même seulement dire.. Parce que rien dans ma vie et de ce que j'ai appris ne m'a préparé à ça. Je viens d'une génération plus folle que toutes celles qui l'ont précédé. Une couche spéciale de l'humanité qui a tout oublié des règles naturelles régissant la vie et la mort des petits hommes. Qui ne connaît pas plus les saisons de la vie que la nature qui mélange allègrement l'hiver et l'été depuis quelques années. Qui a certainement perdu la mémoire. Autant qu'un certain nombre de règles Indispensables que ceux qui étaient là avant n'omettaient jamais de se transmettre de père en fils et le plus rapidement possible. N'hésitant pas à servir eux mêmes d'exemple. Afin qu'il ne soit jamais trop tard. Une drôle de population se croyant autorisée à recommencer L'Existence environ tous les dix ans. Pour son seul plaisir mais si possible avec une bonne pension et les doigts dans le nez. Ce qui est tout de même nettement plus Ludique dans l‘amertume allègre inventée de toutes pièces pour donner le change si jamais certains voudraient remettre en cause le consensus. N‘est-il maintenant de notoriété publique que Nous Ne Vivons Qu‘une Fois.. . Quand une idée Aussi Forte passa dans le domaine public ce fut une sorte de révolution touchant l'ensemble du petit monde occidental. Rencontrant un succès tel qu'il faut désormais s'attendre à tout. D'ailleurs je ne vais pas me déguiser en noir pour la mort de mon ami, costume, cravate, et tout le cinoche. Où alors sans le faire exprès et là on pourra vraiment penser que je ressemble à un clown. J'éprouvais une peine sincère pour Raymond. Mais je calais avec Monique et ne savais quoi faire de son authentique souffrance. Obligé de constater qu'elle n'avait même pas la chance de s'endormir dès à présent pour l'éternité et se reposer d'une vie dont je ne savais pas grand chose. Faute de quoi je me serais bien laissé aller à la qualifier de Vie de Merde. Mais quand je m'exprime ainsi je prends un peu mon cas personnel pour une généralité et il convient de relativiser aussi...


    votre commentaire
  • Je fus réveillé tard dans la journée par une de ces merveilles techniques de ma civilisation. Cet abruti de téléphone qui sonna et re-sonna jusqu'à me faire regretter de ne pas vivre sans eau ni électricité. Ouaih. Je fis d'une voix empâtée après pas mal d'efforts pour le localiser. Alors.. Dites moi Cher Monsieur.. Vous avez oublié notre rendez-vous ce matin. Elle me fit. Cela fait une heure que nous vous attendons. Je vous signale. Mmmh.. Lâchais-je en m'avisant que j'avais sauté la préparation de mon café. Machinalement je réfléchissais et remettais de l'ordre dans mon esprit. J'aurais du me morfondre de m'être ainsi laissé retomber dans mes pires travers. Il n'en fut rien. Loin de me ronger les sangs je me surpris à franchement ironiser. Un sourire m'illumina comme une large cicatrice qui serait la conséquence d'un coup de hache manqué du bourreau. D'ailleurs c'est à lui que la tête fût coupée sous les huées de la foule qui ne lui pardonna jamais son échec. Ce qui par conséquence me valut d'être gracié en vertu d'une coutume ancestrale qui voulait y voir la main de Dieu. Alors.. Qu'est-ce qui vous arrive;. Vous êtes devenu muet ou quoi...Vous ne vous rendez pas compte que nous étions trois à vous attendre. J'avais convoqué le responsable de l'auberge de jeunesse comme prévu.. Mais on dirait que vous avez tout oublié ma parole.. Non ma petite dame aux jolies cuisses que j'espère fortement Lécher Un de ces Jours.. En long et en travers. Je ne suis pas devenu muet et loin de là. Seulement vous me tombez dessus le jour où je viens juste de ressusciter et que voulez vous que je vous dise... Bon. Je repris Plus Modestement en m'adressant à Elle à voix haute pendant que je retrouvais ma place sur le vieux fauteuil de velours. Déjà conscient que brûler les étapes avant que je ne n'ai pu encore la mettre A Ma Main tenait du suicide. Qu'est-ce que je peux faire Maintenant... Je suis tout près à me faire pardonner. Tenez.. Je continuais en m‘étirant les quatre membres, ce qui m'obligeait à jongler avec le téléphone. Si vous disposez d'une petite heure cette après midi. Je ne demande qu'à vous inviter à prendre le café.. En tout bien tout honneur.. Je me dépêchai d'ajouter. (M'efforçant d'éclaircir ma voix..)Et histoire de remédier à ce petit manquement. (Elle me sembla grogner..) Je me sens de taille à mettre les bouchées doubles... Faites moi confiance;. J'ajoutai. Persuadé d'un coup de tout ce que je disais. Puis je me mis à espérer qu'elle ne tarde pas trop à me donner son avis. Je mourrais de faim et rêvais seulement de me retrouver avec ma grande tasse de café noir à la main dans l'embrasure de ma porte face aux montagnes éternelles dorées du beau soleil que je découvrais dans une fenêtre de la cuisine au volet resté ouvert. Je l'entendais se racler la gorge ce qui en soit n'était pas une réponse mais m'en disait long sur le sérieux dilemme qu'il lui fallait affronter. Le blanc dans la conversation s‘allongeait anormalement. Personnellement je pensais. Quoi qu'il arrive après tout. Est-ce si important?.. Comment s'appelle-t-elle déjà. Je savais son nom bien sûr. Mais Il me fallait son prénom. Par Principe. Maggy Je fis dès qu'il voulut bien me revenir. Oh.. Gémit-elle enfin. Je me passais une main dans le slip exactement dans l'idée d'accomplir un rite magique. Associant évidemment Maggy à celui-ci. Une excellente initiative je dois dire si je m‘en tiens au résultat qui ne se fit pas attendre Aux Deux Extrémités de la ligne.. . Euh.. Ouuii.. après tout, pourquoi pas.. Elle gloussa en essayant de me faire croire qu'elle goûtait la plaisanterie à la condition expresse que je comprenne bien qu'il s'agissait d'une plaisanterie sans que je me monte la tête en imaginant autre chose. Qu'aurait-elle pensé alors du fait que je me massais grassement la queue et je savais mieux qu'elle ce que cela signifiait. Elle tint néanmoins à reprendre l'initiative comme si un doute venait de l'effleurer Je vous propose qu'on se rencontre à la buvette du supermarché. Qu'en dites-vous. Je ramènerai mes dossiers et on verra ce qu'on peut faire pour rattraper le temps perdu. Il y a tout de même cet article à finir pour le bulletin et que j'espère bien envoyer dans les temps aux anglais. Ils veulent organiser des séjours collectifs.. Nous sommes très sollicités vous savez.. Nous ne pouvons pas Décevoir. Vous comprenez.. Etc.. etc.. Nous n'étions plus à armes égales. J'en avais Rien à Foutre de Ses Conneries.. Je m'en Tapais complètement.. Et je Cherchais Seulement un Endroit Tranquille pour Apporter à sa Connaissance l'Envie que j'avais de la Tringler. Parce que Tout ne peut Recommencer que Là où Tout a Commencé.. Entre Deux Belles Paires de Cuisses.. Pareilles aux Miennes .. Comme Aux Siennes.. Je me disais remettant cette histoire dans son contexte, debout dans l'embrasure de ma porte avec mon café extraordinairement noir à la main. Je considérais n'avoir plus rien à perdre et Tout A Gagner. Pour Ma Vie Éternelle qui venait de débuter ce matin même et ne s'achèverait plus à la tombée de la nuit comme depuis des années, mais à la seconde où je rendrais mon ultime soupir. J'avais encore le temps. Devant moi le soleil éblouissant. Les montagnes. La journée qui s'annonçait. Rien que de sublimes preuves que le créateur n'est pas toujours aussi malintentionné que je m'acharne parfois à le dire. Il n'est que cruel et imparfait. A l'image de ses pauvres créatures. A-t-il si honte aussi de ses oeuvres qu'il se planque à ce point alors que des multitudes implorent le plus petit signe et sont même prêts à gober ses excréments. Ce qui, maintenant que j'y réfléchis est certainement déjà arrivé à quelque fameuses reprises au cours de l'histoire. Oui. Il y a de fortes chances si on s'en tient aux conneries qui se colportent depuis Les Faits, de générations en générations dans les déserts les plus misérables; Je concluais un peu plus tard en laissant couler la douche dans laquelle j‘atterrissais en pilotage automatique. Cette idée ayant continué son chemin dans mon esprit quasiment toute seule. Sans Intervention Humaine..


    votre commentaire
  • La nuit entière se révéla trop courte pour tout ce que j'avais à régler dans ma tête. Je ne me couchais qu'aux aurores. Empli du sentiment toutefois d'avoir pas mal avancé. Il m'était venu l'idée de pousser mon vieux fauteuil sur le perron de la maisonnette. L'air me sembla frais et passablement humide. Mais je compensais en me couvrant d'un sac de couchage épais qui habituellement me servait déjà de couverture. Il faisait nuit bien sûr et je ne distinguai Rien de Réel au delà de dix mètres. Malgré la Lune qui revenait de temps en temps entre les nuages. Mais ce n'était pas de cette nuit que je me réveillais comme si je venais de dormir cent ans. La nuit de la montagne n'avait rien de triste ou inquiétant. Le silence était magnifique mais loin d'être parfait sur le plan purement acoustique. Le moindre souffle de vent me revenait comme une suite de notes musicales chargées de m'aider à réfléchir et avancer dans ma nuit qui n'était pas celle qui assombrissait la montagne. J'entendais les craquements de la forêt et des cris d'animaux nocturnes. Des bruissements cristallins flottants dans ce noir naturel. Quel était le problème.. J'étais redevenu quelqu'un et déjà je craignais les regrets qui forcément allaient accompagner les années perdues. Mes étoiles mortes. Mais je voulais me montrer plus costaud que mon sort. Cette fâcheuse tendance à ruminer l'impossible il me faudra l'affronter ou alors c'est à ne plus rien y comprendre. Je renaissais de mes cendres doté d'une conscience plus claire que tout ce que j'avais rêvé, et je ne saurais tordre le cou aux vieux réflexes?.. Sûrement pas. Je me disais. Demain ressemblera absolument à la journée d'hier. Seulement demain je veux vivre pour de bon. Ici ou ailleurs n'a pas grande importance. Puisque je suis bien ici après tout.. Raymond m'offrait ou plutôt m'obligeait.. À réfléchir aux fondamentaux. La vie.. Et la vraie mort.. Celle où on s'étouffe et on pleurerait volontiers si ça donnait seulement une chance sur un milliard d'y changer quoi que ce soit. Seulement ce n'est plus du roman. Ou alors il est écrit et imprimé avec toutes les garanties officielles en grosses lettres. Et là plus moyen de remplacer une phrase par une dernière à laquelle on viendrait de penser à l‘instant même. Plus Percutante.; . L'effet de cette image est saisissant. Voici la seule et unique explication rationnelle du fameux courage des moribonds. Ils observent en détail la réalité et fixent le mystère dans toute son horreur. Sans pleurer puisqu'on a encore jamais vu quelqu'un pleurer pour rien et sans espoir. J'étais prêt à parier que Raymond n'y échapperait pas. La place qu'il m'offrait dans sa mort avait pu me paraître quelque peu exagérée. Je ne le connaissais que depuis trois ou quatre ans comme je m'en étais longuement expliqué avec David. Nous avions pêché et récolté quelques champignons après qu'il m'eut ramassé en stop un jour où il pleuvait à verses et le réservoir de ma bagnole était à sec. Combien de fois nous étions nous rencontrés en vérité. Pas tant que ça et qu'il le croit lui même. Heureusement David était passé par là pour me permettre d'entendre comme l'aspect uniquement comptable de notre amitié importait peu. Puisque pour lui dans ses souvenirs et au moment de partir, il me décrétait l'ami indispensable qui vient lui fermer les yeux donnant ainsi toute sa valeur à son existence et la clôturant. Demain je ne courrais pas plus vite dans la forêt. Pas plus que mon débit de paroles ne va se mettre à dérailler. A l'œil nu on n'y verra rien. C'est dans moi et mon secret silencieux que je pourrais contempler le nouveau fruit sacré que j'y fais pousser. A l'Abri des Regards Indiscrets. J'éprouvais le sentiment que je me devais d'écrire le bouquin qui me restait coincé dans la gorge. Que cela me plaise ou non je m'étais piégé tout seul. Je n'avais personne à qui reprocher ce qui m'était arrivé. Remplacer la maudite réalité par des sornettes en peau de lapin avait un prix parce que tout a un prix. Je voyais déjà ce beau romain d'aventures et de Légendes Urbaines. Pas un de mes potes n'y manquerait et pourquoi me fouler en allant chercher au loin ce que j'ai sous la main. N'est-ce Pas Ce que j'avais Toujours Fait.. Recyclant Inlassablement la Maudite Réalité.. Je ne risquais plus de changer à mon âge. Je pensais. Et ne m'avait-il affirmé que c'était Une Sacré Coquine dans sa jeunesse. Une chance pareille c'est pas fait pour tout le monde. Il faudrait que je sois fou pour refuser ça. Je n'allais pas cracher sur de pareils personnages tout de même. Raymond la Science et sa Coquine.. Voilà déjà un petit problème de réglé. Au moins je n'aurais pas perdu mon temps dans cette nuit non pas d'insomnie mais d'Éveil...


    votre commentaire